24. La Porte Du Bonheur

2.6K 166 69
                                    

Sandy

Un mois plus tard

Une nouvelle journée commence, et comme tous les jours depuis que j'ai quitté l'agitation de la Grande Pomme, je me réveille dans le calme ambiant de la banlieue du New Jersey. Une légère brise d'automne traverse la fenêtre entrouverte de la pièce dans laquelle je loge. 

J'ai loué une petite chambre de bonne dans la maison d'une vieille dame solitaire qui répond au nom de Meredith. Lorsque j'ai quitté New York, et par conséquent Colin, j'étais au fond du gouffre. Je donnais peine à voir. J'ai fuit la ville pour un nouveau départ, n'assumant pas le regard critique des gens sur moi. Mon histoire a été révélée au grand jour et tous les médias en parlent. Je ne supportais plus le regard moralisateur et méprisant de mon public sur moi. Je ne supportais pas l'idée d'empêcher les Nightmareden de poursuivre leur route vers la gloire juste à cause des abîmes noires de mon passé. Passé qui me rattrape de toutes les manières puisque Rob est toujours à mes trousses. 

Pour le bien de Colin, il valait mieux que je m'éloigne, le temps que Rob m'oublie et passe à autre chose. J'espère juste que Colin n'essaiera pas de le retrouver. S'il lui arrive du mal, je ne me le pardonnerai jamais ! 

Bien entendu, j'ai bien pris le soin de me débarrasser de mon téléphone ainsi que de ma puce pour ne pas donner l'occasion à Colin de me retrouver.

— Sandra ! crie Meredith depuis la cuisine. Viens ma puce, le petit-déjeuner est prêt !

Je ferme les yeux d'exaspération en entendant Meredith se tromper encore une fois sur mon prénom. Je lui annonce que j'arrive avant d'enfiler rapidement un jean et un sweat à capuche. Lorsque j'accède à la salle à manger, une délicieuse odeur de gaufres et de chocolat chaud vient titiller mes narines. Mes estomac gargouille d'appétit devant un tel spectacle et je m'empresse de déguster ce festin.

— Miam ! Tu as fait à manger pour tout un régiment ce matin ! m'exclamé-je en engloutissant une grosse part de gaufre. 

— Noémie nous rejoint, me répond la vieille dame en souriant. D'autant plus que tu es trop maigrichonne ! Mange et grossis un peu, les hommes les préfèrent toujours plus corpulentes pour avoir de quoi s'accrocher ! 

Je manque d'avaler de travers et pouffe de rire face à la mine rêveuse de Meredith. 

La sonnette de la porte retentit, marquant l'arrivée de Noémie, mon ancienne baby-sitter et grande amie de ma défunte mère. C'est chez elle que je me suis réfugiée lorsque j'ai fui New York. Elle m'a proposée d'habiter chez Meredith et me permet de jouer du piano dans son restaurant quelques heures le soir. Malgré toute l'aide qu'elle m'a offerte, elle a cru nécessaire de me réprimander sur mon attitude, et n'a cessé de me répéter qu'elle ne sera pas à l'aise tant que je n'aurait pas retrouvé ma place au sein du groupe. 

Après l'avoir saluée chaleureusement, elle s'installe confortablement et demande de mes nouvelles. A la fin du repas, Noémie et Meredith sortent faire les boutiques. En attendant, je remonte dans ma chambre pour me changer. Pour la deuxième fois de la journée, j'entends la sonnette assourdissante de la porte résonner dans mes tympans. C'est surement Meredith qui a oublié son sac, comme d'habitude. Je dévale les escaliers à la recherche du sac, mais ne le trouve nulle part.

J'ouvre la porte, et la vision qui s'offre à moi me fait l'effet d'un électrochoc. 

Ces iris envoûtants que je ne pensais pas recroiser de sitôt me détaillent de haut en bas. Un regard qui a hanté mes nuits, submergé mes pensées, harcelé mes songes. Un rictus moqueur mais chaleureux, qui malgré la fatigue apparente sur son visage me toise d'un air taquin.

Colin: Bring Me Back To LifeWhere stories live. Discover now