La Défense, Paris. Peu de temps avant Noël 2004, un employé de banque vire dix millions d’euros en Thaïlande et disparaît dans les quartiers chauds de Bangkok. Sur ses traces, la traque est lancée entre Bangkok et Phuket dans l'ambiance interlope des bars de nuit. Extraits Depuis l’Expressway , Bangkok s’étend aussi loin que porte mon regard. Un chaos urbain d’échangeurs autoroutiers, de tours ultramodernes, de façades crasseuses noires de coulures, de cafouillis de câbles. Au dessus de l’Expressway, un ciel blanc laiteux masque un puissant soleil qui mijote la ville à la vapeur. Le taxi passe une barrière de péage puis s’engage sur une bretelle de sortie. Des collégiennes en jupes plissées, chemisiers blancs et socquettes assorties traversent en chaussures noires basses les avenues avec précaution. Le portable calé entre la joue et l’épaule, un homme en costume déjeune dans une cantine de rue installée au pied d’une de ces nombreuses passerelles de béton qui enjambent les avenues. Des feux tricolores se balançant sur des câbles, des pylônes de béton supportant des grappes de câbles. Chaque homme passe sa vie à chercher une posture, une attitude pas trop inconfortable, pas trop incohérente où il puisse atteindre une forme de repos, en attendant la mort. Une quête inachevée de la sagesse qui constitue peut-être l’essence même de l’existence. Dans ce Gogobar, seuls ou en petits groupes, les clients blasés reluquent les pouliches offertes en pâture. Des pénitents déprimés devant une bière qu’ils boivent par toutes petites gorgées, comme du thé bouillant. Des rapiats, des Cheap Charlies comme dit Fôn, qui font durer leur verre pour éviter une nouvelle conso. Ici comme à Bangkok, le touriste sexuel a le plus souvent la mine renfrognée, le regard morne et la chair triste. Tout rempli d’un ennui qui semble le poursuivre comme une ombre maléfique. Coucher avec des filles jeunes ne donne que l’illusion de la jeunesse, ne procure que l’apparence de la séduction.