à la recherche de Lestat

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La nuit était froide et n’importe quel mortel aurait subit ce froid avec douleur. Je le subissais, je le ressentais mais aucune douleur ne m’étais donné de ressentir. Et cependant je me sentais bien, presque humaine. Mais je dois avouer que ne me souvenant pas de ma vie humaine j’avais énormément de mal à sentir la différence. Et même si je la voyais dans les yeux des mortels j’avais du mal à m’y habituer. Je marchais droite, fière, étant parfaitement consciente des regards interrogateurs que me lançaient les mortels. Comment? Une enfant? Seule? Elle a pourtant l’air d’être bien éduquer. Je savais ce qu’ils pensaient et j’aurais pu les rassurer mentalement en créant dans leurs esprits embrumés l’image d’un père et d’une mère mais ce soir je n’en avais pas l’envie. Je partageais mon goût pour la provocation avec Lestat. Nous nous ressemblions tant mais il était différent de moi. Jamais je ne me serais enfui pour rejoindre une jeune mortelle.

J’empruntais une rue sale. Il y avait un bar au bout de la rue. Un bar illégal. On pouvait y trouver n’importe quel criminel du coin. Ils étaient tous là réunis, soûls, autant qu’on puisse l’être. Et c’était un bon dieu de frigo pour nous autres. Nous allions souvent à la pêche dans les rues mais lorsqu’on était las de la chasse, on se contentait d’aller dans ce bar. Mais je n’y étais jamais allée seule. Qu’aurais-je pu faire contre tous ces chacals? Les tuer, un à un. Mais l’un d’eux auraient pu s’échapper, non, c’était bien trop dangereux. Le goût du sang n’avait pas ce prix. Pas encore. Ou ne l’avait plus. Je savais plus trop. J’étais un peu perdue, je devais bien l’avouer. Mon pilier, Lestat, était parti. Il était quelque part avec cette petite mortelle, une futée. Je la redoutais et elle me glaçait les sangs. Rien que de les savoir ensembles, me donnait des sueurs froides.

Je poussais la porte. Je savais quel sorte de regard ils me lançaient tous. Une petite fille, ici! Quelle horreur! J’entendais leurs pensées et je m’en léchais les babines. Quel plaisir je prendrais à leur déchirer l’artère, à sentir leur sang voluptueux sous ma langue. Je me dirigeais vers le fond mais le patron m’avait repéré. Un bel emmerdeur celui-là mais Lestat l’avait toujours épargné. Je n’avais jamais compris pourquoi. Peut-être pour pas que ce banquet disparaisse mais j’en doutais, il y en avait à tous les quartiers et les chacals ne disparaissaient jamais, ils changeaient juste de niche. J’en déduisais qu’il devait être son confident mortel. Bien que cette idée paresse étrange, nous aimons nous confier à un mortel, l’aimer jusqu’à sa mort, naturelle ou non. Et j’espérais que ce mortel en savait plus que moi-même si ça me faisait mal.

« Hé ! Ma jolie, que fais-tu là? Tu sais que ce n’est vraiment pas le genre d’endroit pour les petites filles de ton âge. Il y a plein de choses que tu ne dois pas voir, et que vu tes habits tu ne verras jamais. (…) Alors retourne d’où tu viens. »

« Que je retourne d’où je viens? Et pourquoi donc? Je me plais bien ici. Je suis à la recherche d’une nourriture plus douce à mon palais que celles dont regorgent les campagnes. Mon déjeuner ne m’a pas suffit et à présent j’ai faim. »

Je fis une pause. Il ne comprenait rien. Il me fixait avec cet air idiot qui voulait me faire croire qu’il avait compris et qu’il était finalement gentil. Mais son esprit le trahissait. Il battait sa femme. Oh quel crime horrible ! J’entendais presque les cris de sa douce et naïve femme. Je la savais là-haut en train de l’attendre, elle l’avait attendu toute sa vie. Elle n’avait pas eu la force de le quitter et ne pouvait plus le faire à présent. Elle pleurait doucement se demandant pourquoi elle n’avait pas refusé le mariage. Mais à l’époque il était riche, oh oui, sacrément riche. Et c’était pas avec la vente de leur maison qu’ils allaient s’en sortir, son père et elle. Elle méritait ça. Elle méritait que je le tue avec sauvagerie au risque que l’un de ses clients me découvre.

Claudia ChroniclesWhere stories live. Discover now