Chapitre 2

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Chapitre 2.

Haru s'éveilla difficilement. Il avait encore les idées embrumées. Il se trouvait allongé au milieu d'une pièce aux murs richement décorés où le rouge dominait sur un petit matelas. Des bâtons d'encens avaient été allumés non-loin, embaumant la pièce de leur odeur. Il ne reconnaissait pas l'endroit. Baissant les yeux, il découvrit qu'il portait un Hanfu, un habit chinois. Il devint alors rapidement clair qu'il ne se trouvait plus en territoire japonais.

Pourtant, aucune chaîne n'était en vue. Il ne semblait pas entravé d'une façon ou d'une autre, contrairement à ce qu'il aurait pensé du traitement d'un prisonnier. Sans doute l'avait-on gardé en vie pour demander une rançon.

Quand il essaya de se lever, une peur panique s'empara de lui. Non seulement ne pouvait-il pas bouger les jambes, mais il ne les sentait plus du tout. Du bout des doigts, il toucha la peau de sa cuisses droite, mais n'éprouva aucune sensation. Il comprit rapidement pourquoi personne n'avait jugé bon de l'enchaîner...

— Ah, tu es réveillé. Je n'espérais plus.

Haru tourna la tête pour voir un homme apparaître par les grandes portes doubles. Il fut immédiatement saisi par sa beauté, puis il le reconnut. Il s'agissait bien du dernier adversaire qu'il avait affronté sur le champ de bataille. L'entaille à sa joue, juste sous son œil, le prouvait. Il portait aussi un Hanfu, cousu dans un tissu dispendieux et brodé de motifs floraux. Ses longs cheveux noirs, semblables aux siens, étaient attachés en une queue de cheval sur le dessus de sa tête et descendaient plus bas que ses fesses.

— Vous parlez Japonais ? s'étonna Haru de sa voix fluette et légère.

— Un peu. J'ai appris durant mes études.

Le prisonnier porta une main à sa tête, comme étourdi.

— Où suis-je ?

— Au palais impérial de la capitale.

Les craintes du jeune homme se concrétisèrent.

— Avez-vous fait une demande de rançon ? s'enquit-il.

— Non.

— Ne suis-je pas un prisonnier de guerre ?

— Certes.

— Alors... que va-t-il m'arriver ? Si vous ne demandez pas de rançon, laissez-moi demander le Seppuku. Je vous en supplie.

Soit le suicide rituel qui permettait aux guerriers d'obtenir une mort honorable. Ses jambes ne fonctionnaient plus, il ne servait plus à rien. Alors à quoi bon vivre, prisonnier aux mains de l'ennemi ? Sa situation apporterait la honte sur sa famille...

Le visage de son interlocuteur s'obscurcit.

— Je connais les traditions guerrières japonaises, mais elles ne sont pas les nôtres. Ton destin n'est pas de mourir maintenant. L'Empereur va te recevoir.

Haru blêmit.

— L'Empereur ? Mais... pourquoi ?

Les empereurs ne rendaient pas visite à des prisonniers comme lui. Tout cela était mauvais signe. Il avait entendu des rumeurs sur l'Empereur chinois... elles le dépeignaient comme un homme froid et cruel. Son interlocuteur ne lui répondit pas.

— Je sais que tu ne peux plus marcher, dit-il à la place après un instant de silence, les guérisseurs ont dit qu'ils seraient surpris si tu arrivais à utiliser tes jambes à nouveau un jour. Alors, ne tente pas une fuite idiote : tu n'irais pas loin.

Là-dessus, son visiteur tourna les talons et referma les portes derrière lui. Haru aurait pu fondre en larmes, mais il demeura fort. La pièce était vide à l'exception de l'encens qui brûlait dans un coin et de son matelas. Il n'y avait aucun moyen de fuir (autrement qu'en rampant) ni aucune manière d'attenter à ses jours.

Il était désespéré.

Fleur d'OrientWhere stories live. Discover now