Tome 2 - Chapitre 3 (suite)

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Je passe toutes mes nuits à élaborer des plans en fonction des informations que mes cousins et mes frères ont plus collectées pour nos futurs coups. Terminé les petits larcins de débutants, je vise de gros calibres, des voitures de sport ou de collection. S'il faut employer les armes comme dans les plus grands braquages de banque, je n'hésiterai pas. Je ne veux pas non plus en arriver à flinguer quelqu'un, juste à l'intimider.

La lueur de la modeste lampe accrochée au-dessus de ma tête m'éclaire à peine. Assis dans mon lit au milieu de tout un tas de feuilles volantes que je ferai disparaître demain à la première heure pour ne garder aucune preuve, je me récite la dernière adresse sélectionnée pour notre prochain coup. Je souffle de temps en temps sur mon pectoral qui me lance à cause du tatouage tout frais que je viens de graver. Le dessin de la main que j'ai choisi représente le pire acte à ce jour que j'ai commis, peut-être simplement le premier.

Le craquement de ma terrasse me sort de mes songes, je tends l'oreille en me disant qu'il faut absolument que j'adopte un chien pour me prévenir d'un danger.

Je retiens mon souffle pour écouter et perçois un nouveau bruit. Quelqu'un s'avance dans la nuit, j'en ai la certitude. Mes frères ou même Picouly seraient moins discrets, il s'agit forcément de quelqu'un d'autre. Je suis pris par une angoisse, l'inquiétude me gagne alors, avec précaution, je saisis mon fusil déjà chargé, posé sur le sol juste à porter, et le pointe vers la porte d'entrée, prêt à tirer. Depuis que j'ai tranché la main à Hubert, je ne suis plus tranquille. Je fais beaucoup de cauchemars et je dors avec mon arme à mes côtés, pour pouvoir agir vite su besoin.

J'attends ainsi sans bouger, la personne dehors doit me voir à travers les fenêtres puisque je n'ai pas baissé les stores et que ma lumière est allumée. La porte que je ne verrouille jamais s'ouvre avec délicatesse et je suis sur le point de tirer.

Mon cœur bat à cent à l'heure et je me fais une multitude de films en songeant à tous les ennemis que j'ai. D'abord ce foutu Hubert, peut-être m'a-t-il envoyé un mercenaire pour se venger ? Est-ce mon oncle qui redoute que du jour au lendemain je ne prenne sa place de chef ? À moins que ce ne soit Bastian qui veuille me trucider à cause des regards que me lance sa femme ?

Une chevelure blonde apparaît dans l'embrasure : Belinda.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— C'est moi, Belinda !

Elle détaille inquiète la pointe de mon arme que je baisse aussitôt et repose sur le plancher de la caravane. Je suis contrarié qu'elle s'aventure jusque là en pleine nuit. Je vais avoir des ennuis et devrais la renvoyer immédiatement, mais son sourire aguicheur me retient d'agir. Et si Belinda m'offrait ma vengeance envers toutes les humiliations que m'a fait subir Bastian ? Un plan machiavélique se dessine soudain.

— Je m'ennuie ! lance-t-elle en minaudant, emmitouflée dans son peignoir rose.

— Comment ça tu t'ennuies ?

— Bastian est encore parti à la tonne*, comme presque toutes les nuits...

Mon cousin n'a pas changé ses habitudes pour sa femme. L'automne est la meilleure période pour la chasse aux canards et il ne se prive pas de ses escapades entre hommes chaque soirée, délaissant sa jeune épouse.

— Tu ne devrais pas venir jusqu'ici, quelqu'un t'a peut-être vu !

— J'ai fait très attention ! m'assure Bélinda en grimpant sur mon lit.

— Attention ! râlé-je.

J'entreprends de rassembler tous les morceaux de papier qui détiennent mes notes et que Belinda éparpille. Ils étaient tous classés de manière très précise, mais rapidement la belle blonde s'installe à califourchon sur moi et je décide de laisser tomber. Je me retrouve à sa merci et j'aime cette sensation.
Je n'ai eu que très peu d'aventures après Agnès, deux ou trois filles rencontrées en discothèque pour essayer d'oublier et suivre les conseils absurdes de mes frères. Alors sentir Belinda sur moi me fait tressaillir, je suis assailli par le désir.

Je tente de trouver une raison de ne pas lui céder, mais je n'en vois aucune. Belinda est mariée avec mon pire ennemi et découvrir la femme de Bastian en chemise de nuit sur moi m'excite. Il serait fou de rage s'il nous apercevait, et moi, je jubile de savoir que je vais lui voler ce qu'il a de plus précieux, son épouse et son honneur. Après tout, c'est moi qu'elle avait choisi en premier. Je l'ai éconduite pour Agnès, c'était la seule fille qui m'a toujours plu. Elle sera à jamais mon unique amour, la vie sans elle n'est que souffrance. Je hais toutes les autres femmes, car aucune ne lui ressemble. Pourquoi me suis-je entiché d'elle ? J'aurai mieux fait de rester avec Bélinda.

Elle est belle au-dessus de moi, elle me sourit, ses cheveux blonds détachés tombent sur ses épaules. Elle défait le lien de son peignoir et me laisse deviner sa chemise de nuit fine et décolletée. Je ne bouge pas, je profite du spectacle et la regarde faire son petit numéro de charme jusqu'à ce que je réalise que ma lumière est encore allumée, tout le monde peut nous voir.

Je tends le bras pour appuyer sur l'interrupteur, puis je pose mes mains sur ses cuisses nues et douces.

— Pourquoi t'es venue jusqu'ici ?

— Je te l'ai dit, je m'ennuie !

— Tu sais que si Bastian apprend que tu es là, il n'hésitera pas à nous mettre un coup de fusil ?

— Tu le défendras, dit-elle sur un ton exagérément enfantin. J'en ai marre de passer mes nuits seules...

Elle retire totalement son peignoir et se retrouve désormais en déshabillé en soie, terriblement sexy au touché.

— Pourquoi tu t'es mariée avec lui ?

— Tu ne voulais plus de moi !

Elle repose sa poitrine lourde et pulpeuse contre moi en se penchant en avant pour m'embrasser dans le cou pendant que je continue de lui parler.

— T'as pas beaucoup attendu après moi...

Elle se redresse et s'appuie sur mon torse. Un frisson de douleur me parcourt à cause de mon tatouage récent, mais je me garde bien de le lui faire remarquer.

— Tu m'as laissé tomber du jour au lendemain, sans raison ! Bastian m'a consolée !

Ses lèvres chaudes et humides s'emparent des miennes tandis que je remonte mes mains sur ses fesses pour l'inciter à continuer.

Je ne sais pas ce que ressent Belinda pour moi. Personnellement, je suis bien trop perdu pour connaître à nouveau une histoire d'amour aussi forte que celle que j'ai vécue avec Agnès. Je saisis l'instant présent et Bélinda en fait partie. Ce soir, elle me permet de fermer les yeux et d'oublier. Demain aux aurores, je la renverrai gentiment rejoindre sa caravane et retrouver son mari.

Je détiens enfin ma vengeance et cette idée me rend fou de joie. Ce n'est pas encore le moment de l'annoncer. Je vais garder cette aventure pour moi, le temps qu'il faut.

*tonne = cabane de chasse

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Alors team Agnes ou team Belinda ?

Notez que je suis à l'heure ce soir !!!
Pensez à cocher la petite étoile !

SCAR - Pour le plus grand malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant