Chapitre [107]

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Quelques jours après cette fête, qui était un jour comme les autres pour notre couple de soldats, Francesco se décida à sortir du lit après une longue sieste. À en juger par le crépuscule derrière la fenêtre, l'on devait être en début de soirée. Il observa un instant le paysage qui s'offrait à lui. Ce n'était pas les toits de Paris car leur chambre était au premier étage, et encore moins de grands hôtels particuliers au vu de leur quartier modeste. Il n'avait devant les yeux que de simples maisons brunes collées les unes aux autres, surplombées par un soleil couchant. Il ne pouvait même pas apercevoir la rue, du moins sauf en se penchant, car leur fenêtre faisait face à celle voisine. Dont la pièce semblait être inhabitée, car ils n'y avaient jamais aperçu personne.

Après avoir ramassé son peigne qui traînait au pied du lit, il s'était mis à la recherche de son miroir.

Son apparence était une chose importante pour lui, et même lorsqu'il partait en campagne, il n'oubliait jamais d'en prendre un dans sa poche. Cela semblait narcissique, mais peu importe ; il savait qu'il avait un beau physique, et il voulait l'entretenir, et puis après? Il avait besoin de brosser ses longues mèches rebelles, et de revêtir de belles chemises voire un bel uniforme pour se sentir à l'aise. Ce n'était pas comme Sébastien qui ne se coiffait jamais et portait toujours les mêmes vêtements troués... il devra vraiment faire quelque chose avec lui. Peut-être commencer par l'éduquer.

Il avait fouillé l'armoire, le coffre, le lit - au-dessus et en-dessous - , le bric-a-brac de livres, d'armes et de vêtements, et toujours aucune trace de ce miroir. Pourtant, l'on pouvait le tenir dans les deux mains, il n'était pas tout petit, même s'il n'était pas grand non plus

Il n'y avait qu'une seule possibilité.

Il jeta son peigne sur le lit, ouvrit violemment la porte et couru d'un pas vif en bas des escaliers. Une fois dehors, il cria :

- Sébastien!! RENDS-MOI MON MIROIR!!!! QUE JE TE FRACASSE LA FIGURE AVEC!!

S'il l'avait vendu ou cassé, il allait le payer cher.

Il se retrouva au milieu de la rue, et s'empressa d'aller en face, chez Marie. De toutes façons, son ami ne pouvait être à aucun autre endroit. Il était bien trop froussard pour sortir du quartier sans lui. La grande salle de l'auberge était pleine de clients, et bruyante, mais peu importe. Il ne jeta pas d'œil à la salle et fila à la cuisine.

Il y trouva la jeune femme, chantonnant et faisant cuir des légumes dans une casserole. Elle dansait en même temps, et Francesco remarqua de suite qu'elle n'était pas sobre.

- Marie, est-ce que Sébastien est passé par ici? Lui demanda-t-il de but en blanc.

- Hmmm? Oh, mon beeeel oiseauuuuuu! Lui sourit-elle, heureuse de le voir.

- Si je l'attrape!! Dis, tu n'aurais pas un miroir? Même un petit...

- Oooh mon beauuuuuuuuuu napolitain veut admirer... hic... son joli minois...?

Il jeta un œil à la casserole, curieux de voir le futur repas en préparation.

- Je voudrais surtout me coiffer. Mais cet abruti de Sébastien m'a volé mon miroir, j'en suis certain...! Juste pour m'ennuyer, il n'a vraiment rien d'autre à faire?!

Marie se lécha les lèvres et passa sa main dans ses cheveux épais.

- Rassure toi... tes belles boucles châtains... sont comme il se doit- hic!

- Pas pour moi! Regarde comme elles se lèvent. Je ne supporte pas de ne pas être présentable.

Elle continua de remuer les légumes et se mit à rire.

Folie rime avec irréfléchiWhere stories live. Discover now