ABDOURAHMANE
Je trouve la maman de Aïcha en train de regarder la télé avec Khadija.
-Gueye, yaye boye comment vous allez? Et toi Khadija ça va?
-Sall, Abdourahmane comment tu vas ? Et les parents ? Prends place ! me répondit-elle en me désignant un fauteuil.
Le sourire avec lequel elle m'accueillait avait été remplacé par un autre qu'elle semblait forcer.
-je vais bien dieukeur. Dégeu na say dialoré, yalna am dieukeur diou mel ni yaw (j'ai entendu tes prouesses. Je prie pour avoir un mari comme toi) plaisanta ma belle sœur.
Ce qui me gêna fort bien à cause de la présence de ma belle mère.
-je suppose que tu es venu chercher ta petite famille? Demanda t-elle sans attendre que je réponde.
Je forçais un sourire : oui…mais avant, j’aimerai parlé au vieux. Il est là ?
Avec une grande lassitude, sa maman qui avait fixé la télé depuis qu’elle m’avait demandé de m’assoir, se tourna vers sa fille.
-Khadija va chercher ton papa.
Cinq minutes plus tard, je le vis entrant dans le salon. Je me lèvais pour le saluer
-Ndiaye, papa Ndiaye. Et la santé ? J'espère que tout va bien?
-oui mon fils, ça va. Tu sais la vieillesse elle-même est une maladie mais sant Ya'Allah boubakh. Et ton épouse ? J'espère que tu t'occupes bien d'elle.
-oui elle va bien merci. Elle vous salue.
-alors dis moi qu'est ce qui t'amène ? Je pensais que tu étais en lune de miel avec ta femme ?
- papa je suis venu pour vous parler de Aïcha. Je suis....
Et avant que je ne termine ma phrase il me dit:
-je ne te coupe pas, excuse moi. Aminata, en se tournant vers sa femme, vas appeler ta fille.
Aïcha arrive et s'assois en face de moi et ne me salue même pas.
-AÏSSATA NDIAYE ! cria son père, tu ne salues pas ton époux ? Mais qu'est ce que c'est que ces manières ?
Elle se leva alors et vint me donner le bout de ses doigts pour me saluer puis retourna à sa place. Elle me regardait de haut, là en face de moi comme pour me défier.
Non ce n'est pas la même Aïcha qui, il y'a juste une semaine de cela, était la femme la plus douce au monde.
-vas y mon fils, je t'écoute continue.
-voilà papa, je reviens de la maison comme ça car je voulais voir les enfants et savoir s'ils allaient bien avec Aïcha. A ma grande surprise, le gardien me dit qu'elle est partie avec les enfants et ses bagages. La semaine passée quand je lui ai fait part de ma décision de prendre une seconde épouse, elle m'a dit que si jamais je me mariais elle quitterait la maison. Je lui ai bien signifié que si jamais elle sortait de la maison je n'irai pas la chercher et ce n'est pas ce que je suis venu faire. Elle peut retourner à la maison comme elle est venue ici, par elle-même. Je suis juste venu vous dire que je n'estime pas lui avoir donné de raison de quitter la maison et que je n'étais pas au courant qu'elle était partie.
Son papa se tourna alors vers elle et lui dit avec tout le calme qui pouvait être:
-Aïssata Ndiaye, ton mari ne te donne pas à manger ?
-....
-je te parle, Réponds moi cria son père.
-si
-ne t'a t-il pas mis dans une maison ? Ne remplit-il pas ses devoirs d'époux au lit ou ne te satisfait-il pas?
Oups, pa bi loumouy wakh ni tamit? (mais de quoi parle le vieux)
-tu manques de quelque chose ? enchaina t-il
-non
-alors pour quelle raison as-tu quitté ta maison ?
Elle resta un long moment silencieuse. Elle me regarde avec ce regard de dédain qu'elle a depuis quelques jours
-vous pensez que le fait de me mettre dans une maison, de me nourrir et de remplir ses devoirs au lit lui donne le droit de me faire subir ce qu'il veut? Cela lui donne t-il le droit de me tromper? Je ne veux plus rien savoir de lui. J'ai consacré ma vie à ce salaud et pendant que moi je me tuais à la maison il se la coulait douce avec une garce qu'il veut m'imposer. Plus jamais je ne le laisserai me toucher de la vie, il me répugne. Je le haie du plus profond de moi, fit-elle plus calme que jamais mais avec une telle haine que j'en ai eu des frissons.
Son père se leva et lui flanqua une gifle qui retentit encore à mes oreilles.
