Pourquoi j'écris

19 2 0
                                    

J'ai toujours écrit, enfin c'est ce qu'on me dit parce que pour moi, je n'ai réellement commencé que l'année dernière.

Il parait que j'écrivais des histoires avec des princesses et leurs beaux princes charmants. Les personnages ont bien évolué... maintenant ce sont des drogués et des suicidaires. Du rose bonbon au noir corbeau. Quel changement radical. Wow.

Vous savez pourquoi vous êtes en train de lire ça ? Parce qu'au fond, vous avez  bien compris que je n'écris pas pour ma pomme, me plaindre et recevoir des mots de compassion. Je ne veux rien de tout ça. J'écris pour survivre dans cet enfer humain et pour sauver des vies.

Je sais que je ne suis pas la personne la plus héroïque de la planète, je n'ai pas sauvé un bébé d'un immeuble en feu. Je ne suis pas la personne la plus courageuse non plus, je fuis devant un minuscule crabe. Je ne suis pas la personne la plus extravertie du monde, je stresse rien que d'aller en cours.

Je me suis arrachée la peau. J'en porte encore les cicatrices même si elles disparaissent. Pourquoi ? Je me hais... à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Je hais mon corps, ma façon d'être, ce que je n'arrive pas à faire. J'ai envie de taper dans les murs, d'arracher chaque parcelle de peau pour en mettre une autre, me faire disparaitre en un éclair.

J'ai arrêté tout ça. Même si je le pense toujours et que cela me torture de me retenir.

Je me suis laissée aller dans les bras de ma plume. Je me suis mise à écrire partout, sur mon bras, des bout de papier, mon bureau. J'écrivais dès que l'on me le permettait. Grâce à ça, je pouvais évacuer ma haine envers le monde, mon désarroi et mes peines sans que mon corps n'en subisse les conséquences.

J'ai rencontré des gens aussi. J'ai noué des liens malgré les milliers de kilomètres entre nous. J'ai gagné leur confiance comme ils ont gagné la mienne. On s'est raconté nos histoires et j'en ai tiré une leçon : il y aurait toujours pire que moi.

Et puis, il y a ce fameux soir où j'ai encore une fois pété les plombs. Quelqu'un est venu me calmer et a réussi. Et depuis ce jour, je n'ai qu'un objectif, un besoin, écrire pour devenir le porte-parole de ceux qui n'osent pas élever la voix. 

A travers mes écrits, je trace leurs histoires et je fais réfléchir. On m'a souvent demandé comment j'arrivais à retranscrire cela sans l'avoir vécu. Le témoignage et la sensibilité sont, je dirai, la clé de cette réussite.

Je pleure quand je parle de viol. Je pleure quand je parle de suicide. Je pleure quand je parle de mutilation. Je pleure quand je parle de drogue. Mais putain comme j'ai la rage d'écrire.

Ma raison de survivre dans ce monde que je déteste en grande partie. 

Je veux en faire mon avenir et mon gagne-pain. Mais attention je ne veux pas finir auteure de roman pour adolescentes prépubères ou ado pseudo-dépressif.  Je veux écrire pour les grands de ce monde. Je veux leur apporté un regard neuf sur ces faits que la société a rendu tabou parce qu'ils sont "sales", "malsains" et encore. Mais non ! Arrêtez de vous cacher les yeux en vous torchant avec vos billets fraichement imprimés, il n'y a pas que vous ici. 

Je veux que mes oeuvres fassent pleurer les plus insensibles d'entre-nous, je veux que la lecture devienne insupportable tellement elle est criante de vérité, je veux que finir le livre sans avoir la larme à l'oeil soit un exploit.

Vous me trouverez sadique envers mon prochain sans doute mais je pense avant tout aux autres en faisant cela. Si j'avais lu un livre comme celui-là à cette époque, je n'aurais pas autant de marques sur le corps et dans la tête. Pas autant envie de me foutre en l'air à cause de ma petite personne.

Je suis désolée d'avance si vous allez déprimer mais c'est un passage obligé.

J'ai la rage d'écrire pour faire vivre des inconnus.

Je veux les sauver comme on m'a sauvé.

Je veux faire au moins une chose bien dans ma vie.


L'écriture ou la vieWhere stories live. Discover now