Chapitre 50

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~ Lise ~

D'un pas traînant, je sors de la salle d'Anglais. Nono à mes côtés, nous baillons au même moment. Je ne connais pas la raison de sa fatigue, mais de mon côté, je dors mal ces derniers temps. Dès qu'une chose chamboule ma vie, mon sommeil est affecté. En l'occurrence, cette chose, c'est Blake. Et Max aussi. Je lui ai envoyé des messages pour lui demander comment il allait tout en précisant que j'étais en colère après lui. Au moins, cette fois, j'ai eu des réponses.

- Lise ? Fait une voix derrière mon dos.

Une voix que j'aurais aimé ne pas croiser aujourd'hui ni demain ni même les autres jours de ma vie. Je tourne la tête vers Olivia Taylor sans ralentir le pas.

- J'ai vu ta performance en patinage, bravo.

C'est marrant, ses félicitations sonnent faux. Nono jette un mauvais regard en sa direction.

- Tu étais là ? Je demande d'un ton détaché.

- Non mais certaines personnes ont filmé, jolie fin.

J'aimerais retrouver les personnes qui ont posté la vidéo et leur faire avaler de l'acide.

- Merci, dis-je avec un faux sourire en attrapant le bras de Nono afin de nous tirer de là.

- J'imagine que ça a rendu Blu en colère, lance-t-elle dans mon dos.

- Blu hein ? Je répète en arquant un sourcil. Il ne sait même pas qui tu es.

Elle ne semble pas apprécier ma remarque vu les traits de son visage parfait qui se durcissent. Je viens de passer une semaine affreuse à penser à Blake dès que mon esprit vagabonde alors je n'ai pas besoin qu'une peste me parle de lui. Une peste qui rêverait de se le taper, soit dit-en passant.

- Donc la voie est libre ? Reprend-elle.

Nono pose sa main sur mon épaule, mais je perds mon sang-froid. Sous le regard des lycéens autour de nous, je la pousse violemment, la faisant reculer de plusieurs pas.

- Personne ne t'apprécie dans ce lycée, Olivia, dis-je en appuyant sur son prénom. Ton manque de confiance te pousse à t'en prendre aux autres, c'est ridicule. Tu es ridicule. Soigne bien ton apparence parce que de l'intérieur, tu es moisie.

Elle me regarde bouche-bée, les gens autour de moi également.

- Il n'y a rien à voir, je leur lance.

Nono affiche un sourire fière sur le visage quand je me tourne vers lui.

- Je dois aller aux toilettes, dis-je. Va à la cantine, je te rejoindrais.

Il hoche la tête et s'éloigne.

Après avoir passé de l'eau froide sur mon visage, je contemple mes cernes. Je ne me suis pas maquillée aujourd'hui, j'aurais peut-être dû. Mon manque de sommeil se voit sur ma figurer et se ressens sur mon corps. J'ai mal au dos et à la tête. Il faut que je mange quelque chose histoire de me réveiller. En me dirigeant vers la sortie des sanitaires, un gros bruit provenant de l'extérieur me dissuade de sortir. Mon cœur s'accélère, et il retentit une deuxième fois, suivi de plusieurs cris. Des coups de feu. J'ignore d'où ils viennent, mais ils sont tous proches, les gens hurlent au loin et tremblante, je n'ose pas sortir. Je cours dans l'une des cabines et grimpe sur les toilettes pendant qu'un autre coup de feu retentit. Mon cœur bat à toute allure, quelqu'un est en train de tirer. Au bout de quelques secondes, il n'y a plus un bruit. Je tends l'oreille, mais ne discerne pas, pourtant, je suis incapable de sortir de là. Mon téléphone est dans mon casier, je n'ai aucun moyen de joindre Nono ou Alice. J'imagine que la police a déjà été appelée vu le désordre que cela a fait. Je suis seule et terrifiée. Si je sors, je risque de me prendre une balle. Des bruits de pas résonnent dans le couloir et je me fige, je tente de bloquer ma respiration pour ne produire aucun son. Le détraqué qui a tiré n'est pas loin, j'en suis sûre. Quelques secondes plus tard, j'entends les pas s'éloigner et je m'autorise à respirer. Je ne sais pas quoi faire, alors j'attends. Cinq minutes, dix minutes, quinze minutes. Sans que je ne m'y attende, la porte des toilettes s'ouvre doucement et je plaque ma main sur ma bouche, toujours en hauteur sur la cuvette des toilettes.

Perdu D'avanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant