LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAME

CHAPITRE 24

MOSSANE SARR

J’avais besoin de sortir de la maison. J’étouffais, je m’y sentais à l’étroit. Il fallait que je sorte pour m’aérer la tête. Il fallait que je vois les miens.

Je suis très fatiguée. Je ne sais pas si c’est dû à la grossesse ou aux nombreux évènements de ces derniers temps, mais je suis complétement à bout. Au point où ça se remarque dés qu'on me voie.

Voir mes parents m’a fait un grand bien. Voir ma mère me regarder avec affection me redonne beaucoup de courage. J’étais proche d’elle déjà, mais depuis que je suis mariée, chaque parole qu’elle me dit est une leçon de vie pour moi.

Quand je suis arrivée, elle s’est inquiétée. Elle pensait qu’il y avait un problème avec la grossesse. Je l’ai rassuré. Mais quand je lui ai dit que j’avais juste besoin d’être dans ses bras, elle m’a dit :

-je ressens tout de toi ma fille même si tu ne dis jamais rien. Je sais que ce n’est pas évident non plus, mais tiens bon, tout finira par s’arranger.

Je ne lui ai jamais dit pour mes problèmes avec Aïcha car je me suis toujours dit que c’était des choses qui arrivaient dans tous les mariages polygames et qu’il n’ y avait pas (encore) de quoi fouetter un chat, mais ce sont les rêves ou devrai-je dire les apparitions de ma grand-mère qui m’inquiètent de plus en plus surtout depuis que la maman de Aïcha est venue à la maison. Et il faut que je dise ça à maman car ça me dépassait.

-Ya, je vois grand-mère sans cesse en rêve et récemment elle vient accompagnée du papa de Abdou, que je n’ai jamais connu. Et à chaque fois ils me disent la même chose : lève toi Mossane, cette femme vient pour prendre ton lit. Et depuis que la maman de Aïcha m’a ouvertement déclaré la guerre, ça a commencé à me faire très peur. Ya, j’ai peur, tellement peur de perdre Abdourahmane à cause de ces histoires de maraboutage, je n’en survivrai pas.

J’avais les larmes au yeux. Elle me regardait avec de gros yeux, sidérée par ce qu’elle venait d’entendre surement.

-Mossane, tu as rêvé de ta grand-mère ? La quelle ? Ma mère ou celle de ton papa ? quand ? Et qu’est que la maman de ta coépouse a fait tu dis ? Mossane est ce que tu vas bien toi ? Tous ces événements se passent dans ta vie, j’habite à quelques minutes de chez toi et à défaut de venir, tu ne peux pas m'appeler pour m’en parler ? Et durant tout ce temps où on se parlait au téléphone, tu me cachais ça ! Et dans ton état en plus ? Explique moi tout dans les détails, me dit-elle furieuse et en enlevant son châle de sa tête.

-de mon homonyme Ya ! Oui, je rêve d’elle depuis très longtemps. Pour la maman de Aïcha, ça fait bientôt deux mois.

Quand je lui ai raconté, elle semblait ne pas y croire encore. Elle ouvrit grand les yeux. Mais je ne lui ai pas parlé de l’attitude de mon mari durant tout ce temps là car je ne veux qu’elle ait une mauvaise image de lui.

-Mon Dieu, ma fille ! Sur quoi es-tu tombée comme ça ? Mais comment se fait-il que la maman de ta coépouse ait osé ouvertement s’ingérer dans ta relation avec ton mari ? Et ce dernier, quelle a été sa réaction par rapport à tout ça ? Si elle veut, elle peut trouver tous les marabouts qu’elle veut mais pour sa fille. On ne touche pas à ma fille. Mon unique, sama béneu bi…non non. Ta grand-mère ne t'apparait pas par hasard et ce qu’elle dit est assez clair.