Chapitre 19 : De l'autre bout du monde

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Assis côtes à côtes sur le lit de Grey, ce dernier et son frère adoptif étaient plongés dans le silence. Lyon tenait la lettre entre des mains légèrement tremblantes, ses yeux noirs parcourant les lignes avec une attention extrême. Les mots déjà gravés dans son esprit, comme au fer rouge, pour avoir lu la missive au moins une dizaine de fois, Grey décida de s'occuper l'esprit en attendant la fin de la lecture du jeune homme aux cheveux blancs, balayant la chambre des yeux à la recherche d'une distraction.

L'ampoule de la lampe de chevet, allumée pour plus de clarté, clignotait à intervalles réguliers, jetant des ombres sur le visage concentré de Lyon. La pièce, que le pianiste partageait avec les autres membres de son groupe, était assez petite pour quatre personnes, comme toutes les autres chambres du couloir. Il fallait dire que s'ils comparaient avec les chambres du Manoir, tout paraissait minuscule. 

Le lit de Natsu, laissé dans une pagaille monstre, faisait peine à voir. Les couvertures étaient jetées d'un côté du matelas, l'oreiller à terre, et la valise ouverte du chanteur laissait offert au regard le foutoir monstre s'y trouvant. Grey ne voulait même pas essayer de savoir ce que faisait ce slip kangourou à imprimés sucre d'orges au dessus de la pile de linge sale. 

A l'opposé total, on pouvait observer le lit de Jellal, qui était au-dessus de celui de Natsu. Les couvertures étaient pliées, le drap parfaitement bordé, et la valise du batteur, abandonnée quelque part près de la salle de bain, décemment fermée. Mais si on venait à ouvrir le bagage, Grey était quasiment sûr qu'il trouverait tout organisé, peut-être même en ordre de couleurs. L'ami d'enfance d'Erza pouvait parfois se montrer à la limite de maniaque, il fallait croire que tout organiser aidait à apaiser son naturel stressé.

Luxus avait replié ses draps sur le matelas sans trop faire attention à leurs plis, et sa guitare électrique trônait en plein sur l'oreiller. Sa valise posée à côté de son ampli était beaucoup trop grande pour le peu de temps qu'ils avaient originellement prévu de passer au palais, à se demander ce qu'il avait foutu dedans. Grey n'était pas sûr de vouloir connaître la réponse.

- J'arrive pas à croire que ça se soit passé sans même qu'on le sache, finit par parler Lyon, le sortant de ses pensées.

Le jeune homme avait abaissé la lettre, qui reposait à présent sur ses genoux, et regardait intensément son frère adoptif, comme attendant de lui une explication. 

- Ouais, je sais... Apparemment c'est pas la première lettre qu'ils essayent de nous envoyer, le réseau postal de Doralmia doit vraiment être hors d'état. Déjà qu'ils n'ont pas de réseau téléphonique, maintenant les lettres ne passent même plus, soupira le pianiste en réponse, ses yeux bleus chargés d'un voile d'inquiétude.

Ils venaient de recevoir  des nouvelles de leur famille, originaire d'un village un peu perdu et renfermé sur lui même dans les montagnes de Doralmia. La première lettre depuis au moins un an, et ça avait de quoi les inquiéter, puisque ces petits bouts de papier étaient leur seul moyen de communiquer. Le vieux continent était vraiment un cas à part, voisin du moderne Fiore, et replongé depuis au moins dix ans dans un mode de vie anarchiste sans vraiment de lois. Personne ne pouvait dire avec certitude ce qui se passait là-bas. Depuis que la famille royale avait été renversée puis assassinée par une révolte populaire encouragée par les soldats adverses, les familles nobles chassées au mieux, tuées au pire, la vie quotidienne des gens changeait drastiquement en fonction de leur village. Faute de réel pouvoir central, on avait repris pour la plupart les vieilles coutumes. Un chef de village avait tous droits sur les habitants, et il restait en poste jusqu'à sa mort. Il suffisait de très peu pour que certains endroits deviennent invivables.

