Chapitre 32 : Mateo

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-Gracias para hoy y buen fin de semana. A la semana próxima.

La fin du cours sonne et nombreux sont les élèves qui se bousculent pour sortir le plus vite possible de la salle de cours, impatients d'être enfin en week-end. Personnellement, je ne pense pas être mieux qu'eux, étant peut-être encore plus impatient que mes propres élèves de pouvoir partir de cette classe où ce n'est pas l'impression d'étouffer qui manque. Pourtant, si l'impatience de quitter cette classe de seconde se fait très forte, je comprends que je vais très certainement devoir prendre mon mal en patience encore un peu lorsque je vois Sabrina m'attendre dans l'entrebâillement de la porte, regardant les élèves sortir avec un grand sourire.
Une fois tous sortis, Sabrina s'approche immédiatement de moi, venant s'asseoir sur une des tables réservées aux élèves.

-Tu as l'air drôlement content en ce moment, non ?
-Peut-être, haussais-je simplement les épaules, continuant de ranger le plus vite possible mes affaires.
-Quelque chose de nouveau dans ta vie ?
-Peut-être, continuais-je, assez vaguement, effaçant le cours encore inscrit sur le tableau.
-Je vois..., fait-elle, soupirant le plus discrètement possible. Ça te plairait de venir au restaurant avec moi ce soir ?
-Désolé mais je n'ai pas le temps.

Enfilant ma veste, j'attrape à la volée mon sac et, sans l'attendre, je quitte la pièce, la laissant seule à l'intérieur mais pour très peu de temps, cette dernière me courant presque derrière pour ne pas me perdre.

-Tu vas où ? Je peux peut-être t'accompagner !
-Ecoute Sabrina, je préfère y aller seul mais surtout, tu n'as rien à faire là où je vais alors rentre chez toi.

Elle semble blessée par mes paroles, n'osant plus me regarder dans les yeux jusqu'au moment où elle prononce son prénom.

-C'est April, c'est ça...? Tu l'as retrouvée...?
-Je... Peut-être bien...

Un rire amer s'échappe de ses lèvres avant qu'elle ne s'arrête, face à ma voiture où je m'apprête à rentrer pour aller rejoindre celle sur qui la conversation a dérivé. Pourtant, lorsque mon regard se pose sur ma collègue, je ne peux m'empêcher de me sentir mal vis-à-vis d'elle, sachant parfaitement que la raison de sa tristesse n'est autre que moi.

-Tu sais que Carlos t'aime beaucoup, hein ?
-Mais moi ce n'est pas lui que j'a...!
-Alors tu dois comprendre que ce n'est pas toi que j'aime.

Elle baisse le regard, n'osant plus parler, alors que je soupire, ne sachant plus quoi dire pour lui faire comprendre qu'entre nous deux, il n'y aura jamais rien de plus qu'une simple amitié.
Alors que je monte dans ma voiture, l'envie de rejoindre April plus forte que jamais, Sabrina prend une dernière fois la parole, ne m'annonçant rien que je ne sais déjà.

-Elle est toujours mineure et toi majeur, tout comme ses parents n'ont très certainement pas changé d'avis sur une possible relation entre sa fille et son ancien professeur d'espagnol alors tu devrais vraiment faire attention à toi.
-Sabrina, tu me l'as déjà dit je ne sais combien de fois, ça, mais ce n'est pas pour autant que j'ai arrêté de l'aimer alors si tu n'as rien d'autre à ajouter, je vais aller rejoindre celle que tu ne sembles pas porter dans ton cœur pour X ou Y raison. Au revoir.

Ma réponse se fait sèche et sûrement rude mais, à vrai dire, peu m'importe. Je voudrais juste qu'elle arrête de se préoccuper autant de ma vie, je ne suis plus un enfant, mais surtout qu'elle accepte que je n'ai pas choisi mes sentiments, que s'ils sont ainsi, alors c'est qu'ils devaient l'être et qu'ils ne sont pas prêts de changer alors il est tout simplement inutile de continuer ainsi en tentant vainement de les changer.
La laissant ainsi sans ajouter quoi que ce soit d'autre, je pars, ne m'important plus du tout de ce qu'elle pourrait penser ou faire. Je sais que c'est sûrement détestable de ma part de lui faire ça alors qu'elle ne cherche qu'à m'aider mais qui puis-je si ces sentiments sont en moi ? Rien, je n'y peux absolument rien et elle le sait alors pourquoi continue-t-elle à se faire du mal comme ça ? C'est tout simplement ridicule de se faire du mal ainsi. Je ne la comprends pas. Enfin... Peut-être que... Enfin j'imagine que... Si les rôles avaient été inversés et qu'à ma place se trouvait April, j'aurai très certainement réagi pire que Sabrina. Devoir supporter la vue d'April se précipitant chaque soir dans les bras de qui que ce soit d'autre que moi m'aurait sans aucun doute tué à petit feu.
Je soupire, frappant sur le volant alors que je m'arrête à un feu rouge. Ces sentiments semblent me dévorer de l'intérieur. Ça me fait mal de ne pas pouvoir la voir plus souvent, dès que l'envie m'en prend, pour un oui ou pour un non, mais lorsque chaque soir arrive, mon cœur ne peut se calmer en la voyant devant moi, toujours bien trop heureux de la retrouver. Que ce soit la douleur de cette attente qui me paraît chaque jour interminable ou l'euphorie qui me prend chaque soir en la retrouvant pour quelques heures qui me paraissent être de trop courtes secondes, tous ces sentiments contradictoires et pour la plupart tout de même assez douloureux... Tous font que je l'aime terriblement et que, malgré tout, je désire plus que n'importe quoi d'autre les préserver le plus longtemps possible. C'est ridicule de vouloir se raccrocher autant à un amour qui est malheureusement très certainement voué à l'échec mais j'aimerai tellement qu'il dure encore et encore... J'aimerai juste qu'il soit le dernier, le seul et l'unique à être si fort, si important, si désirable... J'aimerai prouver à toutes et à tous qu'il est réel, vrai, authentique mais surtout si fort qu'il en serait presque destructeur pour elle comme pour moi.
Après plus de deux heures de trajet, je m'arrête enfin devant l'internat où se trouve April. La nuit étant déjà bien tombée, je n'attends pas plus longtemps pour de nouveau me mettre à escalader la grille d'environ deux mètres afin de la rejoindre le plus vite possible tout en faisant tout de même très attention à ne croiser personne bien que, par ce froid glacial à cette heure si tardive, je n'aille que très peu de chances de croiser qui que ce soit.
Lorsque j'arrive enfin dans la serre, je me dirige instinctivement vers les roses, cachées derrière toutes les autres fleurs qui, à mes yeux, ne seront jamais aussi belles qu'elles, et, avec une impatience des plus difficile à masquer, je tombe nez à nez avec une image des plus belles : elle est là, assise juste sous les roses bleues qui luisent d'une étrange couleur terriblement attirante, couverte d'une couverture rouge sang alors qu'un bonnet noir recouvre ses cheveux lâchés dont quelques mèches tombent sur son visage rougie par les températures environnantes, ses yeux étant rivés sur ce qu'elle écrit dans son petit carnet fleuri sans même se rendre compte que je l'observe actuellement. Elle est tout simplement magnifique, splendide, presque irréelle.
Je m'approche tout doucement d'elle, veillant à ne pas me faire remarquer pour venir m'asseoir à ses côtés et poser ma tête sur son épaule, cherchant à lire ce qu'elle écrit actuellement sans grand succès car, sans aucun doute surprise par ce poids venu se poser sur son épaule, elle referme ce dernier à une vitesse des plus grandes.

Teach Me Love...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant