Le portrait

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Du bout de son fusain taillé au couteau il trace doucement, précisément presque tendrement, d'abord ses yeux, reflétant à merveille la couleur nacrée d'une âme pure. Sous les sous rayons d'une lumière tamisée il proportionne son corps aux courbes élégantes, noircissant la page, aux grains rugueux, d'une poudre veloutée qui rappelle à merveille la texture si chaude de sa peau mais qui tranchait avec son teint laiteux qu'il adorait. Sa craie improvisée dessine sa nuque envoûtante et sa chevelure mousseuse puis sa poitrine généreuse qui se soulève en harmonie complète avec sa respiration presque haletante dû au rougissement que les yeux de l'artiste, sur elle, éveillait. La course sensuelle de son morceau de charbon poursuivie et dessina sa taille marquée et ses hanches sensuelles pour aboutir à ses jambes fuselées . Seule et nue, elle posait pour cet artiste qui tangue d'amour, qui rougit à en perdre haleine mais qui se saoul à cette beauté que ses doigts experts représentent de leur mieux. Il signe, la main tremblante de désir, de passion mais surtout de timidité. Allait-elle aimer ce portait ?
    Charmée par la fébrilité et la dévotion de l'artiste, la jeune femme s'habille de cette veste de chambre en soie qui épouse son corps et glisse contre son cou puis d'un pas léger alla le rejoindre. De sa main toujours hésitante il lui tend le portrait. Elle en tombe dénue.
    Aveuglé par sa passion il l'avait sublimé, effaçant ses incertitudes par de jolies courbes il la fit se sentir belle, il la fit se sentir femme.

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