Mon cher fils,
Te souviens-tu de cette soirée sombre? Te souviens-tu de cette phrase, qui, malgré le vent, tu entends encore résonner dans ta tête ? Qui, malgré les années, malgré le fait que tu ne sois plus si jeune, si naïf, si simple s'écoule en toi, tel un torrent.Tel une douleur que l'on ne peut point guérir. Comme un torrent qui ne s'arrête pas, et qui, même, parfois, sort de son lit, et détruit tout, laissant place à la folie meurtrière d'une perte . J'aurais voulu que cette période de nos vie si naïve dure et ne s'arrête jamais. Mais comme tout récit, chaque début se voit aboutit d'une fin. Même celle que l'on imaginait le moins.
Cette fin, mon fils. Dans mes yeux tu as dû la lire. Tu as dû voir, à travers ta cascade de chaudes larmes, voir mon manteau se retourner pour me suivre là où tu ne peux point me suivre. Un endroit... Où je me sens terriblement seule. Mais je ne veux point t'embêter de mes histoires mélancoliques. La tienne l'est encore plus qu'un lac remplit de pétrole. Encore plus que dix milliard d'étoiles, dont la sombre clarté t'ébloui et te brûle.
Cette mélancolie, mon fils, mon cher fils, tu la connais depuis le moment où je t'ai tourné le dos. Depuis le moment où, loin de moi, tu t'es demandé où j'allais, ce que je faisais, ce que je mangeais.
Mon fils, revenons-en à cette phrase. Ne l'as-tu point inscrite dans ta chair. Dans ton âme ? Si tu ne t'en souviens guère, lis, lis et souviens toi de cette fois où, dans l'ombre, je me suis préparé à te laisser derrière moi. Cette phrase, encore mélodieuse à mes oreilles me rappelle que tu es là. Que tu sais que jamais je ne t'abandonnerai. Lis. Tu n'es point le seul à pleurer.
" Mon fils, il m'est difficile de te dire adieu, quand je veux rester, de rire lorsque je t'entends pleurer, de devoir t'oublier, quand je souhaite t'aimer, de chanter, quand le silence perce mes oreilles, et de te voir grandir quand loin de toi je serais. N'oublie pas, Promets-moi de ne pas abandonner, de t'accrocher à la vie, de chanter, danser, vivre de tout ton énergie et de ne laisser la mort t'emporter que lorsque tu le souhaiteras. Ne laisse point cette meurtrière détruire tes rêves. Je crois que parfois dire adieu est une façon pénible de dire je t'aime. Adieu mon fils. Vis. Vis pour moi. Fais vivre mon âme."
Ce fut la plus longue phrase de ma vie. La plus belle, la plus mélancolique du monde. Mais c'est moi qui ai eu le courage de la prononcer. Avant de ne te laisser emporter par une vague de souffrance. Cette phrase me fait vivre à travers toi. Fais-la s'envoler à travers les nuages de ta tristesse, et laisses paraître les raillons du soleils. Laisses les caresser ta peau. Ton âme. Ta chair. Laisse cette chaleur te sortir de ce gouffre, où, petit à petit, tu t'es noyé.
Si cette lettre apporté par le phénix de mon âme arrive à te redonner le sourire. Le peu de joie qu'il te restait avant que je ne parte, alors tu fais de moi la mère la plus heureuse du monde.
Fin.
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Une lettre à mon fils.
PoetryLe cœur d'une mère chante ces lignes. Je ne vais pas plus loin.