Chapitre 6

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Cependant, Mia avait depuis longtemps suffisamment peur des hommes pour que cela ne provoque aucune autre réaction chez elle que de se terrer chez elle, le nez dans ses livres.

Anahéra finit par trouver ça louche.

- alors, tu as encore du boulot? Demande t elle un soir qu'elle appelait pour prévenir que ses orques nécessitaient encore sa présence.

- il y a toujours des trucs à revoir...

- oui, mais tu peux le faire dehors... ça va faire trois semaines que tu n'es plus sortie... tes copines sont graves avec toi à ce point?

- je les ai pas revues...

- oh, et ben, va au bar toute seule, les serveuses t'adorent...

- leur patron moins...

- oui, c'est sur... et il y a Axel, il est mignon comme tout... grand... musclé...

- arrête...

- oh c'est lui, c'est ça... il t'a manqué de respect?

- non, il est super gentil et correct... mais...

- tu vas prendre tes cahiers, cousine et aller là bas... sinon j'appelle ta Ava et lui balance que tu kiffes le serveur!!

- arrête Ana!

- oui j'arrête, mais toi, ne te caches pas, tu as besoin de prendre l'air...

- tu as sûrement raison...

- et puis, il est peut être en congé si il te fait si peur...

- laisse tomber...

Mia se met en route... cela faisait trois semaines qu'elle n'était pas retournée au bar... pas depuis sa rapide discussion avec ce garçon dans le bus... il doit se dire qu'elle ne veut pas le voir... et d'ailleurs, c'était vrai... enfin, elle ne veut pas le voir, pas lui parler, mais sa voix, ses regards complices et sa présence lui manquent...

Elle arrive devant le bar, mal à l'aise de se sentir si... impatiente... elle se trouve nez à nez avec un regard noisette. Le jeune homme reste pétrifié au milieu des tables, sans réussir à la quitter des yeux, il a tellement espéré sa venue, puis enragé de l'attendre alors qu'elle était manifestement passée à autre chose... et là, une colère sourde gronde en lui, il s'en veut d'être si... heureux de la revoir... Mia...

Quelque chose dans son regard le détourne de sa colère, il y lit du regret... de la tristesse... oui beaucoup de regret et de peine...mais par dessus tout... de la peur... Elle respire un grand coup et s'avance sans lâcher son regard.

- bonsoir, il reste une petite place en terrasse?

- ... oui, par là, dans le coin... vous... tu es seule?

- oui...

Il tend le bras pour lui avancer la chaise mais une grimace de douleur n'échappe pas à la jeune femme. Elle découvre sa main gauche maladroitement bandée, tachée de sang et humide.

- qu'est ce que tu as?

- un petit accident domestique... rien de grave...

- ah oui...

Elle le dévisage et remarque sa lèvre fendue et sa joue tuméfiée bien visible malgré sa légère barbe.

- tu t'es battu avec ton domestique??

- voilà exactement... qu'est ce que je vous sers, Ma-de-moi-selle?

- un coca zéro et l'heure à laquelle tu finis.

Là, il ouvre de grands yeux, trois semaines de silence et du rentre-dedans trois minutes après avoir passé la porte???

Mais il comprend qu'il se trompe, le petit pli soucieux entre ses sourcils, indique que son intérêt est professionnel...

- il finit dans trois quart d'heure, déclare Eva, et depuis ce matin, je lui dit qu'il va choper la mort avec sa vilaine blessure et son bandage merdique qu'il se traîne même pour faire la vaisselle.

- Va. Servir. Tes. Clients.

- Laisse. Mia. T'aider. Abruti.

- il me semble que j'ai demandé un coca zéro, répète t elle en allant s'asseoir.

- voilà.

Elle plante son regard dans le sien, vide le verre d'un trait, et règle la note avant de s'en aller.

- elle te plaît...

- c'est pas réciproque.

- bien sur que si...

- elle vient de se barrer.

- attends...

- cette fille est morte de trouille... commente Madison arrivée dans leur dos.

- et ce con là, aussi, ironise Eva en désignant son collègue. Alerte rouge patron à dix heures, au boulot.

Il faut y croire.Where stories live. Discover now