L'Orphelinat du Paradis, tristement célèbre, avait d'ailleurs pu se créer uniquement à cause du climat de guerre et de l'absence totale de régulations ou de lois. Les raids passaient pour des attaques ennemies, on ne remarquait pas la disparition des orphelins de guerre ou des gamins des rues, et quand la surveillance se faisait plus accrue ou les gens plus méfiants, quand utiliser la force devenait inutile, ils avaient usé de tactiques plus sournoises. Si Fiore n'avait pas eu la bonne idée de mettre son nez dans cette sombre affaire, peut-être Cobra, Midnight, Sorano, Erza, Kinana, Jellal et Meldy seraient ils toujours prisonnier de l'endroit.

Lyon soupira lourdement, puis posa une main légère sur l'épaule de son frère adoptif. Peut-être parce qu'il était un peu plus vieux, mais il avait toujours endossé d'autorité ce rôle de protecteur. C'était quelque chose qui lui était venu d'instinct, quand il n'avait pas plus de dix ans, en voyant Grey arriver chez lui. Même si parfois ça énervait le concerné, Lyon n'y pouvait rien, ça lui venait comme un réflexe. Une seconde peau.

- Hey, ne te ronge pas trop les sangs pour ça, d'accord ? Silver a l'air d'être en forme, lança t-il d'un ton qui se voulait léger, alors que Grey se mordait l'intérieur de la joue.

Le pianiste s'autorisa un sourire. Ses yeux brillaient un peu sous la lumière inconstante de la lampe de chevet, mais Lyon n'arrivait pas à savoir si c'était sous la nostalgie, ou si quelques larmes avaient commencé à se former au coin des yeux du plus jeune.

- Oul ne le laisse sûrement pas faire l'idiot et se dégrader la santé, c'est pour ça, ricana t-il, la vision familière de son père et de sa mère adoptive se disputant à ce propos défilant dans son esprit.

Au vu du grand sourire arboré par le réalisateur, ils avaient eu exactement le même souvenir en tête. Ils n'éprouvèrent pas le besoin d'en rajouter plus que ça, et retournèrent à leur confortable silence. C'était souvent comme cela lorsqu'ils ne se trouvaient que tous les deux : soit ils se taquinaient sans fin, jusqu'à se battre parfois, soit ils se retrouvaient avares de paroles, n'en ayant plus besoin pour se comprendre. Grey se laissa tomber en arrière sur son lit, les bras écartés, et ferma les yeux un bref instant. Quand il les rouvrit, Lyon le fixait, amusé.

- Tu as des nouvelles de Doralmia ? interrogea le pianiste, vainement il le savait bien, mais ça ne coûtait rien d'essayer. 

Lyon se massa l'épaule d'un air gêné, et lui offrit un regard désolé en secouant la tête.

- Non, avoua t-il avec une grimace. Mais j'ai envie d'aller voir par moi-même, et de leur rendre une visite. Ils n'ont jamais rencontré Meldy, je ne peux pas me marier comme ça ! ajouta t-il ensuite avec un sourire en coin, comme si c'était la seule raison qui le motivait à lancer cette idée.

Grey lui frappa doucement l'épaule, comme pour lui faire passer le message d'arrêter de dire des conneries, mais il acquiesça d'un mouvement de tête. Ce projet sonnait mélodieusement à ses oreilles, restait à le murir et... En faire part aux autres.

NDA : 1 h 1 du matin ? Je m'améliore un peu non ? De cinq minutes mais, hey c'est déjà ça-

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NDA : 1 h 1 du matin ? Je m'améliore un peu non ? De cinq minutes mais, hey c'est déjà ça-

Un petit moment entre frères, parce que ces deux là sont adorables tout au fond ~ Vous savez enfin ce qu'il y avait dans cette fameuse lettre ! Alors, surpris ou pas ? :3


Bodyguards [Tome 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant