Scampagnata - Pique-nique

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Voilà dix jours que Reina est cloîtrée dans sa chambre, elle n'en sort pas et se sont ses parents qui lui apportent son repas. Rosa vient la voir plusieurs fois par jour. Elle ne refuse pas it du l'Inde, seulement elle ne sort pas. En tout cas, si elle sort je ne la croises jamais. Je suis le seul à ne l'avoir pas vue depuis tout ce temps. Ça me dérange de la savoir sans mon contrôle, même dans cette maison.
Ce soir, tout la famille s'en va et prend un bateau pour la Sardaigne. Ils passeront trois jours hors du domaine, en vacances. Le temps s'adoucit et le soleil réchauffe notre terre. Le week-end m'est interdit ainsi qu'à Reina, je dois la surveiller. Et ça ne me déplaît pas tant que ça, je dois avouer. Elle devra se confronter à moi.

Il est dix-huit heures. Nous sommes tous dehors. Je salue tout le monde sur le perron. Ils entrent dans les voitures de luxe qui les mèneront au port. Soudain, je vois une silhouette s'arrêter à côté de moi : Reina débarque dans le plus grand des calme et de la discrétion pour saluer sa famille qui s'exclame et l'embrasse sur les joues avant de remonter dans les véhicules. Elle ne prononce pas un mot et son regard est vague, sans réelle habitation. Elle ne me jette pas même un coup d'œil.
Mais lorsque tout le monde est parti, même Rosa qui est partie en voyage avec la famille, nous nous retrouvons seuls sur le perron. A ce moment là, elle me regarde sans considération mais je la sens tendue par quelque chose. Elle entre dans la maison et je la suis. L'entrée, le grand salon, la salle à manger principale sont vides mais elle habite chacune de ces pièces par sa présence. Je secoue la tête pour m'ôter ces pensées de l'esprit mais poser les yeux sur elle provoque toujours cela en moi.
Mais, elle s'arrête et se retourne, me retrouvant maintenant face à son corps calme et trop proche d'elle.

Reina: Tu comptes me suivre jusqu'à quand exactement ?
Moi: Jusqu'au bout princesse.

Elle roule des yeux en soupirent puis reprend sa route. Je vois que quelque chose ne va pas alors je tente d'attraper son poignet. Aussitôt que mes doigts effleurent cette partie de son anatomie, elle se retourne et sursaute presque. C'est étrange : peut-être suis-je allé trop fort la dernière fois ?

Reina: Mais lâches moi à la fin !
Moi: Calme toi, je voulais te proposer de pique-niquer.
Reina: Hein ?

Elle fait une grimace qui marque son incompréhension, je vois aussi les émotions qui habitent habituellement ses mimiques et ses gestes revenir.

Moi: Sur la côte, non ?

Elle fronce les sourcils et me dévisage de la tête aux pieds avant de finalement acquiescer doucement. Je sens une pointe d'euphorie dans mon coeur mais je la réprime et sourit simplement timidement.

Moi: Vas te changer et je t'attends là dans vingt minutes.

Elle part en direction de sa chambre tandis que je prends le chemin de la cuisine. Je commence à préparer des petits en-cas à emporter. Emporter dans quoi ? Je cherche maintenant un panier ou quelque chose du genre. Dans le buffet de la salle à manger, je trouve un panier spécial pique-nique et le ramène dans la cuisine. Je me sens ridicule, vu de l'extérieur cette scène doit être à mourir de rire. Mais je veux tout faire pour avoir Reina seulement pour moi, qu'elle m'appartienne alors si il faut passer par là... et puis je ne suis pas qu'un mec coureur de jupons, petit con arrogant.
Je termine de préparer mon petit panier et puis j'y glisse une bouteille de Limoncello et d'eau gazeuse. Je vais ensuite chercher une nappe ou une couverture, deux petits coussins. Puis, je me poste au pied de l'escalier et attend Reina qui ne tarde pas à apparaître dans un pantalon en velours côtelé noir et un haut à manches longues blanc très sophistiqué. Elle a jeté sur ses épaules une sorte de capeline bleue marine et descend les marches pour arriver à mon niveau.
Je souris et nous marchons pour sortir de la maison puis traverser le domaine jusqu'au petit olivier pour descendre un peu plus bas sur la côte. J'étale dans un coin rocheux, la nappe et pose les deux coussins. Reina me regarde et pouffe légèrement.

Reina: C'est bizarre de te voir faire ça.
Moi: Qu'est-ce que tu crois ? Que je suis un mec de salon seulement bon à courir après les filles ?
Reina: C'est exactement ce que je crois.

Ses mots sont doux, ils ne sont pas faits pour me blesser mais elle pense ce qu'elle dit. Je m'assois et elle m'imite. Je sors tout mon attirail du panier pour le déposer sur le sol. Reina observe l'horizon, le soleil qui se couche et plonge dans la mer. Le vent balaye la côte mais il n'est pas désagréable. Elle saisit un sandwich au jambon préparé par mes soins mais elle grimace légèrement.

Moi: Tu n'as pas l'air d'aimer la grande cuisine...
Reina: Tu as mis un peu trop de beurre mais c'est bon.
Moi: En même temps, c'est la seule que je sais faire et c'est difficile de rater un truc aussi simple.

Elle rit en mordant une seconde fois dans le petit pain. Le voir illuminer son vissage me réchauffe le cœur et je ne sais même pas pourquoi.

Moi: Je suis content que tu souris à nouveau.
Reina: Tu sais que j'aurais pu t'éviter mais j'avais tant à faire...
Moi: Donc tu ne m'évitais pas, première nouvelle.
Reina: Non, je me renseignais un peu plus sur les dernières affaires des clans de Venise et de Rome.
Moi: La famille Cazale et Vigoda ?
Reina: Oui, j'ai quelques doutes rien de plus. Enfin... c'est vrai que ce n'était pas une si mauvaise idée.
Moi: Avoues que te retrouver seule ici avec moi ça te ravit !
Reina: Non, pas vraiment.
Moi: Ouch, tu m'as touché princesse.

Elle rit encore suite à mon ton plaisantin. Qu'est-ce que j'aimerais la voir rire dans mon lit...

Moi: Reina, je ne voulais pas te faire peur l'autre jour et je...
Reina: Je crois que si au contraire, tu voulais me faire peur. Mais ce n'est pas grave, je t'ai poussé à bout pas vrai ?

Elle me dévisage, n'attendant aucune réponse clairement exprimée juste de voir en moi un signe qui veut dire que j'ai compris ce qu'elle entendait par là.
Nous finissons notre petit repas improvisé dans un quasi-silence. Je me relève, plie la nappe et range tout avant de repartir avec Reina qui apparement, en a eu marre de m'attendre.

Reina: Cristiano, j'aime bien quand tu fais des trucs comme ça.
Moi: Comment ça ?
Reina: Tu sais, un pique-nique, une glace... un truc, comme ça.
Moi: C'est pour te pécho.

Elle bloque et me regarde apparement choquée d'entendre ça si violemment. Mais...

Moi: C'est la vérité. Mais je t'avoue que j'aime bien faire ça aussi.
Reina: Tu fais ça à toutes les filles que tu veux « pécho » ?
Moi: Non, juste à toi.
Reina: Pourquoi ?
Moi: Parce que t'es trop coriace.

Nous voilà maintenant arrivés à la cuisine. Je dépose mon paquetage sur la table et me retourne sur Reina qui croise les bras. Elle paraît impatiente ou exaspérée. La nuit est tombée rapidement. Les lumières éclairent faiblement mais je continues de percevoir son regard brillant.

Reina: La prochaine fois, tu pourras dire « les filles que je veux baiser », ce sera plus juste, j'ai tort ?
Moi: Non, t'as pas tort.
Reina: Je vois... et bien, bonne nuit. Et merci pour ta tentative.

Elle remonte dans sa chambre. Je souffles fort, j'en ai marre de moi mais en même temps je ne m'en veux pas. C'est tellement étrange ce qu'elle fait : elle tiraille mon corps et mon esprit entre deux sensations totalement instables. C'est vraiment insupportable, à vous rendre fou.
Je passe ma main dans mes cheveux pour les tirer en arrière. Comment savoir ce que c'est que tout ces sentiments extraterrestres ? Comment savoir si ma place est bien ici ? Comment savoir ce qui se passera si jamais je retourne chez moi ? Ou si je perce un peu plus la bulle de Reina ? Trop de questions pour un mec comme moi.

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