Mentir (Nathaniel)

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Je me réveille doucement, mon téléphone jouant ma musique préférée, bien que même elle n'arrive pas à me motiver à ouvrir les yeux. J'éteins mon appareil d'un doigt et je me retourne dans mon lit, comptant dans ma tête le nombre de minutes que je peux encore glaner sous ma couette. Ce n'est pas que je suis une grosse dormeuse, c'est que ma vie sociale est si remplie qu'on me demande sur What's App jusqu'à des heures avancées de la nuit, quand je ne suis pas en soirée, au cinéma, à boire un verre en terrasse avec des amis, à des concerts... C'est ça, être populaire et j'aime ma vie. Alors être fatiguée le lundi matin, c'est le prix à payer pour les gens comme moi.

Mon frère n'a pas ce problème. A sept heures du matin, il est déjà bien peigné, bien habillé, il sent bon le gel douche, il a un visage sans cernes, et ce, quel que soit le jour de la semaine. Oui, il est debout à cette heure même les dimanches, même les samedis, mêmes les jours fériés. Attention, je ne dis pas que c'est un looser sans amis, non... Je dis juste qu'il n'est pas du genre à sortir tous les week-ends et qu'il ne passe pas des heures sur messagerie. Oui, ça revient au même, soit. Il n'a pas d'amis. Enfin, il y a bien Mélody, mais Mélody fait plus partie de la catégorie animaux domestiques... Elle est toujours derrière lui, elle le suit partout, elle acquiesce à tout ce qu'il dit et elle rit à ses blagues intellectuelles. Si elle avait une queue... On sait tous qu'elle la remuerait. Je ne sais pas quel sucre il lui a donné pour qu'elle en arrive à ce degrés pathétique de fidélité quasiment canine, mais le fait est qu'elle ne rentre pas vraiment dans la liste "amis". Et que j'ai envie de lui donner des coups de pied.

Je finis par me lever, cinq minutes après le réveil. Je ne peux pas me permettre d'attendre plus longtemps si je veux offrir à mon visage toute l'attention à laquelle il a droit. J'arrive dans la salle de bain, j'ôte mon petit pyjama et je fais couler l'eau froide. Je serre les dents à l'intérieur de la douche mais ça réveille et c'est bon pour la peau. Je passe ensuite devant le miroir et j'étale mon huile sèche sur mes joues et mon front avant de m'extasier devant l'odeur incroyable laissée sur mes mains. Mon dieu, que j'adore ce produit ! Je me sens à Tahiti tous les matins !

Je m'occupe ensuite de mon corps entier et je m'applique à rendre ma peau douce comme une pêche. J'enfile mes vêtements avec excitation parce que c'est la première fois que je porte cet ensemble que je suis allée acheter à Londres avec ma mère deux jours auparavant. Les Parisiennes sont un peu la référence du chic mais les Londoniennes, elles, portent autre chose que du noir. Je coiffe mes cheveux somptueux avec soin et je me maquille après avoir appliqué mes faux cils.

- Ambre ! Ambre, tu as fini ? crie mon frère derrière la porte en donnant des petits coups énervés.

- Pas encore, pourquoi ? C'est déjà l'heure de partir ?

- Non mais tu n'es pas toute seule dans cette maison, j'aimerais utiliser la salle de bain moi aussi ! s'agace-t-il.

Je ris.

- C'est ça, comme si tu ne disais pas ça exprès pour que je me presse et qu'on parte plus tôt, comme ça tu seras en avance pour t'occuper de tes petites affaires de délégué pendant que moi je devrai me geler dans la cour toute seule !

- Je suis sérieux Ambre, j'ai besoin de me doucher ! répète-t-il.

- A d'autres !

Comme si j'allais me faire avoir !

Après m'être trouvée vraiment fabuleuse, je sors de la salle de bain pour trouver la tête de mon frère derrière la porte. Il a la marque du drap sur la joue, ses cheveux sont en bataille et il n'a pas du tout son air cordial de commercial.

- Bon dieu, est-ce que tu sais que tu n'es pas seule sur cette planète, Ambre ? me crie-t-il presque avant de me pousser et de rentrer dans la salle de bain.

Sweet AmortentiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant