{Chapitre 23} Dîner informel

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Le crépuscule du 21 novembre 1719 s'installa quand ils commencèrent à manger, après que le ciel ait viré au jaune, orange, rosé et violet. Les mets n'étaient pas exceptionnels, mais Emily mangeait avec appétit et plaisir.

- Cela vous plaît-il ? Fit le capitaine en désignant la nourriture.

- Absolument Rafael. Vous vous êtes surpassé ! Décidément, vous êtes le parfait époux.

Le capitaine rit face à la remarque de la jeune femme.

- Épousez-moi alors.

Ses mots eurent à peine franchi ses lèvres qu'il se racla la gorge, mal à l'aise. Le rire cristallin de la jeune femme lui fit lever le regard. Seigneur qu'elle était belle, le visage sublimé par un rire adorable. Emily avait bien souvent tendance à lui faire oublier toute bienséance.

- Veuillez m'excuser, je me suis laissé emporter, se justifia le capitaine.

- C'est bien dommage, j'aurais pu accepter.

Rafael sourit face à l'éclair de malice qui fit pétiller les yeux ébène d'Emily.

- Ne me tentez pas milady.

- Comment imagineriez-vous ça ? Questionna la jeune femme en laissant courir son doigt le long des rebords d'un verre à pied rempli d'un vin rouge. Où m'emmèneriez-vous vivre, si nous nous étions mariés, et que j'attendais votre enfant ?

Le capitaine déglutit avec difficulté. Il aurait donné n'importe quoi pour poser ses lèvres à la place du verre sur les lèvres de la jeune femme.

- Pour commencer, je vous épouserais sans doute dans une petite église, à l'abri des regards, s'imagina le capitaine en jalousant secrètement cette douce vision. Nous festoierons avec quelques amis et je vous ferais danser toute la nuit, jusqu'à ce que vous en perdiez la notion du temps, jusqu'à ce que même vos jambes ne puissent plus vous porter.

Le capitaine s'arrêta un instant pour boire une gorgée de vin et plonger son regard dans celui captivé de la jeune femme.

- Après qu'une bonne partie de la nuit se soit écoulée, nous nous éclipserons tous les deux. Enfin seuls, je vous embrasserais. Je ne résisterais sans doute pas à la tentation de vous arracher votre robe, alors c'est ce que je ferais, avant de vous faire l'amour toute la nuit et même plus encore.

Les joues d'Emily rosirent, sans qu'elle ne sache si c'était la faute du vin, ou celle des pensées torrides qui submergeaient son esprit.

- Ensuite, je vous emmènerais rencontrer mes parents et nous emménagerons certainement dans la demeure familiale.

- En Irlande c'est bien ça ? Il me semblait que vous m'en ayez rapidement parlé.

Rafael fut surprit qu'elle s'en souvint, mais agréablement surpris.

- C'est exact. Vous verriez, c'est une somptueuse maison de campagne, qui pourrait bien accueillir nos enfants. Mais pourtant, j'aurais prié pour que vous n'en ayez pas. Quel époux serais-je quand je serais forcé de reprendre la mer, vous abandonnant vous et nos enfants ?

- Alors c'est ça qui vous attend ? Une vie solitaire ? Questionna Emily, la poitrine serrée par la peine que cette idée lui provoquait.

- C'est la vie que j'ai choisi. Une vie de liberté, sans contrainte.

Elle comprenait son choix, mais pourtant elle n'aurait souhaité cette vie-là à personne. Aucune perspective d'avenir, mise à part celle d'espérer mourir en faisant ce qu'il aimait, en priant pour ne pas finir pendu haut et court.

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