CHAPITRE 14

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Je suis dans la salle d’attente de l’hôpital Principal de Dakar avec ma belle mère et Khadija depuis bientôt quarante cinq minutes.

J’avais déposé Mossane deux heures plutôt devant la maison.

-viens prendre ta douche et te reposer un peu au moins et après Timis tu y vas. C’est mieux ! m’avait-elle dit.

-avec ce que tu as commencé dans cette voiture, si je rentre dans cette maison avec toi, je risque de n’en sortir que demain matin. Prépare toi à me recevoir dés mon arrivée, je ne risque pas de durer. Allez à tout à l’heure. Je t’aime.

C’est ainsi que, quand je suis arrivé à la rue 27 de la Médina, j’ai trouvé un attroupement monstre devant la maison des parents d’Aïcha.

J’ai dû descendre et marcher car je ne pouvais y pas accéder avec ma voiture. Je me suis frayé un chemin parmi les gens et mon sang n’a fait qu’un tour lorsque j’ai vu Amadou couché sur le trottoir, la tête ensanglantée, sa grand-mère assise à coté de lui à même le sol et Khadija qui criait.

Elle me raconta qu’Amadou pleurait, demandant après sa mère et pour le calmer sa grand-mère lui a dit que j’allais venir.

Lorsqu’il a entendu le bruit d’une voiture il a couru vers la porte croyant que c’était moi et le temps pour elle de le rattraper c’était trop tard, la voiture l’avait renversé. Ceux qui étaient dans la rue ont raconté qu’il est sorti de la maison et s’est mis au milieu de la route et que le taximan apparemment ne l’avait pas vu mais a su freiner à temps. Ce qui a limité les dégâts.

-où est Aïcha dans tout ça ? Demandais-je hors de moi.

-elle est sortie depuis ce matin. Elle a dit qu’elle allait chez Raby. On l’a appelé mais elle ne répondait pas et a fini par éteindre son téléphone. Mais je lui ai laissé un message sur WhatsApp.

-la famille du petit Amadou Sall ? Demanda le docteur.

Je me levais et allais vers lui.

-suivez moi svp.

Heureusement qu’il n’y avait rien de grave. La plaie à la tête était superficielle mais il avait une fracture à la jambe droite.

J’allais régler la facture en attendant qu’on lui pose le plâtre. Je me dirigeai vers la caisse quand je vis Aïcha qui court vers moi accompagnée d’une autre fille que je ne connais pas.

-Abdou que se passe t-il avec mon fils ? stp dis moi qu’il va bien ?

-c’est maintenant que tu t’en occupes ? Où diable étais-tu Aïcha ? Et ne t’avises surtout pas de me dire que tu étais chez Ibou parce que je viens de raccrocher avec lui et Raby ne t’a pas vu de toute la journée.

-je….je…

-regarde toi Aïcha, tu mobilises le monde entier pour tes putains de caprices de femme blessée alors que tu te fous complétement de tout ça. Tu n’es même pas capable de prendre soin de tes enfants. Tu les laisses toute une journée sans te soucier de ce qui peut leur arriver. C’était donc pour ça que tu voulais que je te libère ? Pour passer tes journées dans la rue, laissant tes enfants sans surveillance ? Et tu débarques maintenant en jouant les mères éplorées.

-DIMBALIMA ( fous moi la paix) me dit-elle en tapant des mains. Tu n’as absolument rien à me dire. Tout ceci est entièrement de ta faute. Si tu n’avais pas amener ta catin dans nos vies tout ceci ne serait pas arriver. Alors ne viens pas me la coller.

Je m’approchai rapidement d’elle et la pris fermement par le bras.

-tu es dans un hôpital nom de Dieu. Arrêtes de crier comme une vulgaire fille et respecte la douleur de ces gens venus accompagner leurs proches malades. Tu n’es pas au relais avec ton accoutrement de fille de bas étage. Tu ne te respectes même pas Aïcha.

Tout le monde nous regardait maintenant. Même Khadija avait accouru vers nous.

Et pour ne pas en rajouter, je partis régler la note et retournais dans la salle d’attente où je la retrouvai, elle et cette fille  avec qui elle était et qui ne me disait rien de bon.

Quelques minutes plus tard, l’infirmière  sortit de la salle de soin avec Amadou. Il avait la jambe dans le plâtre et un bandage sur la tête.

-vous le ramenez demain svp pour qu’on puisse vérifier s’il n’y a pas de problème avec le plâtre, me dit l’infirmière en me tendant une ordonnance.

Pendant ce temps, je voyais la maman de Aïcha lui parler comme si elle la grondait en regardant la fille qui l’accompagnait tout à l’heure avec un regard de dédain. Je ne parvenais pas à entendre ce qu’elles se disaient mais la fille n’avait pas l’air de se soucier de ce que ma belle mère disait et Aïcha avait la tête baissée. Khadija qui était avec moi et Amadou, les regardait du coin de l’œil.

C’était louche tout ça.

-bon on y va, leur dis-je parce que visiblement elles ne s’étaient pas rendues compte qu’on avait amené Amadou.

Aïcha le prit dans ses bras en pleurant mais une fois sortit de l’hôpital, sa maman lui dit :

-tu rentres comme tu es venue ici Aïcha et nous ainsi que mon petit fils allons avec Abdou.

-Tu plaisantes j’espère maman ? Interrogea t-elle de manière grave alors que sa mère lui prenait Amadou.

-Tu demandes ?

Elle monta dans la voiture avec Khadija et je démarrait sans attendre.

Durant le chemin du retour, personne n’avait parlé. Et on était arrivé presqu’en même temps qu’Aïcha qui s’est précipitée vers nous pour prendre le petit. Je la suivis jusque dans sa chambre

-je ne sais pas où tu étais ni qui est cette fille avec qui tu traines parce que visiblement ta mère et ta sœur ne l’aiment pas, mais je te dis une chose : je veux que dés demain tu te prépares à rentrer à la maison.

Elle me jeta un regard plein de dédain avant d’aller s’assoir à côté de Amadou. Je sortis complétement enragé.

Aïcha pousse le bouchon trop loin. Soit elle rentre à la maison, soit j’amène Mossane à la maison.

En venant chez elle, je pensais qu’elle avait décidé de rentrer et que c’était pour ça que sa maman avait demandé à me parler. Mais je ne le pense plus et d’ailleurs, on a même pas pu parler, sa maman et moi.

Je me demande bien où elle a passé sa journée. Elle portait un pantalon legging avec un T-shirt et des baskets. Ce qui me semblait bizarre car ce n’était pas dans ses habitudes. Et cette fille vulgaire avec qui elle est arrivée ne me plait pas du tout.

Je donnerai tout pour que tout redevienne normal car là je n’arrive plus à contrôler tout ça. Je n’arrive même plus à travailler correctement. Il faut qu’elle revienne à la maison. La dernière fois j’étais disposé à lui parler calmement, à m’aplatir même, mais elle s'est montrée désagréable, agressive et ne m’a même pas laissé m’exprimer.

Le hic avec son comportement est que tout le monde a fini par se lasser et croire qu’elle en faisait trop. Tout le monde est allé lui parler, ma sœur, Ibou même Seynabou mais rien madame campe sur sa position. Je ne peux plus laisser la maison inhabité et vivre chez ma mère. Et ce que je veux éviter à tout prix c’est y amener Mossane. Aïcha bousille tous mes plans. Je ne peux rien faire parce que je n’ai pas encore réglé le problème avec elle. Elle me fait tourner en bourrique depuis un mois et là j’en ai ras le bol.

J’entrai dans la maison alors qu’elle est plongée dans le noir. Tout le monde dormait apparemment. Il se faisait tard et je priais pour que Mossane ne me fasse pas une autre scène comme la dernière fois car franchement pour aujourd’hui j’ai eu ma dose.

Je la trouvais, regardant la télé. Elle se lèva dés qu’elle me vit.

-tu as duré mon cœur. J’espère que ce n’était rien de grave ?

Je me suis détendu en la voyant me parler et me caresser le torse avec autant de douceur parce qu’en réalité je m’attendais à des cris et des reproches comme la dernière fois.

-oui ça va, ne t’inquiète pas. Juste que Amadou a eu un petit accident, ce qui m’a retardé mais maintenant ça va ?

-qu’est ce qui lui est arrivé ? Je pensais qu’ils étaient à Kounoune ? Ou bien tu n’étais pas chez tes beaux parents ?

-si si. J’étais là bas et Amadou y était, de même que Aïcha et Coumba. Mais laisse moi le temps de prendre une douche et de prier, après on parle.

-oui tu as raison, vas y. En attendant, je vais t’amener le dîner.

-non j’ai pas faim.

Après avoir pris ma douche et prié, je lui racontais pour Aïcha mais en évitant de rentrer dans les détails mais aussi de son absence au moment de l’accident d’Amadou.

-pardon de t’attirer autant de problème, pardon de t’avoir fait des scènes de jalousie alors que tu avais autant de problèmes mon cœur. J’espère juste que tout ceci va vite se régler car je n’aime pas te voir comme ça. Je suis désolée.

Je pris son visage entre mes mains et l’embrassai longuement.

-ce n’est absolument pas de ta faute. Reste juste comme tu es. Ça va aller.




(…)

Quelques jours plus tard je suis reparti voir Aïcha avec les meilleurs sentiments du monde. Je lui ai même amené un cadeau, un bijou qui m’a couté les yeux de la tête sur les conseils de Nabou. Elle adore ça et je voulais lui faire plaisir. Je l’ai sorti. J’ai demandé pardon. Mais il semblerait qu’elle ne veuille en aucune façon entendre raison.

-je veux revenir Abdou mais à une seule condition : que tu libères l’autre. Je ne suis pas disposée à te partager. Il est encore temps, diouragoufi dom ( elle n’a pas encore d’enfant dans ce mariage). Rien ne t’attache encore à elle.


Lassé, j’ai été obligé de lui donner un ultimatum d’une semaine pour qu’elle réagisse. Je lui ai dit que si elle ne rentrait pas, j’allais amener Mossane dans sa maison.


