17. À la dérive

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[ The fray - You found me ]

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Mes cheveux trempés gouttèrent sur le sol tandis que j'enfilais un gros pull par-dessus mon legging de sport. Une dose incommensurable de tension s'accumulait à l'intérieur de moi depuis quelques jours, rendant ma respiration pénible, voir douloureuse. Un poids pesait sur ma poitrine, m'étouffait, me suffoquait affreusement. Mes mains tremblèrent lorsque je tentai d'attraper le tube de crème hydratante pour m'en appliquer une couche sur le visage, espérant que cela effacerait les marques de fatigue qui creusaient des cernes sous mes yeux.

Quand je revins dans ma chambre, j'aperçus la silhouette de l'homme – précédemment assis sur mon lit – maintenant sur mon petit balcon. De dos, les avant-bras posés nonchalamment sur la rembarde, la fumée grise qui s'évaporait dans le ciel teinté de rose m'indiqua qu'il fumait une cigarette. C'était la première fois que le voyais consommer du tabac et je ne pus m'empêcher de me dire que quelque chose devait lui aussi le préoccuper, que ce poison demeurait son moyen de relâcher toute cette tension. Depuis qu'il était apparu comme à son habitude, à mon plus grand étonnement, il n'avait prononcé aucun mot. L'ambiance était plutôt pesante et lui aussi semblait à cran.

La nuit dernière, alors que je dormais, il s'était faufilé dans mon appartement. J'avais eu la surprise de le retrouver près de moi, me caressant les cheveux pour essayer de réduire mon angoisse qui me poursuivait jusque dans mes rêves. Le sentir contre moi m'avait aussitôt rassuré, et la sensation de son corps chaud pressé contre le mien ne détenait pas de prix. La façon dont il s'était éclipsé si rapidement – comme si mon contact l'avait brûlé à vif – me déconcertait encore.

Je m'installai à mon bureau et ouvris mon ordinateur portable. Je n'avais pas la tête à laisser libre cours à mes réflexions et me dis que plus je m'occuperai, moins mes pensées risqueraient de dévier. Je souhaitais mettre mon cerveau sur pause, débrancher tous les fils et barrer la route à tout ce qui pourrait m'amener à penser à ce sujet que je préférais refouler. Le moment tombait bien parce que j'avais une montagne de devoirs en retard. Je m'interdis de ressasser les paroles de ma mère qui m'avaient pour la première fois autant brisé le cœur. Elle ne méritait pas que je sombre dans cet état pour elle. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction !

La porte-fenêtre claqua et des bruits de pas se firent entendre. Une odeur de tabac froid emplit la pièce et je devinai que l'homme se tenait derrière moi. Ses mains froides se frayèrent un chemin jusqu'à mes épaules qu'il pressa sous le voile de mes cheveux humides. L'une d'elles dégagea ma chevelure pour atteindre la peau de mon cou où ses lèvres tièdes se déposèrent. Je cambrai légèrement la tête sur le côté pour lui faciliter l'accès. Les yeux clos, j'accueillais chacun de ses baisers. Le soulagement de ce contact se transforma peu à peu en un magma informe qui m'étranglait. Je ne pouvais supporter une seconde de plus son touché.

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