Chapitre IV- Décision

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Helena passa plusieurs heures dans une sorte de transe.

Sans Jessy, elle ne savait plus quoi faire.

Elle aurait put se dire que c'était fini, que maintenant, elle devrait se battre seulement pour elle seule, mais c'était trop dur. Reconstruire sa vie une nouvelle fois lui semblait être un obstacle trop dur à surmonter pour qu'elle essaye.

Peu à peu, alors que l'armure si durement construite recommençait à se briser, ses pensées remontèrent vers une famille encore unie avant de diverger vers sa mère. Encore et toujours.

Bientôt, son esprit se focalisa uniquement sur la vie de celle-ci : son enfance, son adolescence, ses études, sa rencontre avec le futur père de ses enfants.

Père... père... père...

Ce mot se mit à tourner dans sa tête jusqu'à ce que le panneau « URGENCE » se mette à clignoter devant ses yeux.

Elle se précipita hors de sa chambre pour aller dans le salon... Et ce qu'elle vit lui brisa le cœur.

Son père était assis sur le sofa, sa bouteille de vodka, vide, abandonnée par terre, un cadre à la main.

Helena s'approcha doucement de lui. Il tenait dans ses paumes rugueuses sa photo préférée. Sur celle-ci, on pouvait voir toute leur famille pendant les grandes vacances, quatre ans auparavant. Elle sourit en repensant à cette année là: leur mère avait décidé sur un coup de tête de tous les emmener à la plage. Au Mexique. Elle disait toujours que la côte Pacifique était la plus belle, et elle avait bien raison. Elle les avaient traînés jusqu'à la plus belle plage qui ai jamais été donné à Helena de voir. Avec son eau si claire qu'on pouvait voir les poissons vivre dans le fond marin, un banc de sable si blanc qu'il éclatait au soleil et un horizon infini qui offrait une vision de petit paradis sur Terre.

Ils y étaient restés tout l'été et le dernier jour, ils avaient pris cette photo. Tous les quatre, le dos tourné à l'océan, dans les bras l'un de l'autre. Oui, c'était une belle photo.

La jeune fille s'assit doucement aux côtés de son père et lui prit la main. Il la regarda un long moment avant de murmurer d'une voix enrouée :

-D'abord elle, puis lui. Je ne verrais plus jamais ses yeux...

La cruelle vérité de cette affirmation acheva de briser le cœur d'Helena.

-Je sais.

Ils ne dirent plus rien pendant un long moment, se contentant de regarder le cliché. Puis, au fur et à mesure que la jeune femme regardait sa mère, ses yeux furent attirés vers ceux de la femme qu'elle appelait "maman". Ils étaient identiques à ceux de Jessy, son père avait raison. Et elle ne pouvait pas se résigner à ne plus jamais les voir. Sa vie ne serait jamais la même sans son petit frère et elle n'était pas prête à le voir partir.

Elle prit une décision. Complètement folle et probablement irréalisable, mais elle ne voulait pas continuer sa vie avec ce sentiment d'avoir abandonner sans se battre. C'est pour cela qu'elle avait arrêter les tentatives de suicide. Parce qu'elle s'était souvenu, ce matin-là, au bord de la côte, la troisième fois, que sa mère lui avait toujours dit se battre.

Elle le lui avait dit juste avant de mourir, Helena s'en souvenait trop bien : « Bats-toi toujours pour ce que tu veux, parce que la vie est souvent dure et chaotique, mais elle vaut la peine d'être vécue. Donne tout ce que tu as, mon ange, parce que, de toute manière, tu n'en sortiras pas vivante... »

Puis elle était morte.



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