Sarah Watson et le monde d'autrefois

23. Un étrange comportement

Illustration réalisée par Khinaa

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Le samedi matin, Sarah alla rendre à la bibliothèque un livre emprunté des semaines avant, qu'elle avait totalement oublié. En le donnant à la bibliothécaire, elle s'excusa longuement, puis parcourut les étalages à la recherche d'une nouvelle lecture. Au détour d'un rayon, elle tomba sur Tom Jedusor et Audrey Hilstill en train de parler, très proches l'un de l'autre. Gênée, elle bafouilla quelques excuses et s'enfuit dans le rayon suivant, où elle trouva un ouvrage très intéressant sur les propriétés de certaines plantes. Après l'avoir posé au dortoir, la jeune fille fila aux cuisines.

L'après-midi, elle se rendit à Pré-au-Lard et rejoignit Lavande aux Trois Balais. La jeune femme, ayant troqué sa robe légère contre un large pull miteux laissant deviner ses formes généreuses, lui offrit un paquet plat recouvert de tissu, et lui intima de ne l'ouvrir qu'une fois à Poudlard. Sarah fut désolée de n'avoir rien à lui offrir, mais la serveuse lui assura qu'elle ne s'en souciait pas. Ce jour-là, le gros joueur d'échecs n'était pas là.

Après le travail, elle alla s'asseoir au bord du lac à la surface presque entièrement gelée. Elle sortit le paquet de Lavande et le déballa : il s'agissait d'une belle peinture représentant Poudlard et le lac enneigés. La jeune fille remercia intérieurement Lavande pour ce beau cadeau et ferma les yeux longuement.

— Qu'est-ce 'tu fais là ? demanda une voix rauque derrière elle, la faisant sursauter.

La sorcière se releva et se trouva face à Rubeus Hagrid, les cheveux pleins de broussailles. Elle remarqua qu'il avait des morceaux de coquille sur le bas de sa robe. Ils étaient d'une belle couleur argentée.

— Rubeus ! Tu passes de bonnes vacances ?

— Oui, dit-il timidement. J'pensais que t'étais rentrée chez toi, je t'ai pas vue cette semaine.

— Chez moi, c'est Poudlard, répondit la jeune fille en souriant. J'étais ailleurs.

— D'accord. Je t'laisse, à bientôt, la salua-t-il avant de partir au galop en direction du château.

Sarah n'avait plus envie de se reposer. Elle prit une pierre et tenta de la faire ricocher sur le lac, mais le caillou ne fit que rebondir sur la glace. Elle ramassa un morceau de coquille, tombé de la robe de Rubeus lorsqu'il était parti. On aurait dit de l'argent pur... Fatiguée, elle décida d'entamer la lecture de MacBeth, interrompue depuis son départ. L'idée des fauteuils moelleux auprès du feu la réconforta durant le trajet.
La soirée passa lentement, mais Sarah ne pensa pas aux Manson. Elle était également trop absorbée par sa lecture pour remarquer Mulciber, qui l'observait de ses yeux porcins et malveillants.

Le lendemain, elle se leva très tard, et eut juste le temps de petit-déjeuner avant d'aller assister les elfes. En cuisines, tout se passa comme d'habitude : Aileron se démenait pour faire régner l'ordre, Margaret avait son rouge à lèvres badigeonné sur la figure, et Qriel se tenait en retrait, loin des autres et, surtout, loin de Sarah. Une fois le repas envoyé dans la Grande Salle, cependant, il s'approcha lentement de la sorcière.

— Depuis quand Sarah Watson a-t-elle sa robe noire ? lui demanda l'elfe de sa voix rauque.

— Depuis que je suis à Poudlard, lui répondit-elle sans prêter attention à son manque de politesse.

— Que Sarah Watson accepte ceci, dit-il en sortant de son habit un morceau de parchemin plié. Il lui appartient.

En dépit de sa surprise, la jeune fille prit l'objet et le déplia ; c'était une simple feuille de parchemin vierge.