Sherlock Holmes & John Watson - Les Vampires de Londres

T5 - Prologue

Il n'y a rien de plus douloureux sur terre qu'un fauteuil vide.

Cette phrase jailli spontanément dans l'esprit de Holmes par un beau matin de juillet, alors que la lumière du soleil éclaboussait paresseusement le salon de Baker Street, qui se trouvait dans un désordre tel qu'il n'en avait jamais encore vu.

Le détective venait de lire la petite pile de télégramme qui lui était quotidiennement adressés depuis les trois derniers mois. Il les avait soigneusement classées, avait rédigé les réponses nécessaires, et les avait faits envoyer.

Et maintenant ? Songea-t-il.

Oui, maintenant ? Maintenant quoi ?

Il se leva et s'appuya contre sa fenêtre. Les gens circulaient tranquillement dans la rue. Insouciants. Innocents de tout ce qui se jouait sous leur nez, inconscient des combats qu'il avait fallu mener et de tout le sang versé pour qu'ils puissent se promener, aujourd'hui, sous le soleil de Baker Street.

Holmes grogna et tira violemment les rideaux.

Si encore il avait eu une affaire, un problème à se mettre sous la dent... Quelque chose qui puisse le distraire de ses noires pensées...

Le plus dur, c'était qu'il s'était habitué à l'absence. Il le cherchait toujours des yeux sur une scène de crime, et ouvrait encore la bouche pour lui faire part d'une pensée farfelue ou d'un commentaire sur Lestrade – ça, toute une vie ne suffirait pas à l'effacer – mais il savait qu'il ne rencontrerait que le silence.

Il savait en se levant que Baker Street qu'il était seul. Qu'il prendrait son petit déjeuner seul. Qu'il résoudrait ses affaires seuls.

Encore plus seul qu'avant de le connaître. Parce qu'en ce temps-là, il ne connaissait pas autre chose.

Son regard tomba sur le flacon à moitié vide qui trônait sur le fatras de son bureau.

Il se saisit d'une seringue et, d'un geste précis, ajouta une nouvelle trace de piqûre au creux de son bras déjà moucheté.

Après tout, personne n'allait boire son sang après.

La drogue faisait effet. Enfin.

Il ferma les yeux, et laissa les tourbillons de la cocaïne l'emmener dans leurs rêves artificiels, où le soleil était bleu et le ciel d'un jaune éclatant, et où Watson riait à en perdre haleine, la tête rejetée en arrière.