RABY NDOYE

-Aïcha, si tu veux divorcer, divorce qu’on en finisse avec cette histoire. Et si tu aimes Abdourahmane, retourne chez toi et sauve ton mariage pendant qu’il est encore temps. Tu te mets tout le monde à dos pour cette histoire et les gens commencent à en avoir plus que marre de ça. Je te le dis tout de suite, cette femme est en train de prendre de l’avance sur toi, elle gagne du terrain peu à peu chez ton mari, chez ta belle famille et même chez les amis de ton mari et c’est de ta faute. Il lui faut peu de temps pour qu’elle te fasse oublier à Abdou si elle ne l’a pas déjà fait. Tu es mon amie et je t’aime énormément donc il faut que je te dise la vérité. Tu laisses le champ libre à cette fille. Abdou l’a amené ici et je te jure que pour cette fille tu n’existes même pas et ce sera le cas bientôt pour ton mari. Lane mo fi diar daw bay danou, depuis kagn nga ragal ni ( pourquoi tout ça ? depuis quand es tu devenue poltrone). Je te l’ai toujours dit, ne montres pas à Abdourahmane qu’il est le centre de ta vie. Et c’est ce que tu fais en ce moment. Tu l’as laissé faire ce qu’il voulait de toi sans réagir. Tu n’avais même plus de vie sociale. Tu ne vivais que pour lui. Je t'ai toujours dit de te trouver quelque chose à faire de ta vie. C’est pas parce qu’il subvient à tous tes besoins que tu ne devrais rien faire. Au moins qu’il sente que tu as d’autres centres d’intérêt et que tu le délaisses quelques fois pour quelque chose. Mais toujours aux aguets avec lui, fimou la bayi lalay fekate, mou dieul sa fiit bi. Aïcha iow lane la ? Wala dagn la yakheu bok ? Mani nga diog sa bopou, khalei bi tolou woula féneuh. Bessay bi rek mofi nek teih yangui koy may dolei boumou waroul am. Heure bi warone na fékeu foumou la déguè fitam bi diogué ci mom. ( il te retrouve chaque fois là où il t’avait laissé. Qu’est ce qu’il y a ? Ou bien on t’a marabouté ? Tu n’es pas l’égale de cette fillette. Il y a juste qu’elle est nouvelle. Elle devait prendre ses jambes à son cou rien qu’en entendant ta voix. Mais au lieu de ça tu es en train de lui donner une force qu’elle ne devrait pas avoir ). Puisse que maintenant tu as montré ta vraie nature, ne change pas. Sois cette lionne que Abdou a découvert chez toi et ne lui donne plus le temps de respirer. Cette femme, tu peux en faire ce que tu veux en un rien de temps et tenir ton mari à nouveau entre tes mains. Tu as oublié qui tu étais Aïcha ? Moi, Ibou n'ose même pas me faire la moitié de ce que ton idiot de mari te fait ; il n’ose même pas en regarder une autre la wakh. Et j’ai entendu que tu recommençais à fréquenter Daba Ndoye. Abdou m’a même dit que le jour où ton fils a eu son accident, tu as dis que tu venais chez moi et tu as débarqué l’hôpital avec elle. Tu n’as pas perdu de temps ma chère. Aïcha, est ce que tu vas bien ? Avec toute ta classe, tout ce que tu as gagné en te mariant à Abdou, tu oses autant te rabaisser. Je suis désolée mais fréquente qui tu veux sauf celle là quand même. Moi quand je vais au quartier, je ne la regarde même pas. Dou sama nawlé. Si jamais Abdou venait à savoir qui c’est, tu descendras vite de l’échelle où il t’avait hissé.


Pendant tout le temps où j’avais parlé, Aïcha avait l’air oisif, comme si ce que je lui disais étais ennuyeux.


Elle soupira doucement en roulant des yeux avant de se décider à parler.

-hun à ta place je n’aurai pas autant confiance en toi. C’est bien beau de rester là à me donner ces conseils alors que tu ne sais pas ce que c’est. Ibou et Abdou sont les meilleurs amis du monde et personne n’aurait pensé qu’Abdou prendrait une seconde épouse. Et si j’étais toi, je ferai tout pour ne pas laisser cette femme entrer dans ta vie et prendre ses aises avec ton mari, car si jamais il venait à rencontrer une de ses copines qui n’ont pas froid aux yeux comme elle surement, ton petit sourire et ton égo surdimensionné de femme qui tient en laisse son mari disparaitront plus vite que tu ne l’imagines. Pour ce qui est de Daba, ça m’importe peu ce que Abdou peut penser et je ne traine pas avec elle. Mais tout cela n’est pas important, peut être que toi tu peux gérer une coépouse mais moi non. Je ne retourne pas avec lui. Pour moi c’est le passé. D’ailleurs son ultimatum expire aujourd’hui sakh.


Elle avait fini en riant aux éclats comme si tout ceci n’était qu’un jeu. Je ne la reconnais vraiment plus. Et à ce rythme, elle va perdre Abdou.








LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAMEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant