Tome 2 - Chapitre 8 (suite 2)

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Dans la lueur d'un lampadaire, je me force à rester calme, à paraître poli et respectueux pour expliquer à l'agent qui semble diriger l'opération qu'il s'agit d'un énorme malentendu. L'homme qui est largement plus grand que moi, pourtant je suis loin d'être petit, n'a que faire de ce que je déblatère. D'un revers de bras ferme et musclé, il me coupe la parole pour m'obliger à reculer.

— S'il vous plaît, monsieur ! tenté-je à nouveau.

Je me racle le fond de la gorge, qui me pique à cause des gaz pour continuer de négocier :

— Monsieur l'agent, j'insiste ! Mon frère n'a rien à voir dans cette histoire. Il s'est retrouvé pris à partie et n'a fait que se défendre.

À mon grand dam, le gendarme n'écoute rien et s'agite dans tous les sens pour sécuriser les lieux. Il déroule un ruban rouge et blanc pour bloquer l'accès de l'entrée et s'aventure à l'intérieur pour entendre un videur qui souhaite lui donner sa version des faits.

Je ne lâche pas l'affaire, enjambe le barrage bicolore et lui emboîte le pas.

— Monsieur l'agent, je conçois parfaitement que vous tentiez de faire votre travail, il n'empêche que vous êtes sur le point de commettre une injustice...

Je pèse chacun de mes mots, pour montrer que je ne suis pas une vermine, mais également pour ne pas braquer l'officier qui commence à s'impatienter. Il gratte son menton rasé de près et soupire bruyamment.

— Écoute jeune homme, je ne sais pas qui tu es, mais tu ferais bien de me foutre la paix si tu veux pas que je t'embarque aussi.

Il pose ses yeux sur mes tatouages et m'examine, tentant de percer quel démon je suis derrière mon apparence bien propre. Son regard noir et déterminé me force à plier en retraite pour trouver une nouvelle stratégie.

— Pas de soucis ! murmuré-je avant de tourner les talons.

Durant quelques instants, je cherche des silhouettes connues autour de moi, mais en vain. Je décide de me rendre au fourgon de Paco et traverse le parking désormais chargé de monde. Je retrouve mon frère aîné, le visage tuméfié et rempli d'ecchymoses, mais également Yankee, ainsi que mes deux amis et une partie de notre bande.

— On fait quoi, Scar ? m'interroge un Karlo inquiet par la tournure des événements.

Je m'allume une cigarette et tire une latte avec intensité. J'ai besoin de quelques minutes pour réfléchir.

— Les condés, c'est jamais bon de les avoir sur le dos ! commente Yankee en soupirant.

Les mains enfoncées dans les poches, il trépigne dans ses baskets, à proximité de moi.

— Ils vont nous repérer et nous avoir dans le collimateur, maintenant ! ajoute Paco en se hissant au volant de son véhicule.

Il se penche sur le rétroviseur et regarde les blessures légères dessinées sur son visage. J'installe sur le siège passager, à côté de lui, pour m'isoler et songer loin de toute le monde à une issue. Je tapote le tableau de bord.

— La seule solution, c'est qu'il n'y ait pas de plainte ! me conseille Stazek qui est appuyé à côté de Paco.

J'ouvre ma fenêtre et souffle la fumée de ma clope vers l'extérieur avant de dire très calmement :

— Si c'est que ça, on peut s'arranger !

— Comment ? m'interroge Paco, en enfilant sa casquette.

Il tire sur la visière sur ses yeux pour dissimuler une partie de son visage écorché tandis que je lui demande s'il sait où je cache mon fric. Il acquiesce d'un signe de tête.

SCAR - Pour le plus grand malOù les histoires vivent. Découvrez maintenant