Chapitre 18 (suite)

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***

Yankee, mes frères et moi sommes devenus inséparables, et chaque samedi soir, j'ai pris l'habitude de sortir au Puma avec eux. Malgré toutes les filles qui s'agitent autour de moi, je demeure obnubilé par mon unique et ancienne petite amie, Agnès. C'est la raison pour laquelle je préfère rester assis dans la banquette qui nous est réservée, à discuter et à boire un verre avec ma bande plutôt que danser ou draguer comme le font les hommes de ma famille. La discothèque est un véritable terrain de chasse pour eux, ils en profitent pour sortir avec des femmes qui ne sont pas de notre communauté et qui acceptent de flirter et leur accorder des faveurs. Tito n'est pas le dernier à apprécier ces soirées à « courir la galinette », tel qu'il le dit. Paco est plus raisonnable, même s'il s'autorise parfois une escapade, il essaie de préserver sa réputation pour séduire la gitane de ses rêves qui l'attend sagement dans un camp voisin.

Celui-ci se sert un verre et m'interroge en haussant le ton pour que je l'entende malgré la musique :

— Y a plus de glace ?

— Je vais en chercher...

Non sans difficulté à cause de tout ce que j'ai déjà bu, je profite de sa demande pour me lever. Je saisis le pot et me dirige jusqu'au bar. Les nombreux spots offrent de jolis jeux de lumière, notamment sur la piste pleine à craquer. Les corps des danseurs sont collés serrés, sur les côtés les banquettes sont également bien chargées et je dois me faufiler au milieu de tous ces inconnus pour atteindre mon objectif.

J'arrive enfin au comptoir et lorsque je trouve une petite place pour poser mon pot à glaçons, je me fais bousculer par une jeune fille blonde au maquillage un brin trop prononcé. Mes bonnes manières prennent le dessus et je la laisse passer. Elle me sourit en guise de remerciement et commande un soda, sans me quitter des yeux. Je suis un peu gêné par son regard insistant et je choisis de l'ignorer. Je n'aime pas ce genre de personnes qui font du rentre-dedans.

— Hey, Scar ! m'interpelle Tito en me tapant sur l'épaule. Alors, tu les amènes quand, ces glaçons ?

— Ça arrive !

— Ah salut, Belinda ! lance-t-il en direction de la blonde trop maquillée.

— Salut !

Ils se font la bise et semblent heureux de se revoir.

— C'est notre cousine la Belinda, m'indique-t-il un grand sourire aux lèvres.

— Je t'avais reconnue ! ajoute la jolie blonde au visage malicieux, sans me quitter des yeux. J'ai beaucoup entendu parler de toi, d'ailleurs...

— La Belinda était à l'enterrement de la nona, elle habite au terrain de la butte, précise Tito.

Je mime de m'intéresser à la conversation, en attendant que la serveuse remplisse mon pot. Le fait que nous soyons cousins, certes éloignés, permet à Belinda quelques familiarités avec nous. Elle peut prendre le temps de parler naturellement sans risque de passer pour une fille facile auprès des gens de notre communauté. Malheureusement pour elle, depuis Agnès, aucune femme ne trouve grâce à mes yeux. Je lui souris une dernière fois en récupérant enfin mes glaçons et lui tourne le dos pour m'échapper vers la banquette où Paco s'impatiente.

— Tu faisais quoi ?

Je hausse les épaules et me laisse tomber sur le divan rouge quand Tito qui me suivait commente :

— Il parlait avec la Belinda...

Tous les regards de mes cousins se penchent vers moi et me dévisagent. Il semblerait que Belinda intéresse les hommes de ma famille. Ne voulant pas attirer l'attention sur moi, je me défends aussitôt :

SCAR - Pour le plus grand malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant