Mythes et Légendes Lupines - T1 : les métamorphes ont peur des loups-garous [V1]

Chapitre 10 - Partie 3

— Qu'on dit tes parents ?

— L'Alpha n'est pas contre mon stage. Ils ne sont pas rassurés, mais comme toi, ils ne pensent pas que ce soit un loup-garou qui est traumatisé Roy. Et puis, ils connaissaient l'odeur de Dante.

Il y eut un silence que Léo laissa filer. Il n'avouait rien. Lorsqu'il rentrait de la cabane de Dante, forcément, il en portait l'odeur. Elle était juste plus constante, plus forte, plus en symbiose avec la sienne depuis la veille. Ses parents n'en avaient fait aucune remarque. Ils devaient se douter de quelque chose, ou si ce n'était pas encore le cas, ça n'allait pas tarder. Un loup ne pouvait jamais cacher très longtemps une relation quand il en avait une, à sa meute. Le principe de « marquer » son partenaire comme sien était une façon très claire de le revendiquer et d'éloigner la moindre concurrence. C'était une marque d'appartenance mais aussi d'affection, d'acceptation. Accueillir sa moitié jusqu'à porter ses couleurs, l'assumer, le montrer.

C'était d'autant plus vrai chez les dominants.

Si Léo n'en était pas un, de prime abord, il avait cet instinct de marquer son territoire et de le défendre. Dante en faisait parti. Léo regrettait toujours la douche qu'il avait prise en rentrant. Le parfum artificiel du savon, bien que peu présent pour ne pas agresser sa truffe, avait recouvert celui de l'apothicaire. Il ne restait que des brimes d'odeur sur lui. Pas assez pour le satisfaire. Il n'était cependant pas certain de la réaction de ses parents à la découverte du lien qu'il avait créé avec un lycanthrope.

Pour une raison qu'il ne saisissait toujours pas, la meute avait une peur bleue des loups-garous, et cela concernait aussi l'Alpha. Quand il avait été le voir, quelques jours auparavant, celui-ci l'avait mis en garde. Il encourageait la démarche scientifique et utile de son stage pour la meute, mais restait prudent dès qu'il fallait parler du maître de stage. Léo avait pu sentir au milieu de ses notes dominantes et calmes, une certaine crainte, plus acide dans un tout qui se voulait rassurant et confiant. Cela lui avait piqué la truffe mais il n'avait fait aucun commentaire.

— Et ton maître de stage ?

— On n'a jamais reparlé de l'incident de Rayan. On a plutôt « ellipsé » ce sujet.

— Tu devrais peut-être lui demander son avis.

— Il n'est pas concerné par la meute.

— Sans doute. Mais s'il y a bien quelque chose qui traine dans la montagne, il est tout autant concerné. Surtout qu'il est aussi vulnérable que Roy.

Léo plissa les yeux, son humeur vacillant de plus en plus.

— Je te vois venir, reprit immédiatement Chelsie. J'ai beau insister sur le fait que c'est un loup-garou, il n'a sa véritable forme que les soirs de pleine lune. Rien ne dit que la créature ne sortira que les nuits de pleine lune. Elle doit roder, sous une forme ou une autre. Elle pourrait s'en prendre à lui quand il est vulnérable.

Un grognement lui répondit et Léo ne fit aucun effort pour se contenir. La seule perspective que Dante puisse être menacé par cette chose le mettait dans un état de colère viscéral. Sa part lupine et celle humaine était en symbiose, refusant ce scénario. Il était inconcevable, intolérable, que Dante puisse être en danger. Pas quand il pouvait faire quelque chose.

— Et puis, compléta la louve sans relever l'avertissement, il s'y connait en Magiques. Il pourrait peut-être t'apprendre plus de choses que les livres.

— Comment tu sais qu'il s'y connait en race Magique ?

— Il est apothicaire. Il prépare à la main des remèdes pour des clients qui n'ont pas peur de faire appel à lui.