Pendant ce temps sa mère n'avait pas une seule fois levé la tête.
-douma deuk ak thiaga Aïssata Ndiaye (je ne vais pas vivre avec une pute). Ton mari a droit à quatre femmes et tu n'as pas ton mot à dire sur cela du moment où tu as accepté de signer polygamie avec lui-même si cela c’est des foutaises. Seuy ba deih lalla sant teih dinga ko def (tu vas mourir dans ton foyer. C'est ce que je t'ordonne de faire). Je veux que tu te lèves tout de suite et ailles prendre tes bagages et retournes dans la maison de ton époux. Je t'avais dit ce matin que tu ne passeras pas une nuit de plus ici. Lui dit son père qui se tourna vers sa mère.
-Aminata, vas aider ta dévergondée de fille qu'elle rassemble ses bagages.
Aïcha se leva comme elle l'avait fait quand je lui avais annoncé mon mariage.
Quiconque aurait reçu une gifle pareille aurait pleuré à en perdre le souffle, même un homme mais elle non. Elle ne pleurait pas.
Elle dit alors à son père:
-je suis chez mon père je n'irai nulle part. Si tu veux avoir ton mot à dire tu vas chez ton père à toi. Je ne bougerai pas d'un iota d'ici.
Elle me fit un long tchiiiip avant de retourner dans sa chambre. Sa maman avait les larmes aux yeux tandis que son père semblait ne pas croire à ce qu'il venait d'entendre. Même moi je n'y croyais pas. Elle avait été d'une telle froideur.
Ndékété djiguéne djiguéne rek mo mana guéné djikome ( seule une femme peut faire sortir le véritable caractère d'une autre femme).
Djiguéne djiguéne rek la ragal ( la femme n’a peur que de la femme).
-voilà Aminata. Tu n'a pas su éduquer ta fille comme il fallait. Tu ne lui a pas appris comment devais être une femme. Mais sois sûre d'une chose, si jamais elle ne retourne pas chez son mari ce soir même, vous allez toutes les deux sortir de ma maison.
Je pris congé le cœur lourd car je n'aimais pas l'atmosphère que j'avais laissé chez mes beaux parents. Mais par dessus tout, j'ai été vraiment surpris et déçu de la réaction de Aïcha. Je n'y comprenais rien. Aïcha, ma Aïcha si douce et docile. Celle qui n'a jamais levé la tête pour me regarder et qui aujourd'hui me sort un visage que je ne lui avais jamais imaginé.
Et tout le long du trajet je pensais jusqu'à ma rencontre avec elle. Ce jour où je suis allé voir mon ami Ibou chez lui. Quand je suis entré je l'ai trouvé en train de discuter avec la femme de mon ami. Elle m'a tout de suite attiré. C'est ainsi que quelque temps après j'ai demandé à ce que Ibou me la présente. Elle m'a par la suite invité chez elle et m'a dit que si j'étais là pour jouer ce n'était pas la peine que je revienne.
Et non je n'étais pas là pour jouer. Je voulais qu'elle soit ma femme parce qu'elle était douce, pieuse, timide. Et surtout parce que Ibou et sa femme m'avaient dit beaucoup de bien d'elle. C'est ainsi que quelque temps après j'ai décidé de la demander en mariage.
Nous nous sommes mariés. Elle a su me contenir et supporter mon mauvais caractère. Elle a su composer avec ma famille. En 6 ans de mariage, elle n'est jamais allée à l'encontre de mes dires. Elle n'a jamais levé la voix devant moi et quelque fois même je m'en voulais de m'emporter aussi facilement avec elle. J'étais vraiment satisfaite d'elle et le fait que j'ai pris une deuxième femme n'y change rien. Si j'ai épousé Mossane c'est que je voulais d'elle aussi dans ma vie teih beugouma tiakhane (je n’aime pas les batifolages)
Et là tout part en couille....
Je ne comprends plus rien. Je suis désemparé. Je n'imaginais pas que mon mariage avec Mossane allait faire sortir ses griffes, non que dis-je, ses dents de loups à Aïcha.
Et en parlant de Mossane je lui avait promis que je n'allais pas durer. Je vais l'appeler.
MOSSANE
Il est presque 23 heures et Abdou n'est toujours pas là. Il m'avait dit qu'il n'allait pas durer et ça fait plus de cinq tours d'horloge qu'il est parti.
Mon Dieu, pour si peu je m'enflamme. Qu'en sera-t-il quand ce sera le tour de la première.
