Chapitre 14

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Après quelques heures de trajet lourd sur lequel Marcus n'a pas ôté son regard de la route alors que je mettais les choses au clair, nous nous garons devant un joli petit hôtel, il possède sa piscine, et une baignoire dans notre chambre. Tout est parfait, mise à part le grand lit commun. Le couple de l'accueil nous à prit pour des amoureux. J'ignore pourquoi, je n'ai pas vraiment cherché à les en dissuader... Je crois que j'avais peur d'éveiller des soupçons, et qu'un lien soit créer pour nous disculper d'un soi disant enquête pour la ferme brulée. Après tout, une jeune femme seule s'est rendue dans ce village, et c'est deux personnes qui en sont sorties.

Je n'arrive pas à contrôler ma paranoïa !

Marcus s'est bien comporté, il a agi comme une personne normale, observant mes gestes, parlant de la même façon que moi, il se sentait fier car je souriais tout le temps... Je ne voulais pas le vexer mais il était ridicule. Trop rigide, trop nerveux, trop... comédien ! Cependant, il a fait de son mieux, et lorsque nous nous sommes arrêtés pour lui prendre quelques affaires à sa taille, personne n'a posé de questions, je pense qu'il est prit pour un attardé mental, d'où cette trop grande compassion à notre égard.

Marcus était tellement ému par ces simples choses achetées pour lui. Je le revois devant le miroir, le regard brillant, et mille mercis ont traversés ses lèvres... Ensuite, il a levé les yeux sur son reflet, reluquant son propre visage, son ventre après avoir relevé sa blouse. Et le chagrin apparu sur ses traits était déchirant... Mais, il a souri... Un sourire étrange, comme... Soulagé ?

Je suis là maintenant et il le sait, je vais prendre soin de lui, en espérant qu'il va très vite assimiler notre relation comme fraternelle.

Dans la chambre d'hôtel, Marcus disparaît dans la salle de bains, je l'entends rire et s'extasier pour ensuite cracher avec dégout. Je me précipite pour voir ce qui se passe, et j'éclate de rire en le voyant avec le savon emballé, il a voulu me manger ? J'avoue qu'aussi petit et si bien emballé, on peut confondre, mais l'odeur aurait dû le stopper. Son expression presque horrifiée me fait sourire, ça fait du bien.

- C'est dégoutant, se plaint-il sans oser remettre sa langue dans sa bouche.

- Pourquoi tu as voulu manger ça, c'est du savon. Tu ne t'es pas demandé pourquoi ça sent la fleur au lieu de... Je ne sais quoi ! Rince toi.

Je lui ouvre le robinet parce que le grand homme semble perplexe devant le lavabo. Celui-ci est pourtant le même que partout. Marcus me fixe sans bouger un moment, et le fin sourire savonneux qu'il m'offre efface la peine naissante pour son inexpérience face à tout ce qui est censé être banale pour le monde.

Il sourit, ça le change tellement, le rend insouciant et pourrait presque effacer cette peur continuelle dans son regard. Je vais faire en sorte qu'il fasse ça le reste de sa vie.

- Tu es vraiment très belle quand tu ris... Je mangerais des tonnes de savons pour voir ça encore, affirme-t-il.

Son compliment échauffe mon visage alors, pour cacher mon embarras, je tourne les talons et prépare son sac, acheté en même temps que ses vêtements. Comme ça, mon histoire du cousin sera crédible... Qui voyagerai sans quelques affaires ? Il me faut encore être sûre que Marcus comprenne bien notre situation. Que certaines choses doivent rester entre nous.

Notre crime.
Notre nuit ...

Nous sommes tous les deux victimes d'un pédophile couvert par sa profession d'homme de Dieu... Il était intouchable. Personne n'aurait imaginé quoi que ce soit venant d'un prêtre. Et puis... Nous l'avons tué. Peu importe nos raisons, la loi n'autorise pas ce genre de chose. Elle devrait ...

Rancoeur du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant