Hurleblast - Tome 1 : Le pouvoir des Meidhir

Chapitre 28

Leeroy sentit le métal froid lui serrer douloureusement les poignets. Mais cette douleur n'était rien en comparaison avec la panique qui le gagnait. Ils voulaient le tenir à l'écart du combat. Il allait voir Darius se sacrifier devant ses yeux et il ne pourrait rien faire pour empêcher cela.

Il criait, se débattait, tirait sur ses chaînes. Il voulait attirer l'attention de Darius, mais le Mariid était déjà loin sur le gaillard avant en compagnie du Roi. Les autres Mariids les avaient rejoints peu après. Seuls quelques Hommes et Selkies le regardaient avec incompréhension. Mais ils avaient beaucoup à faire pour maintenir le navire en pleine tempête.

Soudain, un horrible son retentit. Sa puissance recouvrait les bruits de la mer et du navire. C'était plus un grondement, plus fort que le tonner, suivi de cris semblables à des animaux égorgés.

Leeroy voulut se boucher les oreilles, mais ses mains étaient liées. Les gardes autour de lui fléchir sans pour autant relâcher leur vigilance. Le reste de l'équipage avait les mains sur le crâne dans un concert de plaintes.

Le son était horrible. Il n'était pas simplement déplaisant à entendre, il donnait également l'impression de s'engouffrer dans l'âme jusqu'à la tordre. Leeroy sentit que le bruit toucha quelque chose au plus profond de lui. Il comprit qu'il le sondait, tentait de révéler ses secrets. Il avait trouvé le pouvoir des Meidhir en lui.

Les cris d'animaux s'arrêtèrent aussi brusquement qu'ils étaient apparus. Le silence qui s'en suivit fut presque aussi dérangeant. Devant eux, les nuages n'avaient cessé de s'écarter pour laisser place à la brume verdâtre. À présent, Leeroy put mieux déceler l'ombre terrifiante qui s'en échappait.

Elle se dressait jusque très haut dans le ciel. Leeroy avait rarement vu des montagnes plus élevées. La créature devait être titanesque.

Le navire se rapprochait dangereusement, porté par les vents violents.

La créature était sur le point de percer le brouillard dense. Leeroy crut voir un œil jaune, semblable à celui des êtres qui grouillaient dans les abysses. Il avait peut-être rêvé, car la seconde d'après, Leeroy n'était plus sur le navire.

***

Il ne se souvenait pas de ce qui l'avait conduit jusqu'ici, mais Leeroy y était à l'aise. Il pouvait sentir le sable chaud sous ses pieds. Le ciel était d'un bleu brillant, aucun nuage à l'horizon. Il était protégé du soleil par deux imposants palmiers. Il avança d'un pas et mit sa main en visière. Devant lui, l'océan. L'eau était claire et scintillait sous les rayons du matin. Il était sur son île. Un endroit paisible, agréable, où il comptait bien finir ses jours dans le calme et l'opulence.

Partout où il regardait s'étendaient ses richesses. Des coffres remplis de pierres précieuses débordaient, des tissus onéreux recouvraient la plage d'étoffes bariolées. Derrière lui, son énorme demeure trônait, majestueuse, en briques ocre.

Il avait accompli tout ce dont il avait rêvé durant toute sa vie. Il était en sécurité, riche, dans un endroit où la nourriture ne manquerait jamais. Il sentait son estomac rempli des plus délicieux mets que la mer pouvait recéler.

Mais peut-être que quelque chose manquait ?

« Quelque chose manque ? »

Une douce voix résonnait à l'intérieur de lui. Il n'était pas effrayé.

« Qu'est-ce qu'il peut bien te manquer ? Tu as tout ce dont tu as toujours rêvé. »

Bien sûr. Il ne pouvait espérer plus. Si ce n'est...