Et c'est ma belle mère qui me tire de mes pensées. J'en avais même oublier qu'on était au salon à prendre le thé avec Seynabou, Abdoulaye, Kiné et maman.
-Mossane ma fille qu'y a-t-il ?Tu me sembles ailleurs. Ou c'est Abdou qui te manque ?
Je souriais.
-aka mo nobaté ( elle est trop amoureuse), taquina mon beau frère.
Mon téléphone sonna. C'était Abdou.
-Chérie, je t'avais promis de ne pas durer mais j'ai eu un léger contre temps. J'arrive. Tu veux que je te ramène quelque chose.
-non je te veux toi.
J'étais prête à exploser mais je ne devais pas montrer cela, ni à ma belle famille ni même à mon mari.
Quelques minutes plus tard il était là mon beau mari. Et il est venu me faire un baiser devant tout le monde. Et devant sa mère. J'ai voulu en ce moment disparaitre tellement j'avais honte.
-mon fils respecte au moins mes pauvres yeux de vieille femme
-maman j'embrasse ma femme je te signale. En plus tu n'es pas du tout vieille. Je pense même que tu devrais venir qu'on te donne en mariage au papa de Mossane il est si beau. Han Mossane tu en penses quoi ?
-ah Papou Mossane deih mom beugeuna , gentle pa leuh ( si c'est le papa de Mossane je veux bien. Il est beau) plaisanta t-elle.
(...)
PVE
Après le diner, Abdou est allé trouvé sa mère dans sa chambre.
-Yaye, je peux te parler stp.
-entre mon fils. Qu'y a-t-il ?
Abdou lui raconta l'histoire avec Aïcha dans les moindres détails et finit par ça.
-je pars en voyage avec Mossane et à mon retour si elle n'est pas retournée à la maison, j'amènerai Mossane là bas. Il était prévue qu'elle vive ici avec toi parce que je ne sais pas où elle va être affectée après ses examens et je ne suis pas sure que ce sera à Dakar, sinon je lui aurais pris un appartement, mais si Aïcha ne revient pas à de meilleurs sentiments je ne réponds plus de moi.
-la réaction de Aïcha me surprend outre mesure mais je me dis qu'elle est juste en colère. Laisse lui le temps de digérer car ce n'est pas chose facile. Quant à ta décision d'amener vivre Mossane dans la maison qu'occupait Aïcha, je n'en parlerai pas car je pense que tu es assez grand pour prendre tes décisions tout seul. Je te sais juste et réfléchis. Mais tout ce que j'espère, c'est qu'on en arrivera pas là. Il y va de la stabilité des enfants. De toutes les façons j'irai la voir et essayer de lui faire entendre raison.
-Bien maman, je vais aller me coucher je suis exténué. Et Mossane m'attend.
-je vois qu'elle te rend vraiment heureux mon fils, comme Aïcha.
-yaye, je ne saurai te dire, Mossane a quelque chose en elle qui m'apaise et ce depuis le premier jour où je l'ai rencontré. Je l'aime vraiment.
-je prie pour que ce bonheur soit éternel mon fils. Dans un couple il y a des hauts et des bas comme tu en connais en ce moment avec Aïcha mais à chaque fois fais preuve de maturité et de dépassement.
-d’accord maman !
Il sortit de la chambre de sa mère et rejoignit la sienne et assis sur le rebord du lit, il eut la tête ailleurs. Mossane qui avait fini de ranger ses habits, vint le trouver et s'assit à ses pieds.
-mon roi tu m'as l'air tendu depuis ton retour. Que se passe t-il ? Les enfants vont bien ?
Elle avait parlé à son homme avec une telle douceur que tous ces problèmes s'étaient effacés.
-viens là, lui dit-il en la faisant se lever et la déposant sur ses cuisses. Il n y a rien mon coeur, rien que ta douce voix et ton adorable sourire ne puissent effacer. Les enfants vont bien. Je t'aime.
-moi aussi je t'aime mon roi.
-alors dis moi, tu es prête parce que je t'amène à Mar Lodj.
Elle sauta de bonheur. Abdou allait l'amener là où elle avait toujours rêvé d'aller. Ce lieu paradisiaque. Elle ne pouvait rêver mieux pour sa lune de miel.
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LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAME
RomanceMossane rencontre Abdourahmane par le plus grand des hasards. Née alors une passion fulgurante entre eux. Il veut faire d'elle sa femme. Elle a peur de s'engager dans un mariage polygame car oui Abdou est déja marié. Il reussi à la convaincre. A...