Chapitre 43

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Depuis qu'Adrien est parti‚ je profite de son lit pleinement. Il y a encore son odeur sur son oreiller‚ comme s'il venait de me quitter. Maintenant‚ c'est à moi de partir. Bastian m'emmène voir les reconstructions de la forêt amazonienne pour 24h. Adrien ne sera pas là‚ il ne reviendra peut-être jamais. Cela fait au moins un mois qu'il est parti.
Je l'imagine‚ menant sa purge. Au bout des fils retenant ses membres‚ Alexandre LeGrand et ses mains. Une belle marionnette aux cheveux poivre et sel en bataille, au regard sévère et aux sourcils froncés constamment. Je ris doucement en repensant à cette mine qu'il s'efforce de tenir. J'aimerais bien couper ces fils qui le retiennent toujours d'un bon coup de ciseaux.
Adrien, abandonne et viens près de moi...

Il ne t'entend pas.

    Parfois, je me dis que le destin est bien fait. Si Alexandre LeGrand n'avait jamais mis de puces électroniques à tous les nouveaux nés, il n'aurait jamais découvert cette mutation que je possède et ne l'aurai jamais convoité. Il n'aurait alors jamais demandé à Adrien de me chercher à Paris. Je ne l'aurai pas rencontré, ni ce petit Thomas.
    Berkeley, le père d'Adrien nous a financés. C'était sur le moment la chose la plus loufoque et déconcertante qu'il m'est été donné de vivre. Mais maintenant, je me rends compte à quel point ça m'a été salvateur. Si je reviens à Paris un jour, je remercierai son père.

Un toc-toc me sort brusquement de mes pensées.

***

Je monte doucement les escaliers de la Tour. Le couvre-feu est déjà passé depuis un moment, et il vaut mieux ne pas trop attirer l'attention.
C'est aujourd'hui le jour que j'ai choisi pour ma demande. Cette fameuse demande, je dois être le seul ici à pouvoir encore la faire, les couples étant établis par Alexandre LeGrand. J'arrive au niveau des appartements de Tante Rosalilde. J'ai la boule au ventre mais avec sorte de sourire incontrôlable. Je me sens ridicule et bête, mais c'est certain que ça fera plaisir à Diana.
On dit qu'à une demande en mariage, on offrait une bague à sa future épouse. Maintenant, ça ne se fait plus. Mais j'ai quand même "trouvé" une bague pour elle à Paris.

Ça y est. Je suis devant la porte de ma chambre. Mon coeur bat à tout rompre, aucun défilement n'est permis. Mon front est perlé de sueur que j'estompe d'un revers de la main. J'ai extrêmement chaud. J'entre et silence. Il fait sombre, elle dort peut-être ? En m'approchant du lit, je le vois fais. Aucune tête ne dépasse des couvertures. Les oreillers sont froids, même glacés. Où est-elle ?

Mon sourire disparaît‚ mais je ne cède pas à la panique. Je cours voir dans la cuisine et la salle à manger. Rien. Personne. Je cours dans l'autre sens vers l'atelier de Tante Rosalilde. J'ouvre brutalement la porte, le regard brûlant.

Tante Rosalilde se lève pour me saluer. Thomas au coin de la pièce essayait de descendre de sa chaise avec précaution.

"- Adrien ! Mon bon neveu ! Comment s'est passé ton voyage ?

Elle fait comme si rien n'était. De plus‚ que font-ils encore debout après le couvre-feu ?

- Traitresse ! J'hurle. Où est-elle ?!

Rosalilde sursaute et prend peur. Diana ne serait sûrement pas partie d'elle-même. C'est impossible. Elle est bien trop heureuse de s'être débarrassée de la vie à l'extérieur de la Bulle. Elle ne serait pas non plus partie à ma recherche si l'on suit la raison. Diana est une fille intelligente malgré tout. Soit, Rosalilde et Clara l'ont chassé, soit l'autre enfoiré s'est cassé avec elle et Rosalilde est de mèche. Alexandre LeGrand aurait aussi pu s'en débarrasser, mais je ne le pense pas capable de me nuir.

- ROSALILDE ! RÉPONDS ! Je gronde.

- Oh mon neveu... Adrien... Diana est partie hier matin avant ton arrivée dans un camp en Amazonie. Pour voir ... Ce qu'ils y font. Bastian a promis de la ramener demain matin à la première heure, tente t-elle. Et même, tu auras toujours Clara, non ?

Je comprends soudain. C'était la phrase de trop.

- Avoue que tu voulais te débarrasser d'elle. Cruelle, tu cachais bien ton jeu. Traitresse ! Au fond, tu n'as jamais accepté que je puisse aimer une misque. Tu ne l'hébergeais que pour que je reste près de toi. Hein ? je lâche avec un sourire narquois en cachant ma colère. Avoue.

-... Adrien... elle dit sans voix et paniquée.

- Alors ? Eh, je vais aller la chercher cette gamine. On verra qui va la ramener...

Je claque la porte

Sans l'Ombre d'un Battement d'AilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant