Arrière goût d'une nuit d'été

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PDV de Reagan

Même s'il y avait eu une complainte de stradivarius ce soir-là, jamais je n'aurais deviné que l'on était en train de se quitter pour longtemps.

J'y repense souvent à cette chaude nuit d'été d'il y a déjà deux ans. C'était d'ailleurs peu avant mon anniversaire. Nous étions venus en Europe pour assister au mariage de Lorenzo et de Marco. On avait descendu les routes du pays, traversé les petits villages anciens pour qu'il puisse, par la même occasion, finalement rencontrer Papa et Maman et même Alex. C'était un mois d'août de grandes chaleurs et on était bercé par l'insouciance de l'été et ivre des vapeurs de farniente. C'était paisible. Le passé était loin caché par le soleil de la Pieve, noyé sous les roches de la fiume et oublié par les nombreux Spritz et autres cafés serrés.
C'était peut-être son ultime cadeau finalement. Son dernier acte. Une révérence après cette belle pièce.

Que je sois dans mon lit ou dans un métro bondé d'un lundi matin, dès que je clos les paupières assez fort pour pénétrer le passé, j'y entre à pas léger mais avec le cœur lourd de nostalgie. Je nous revois tous les deux lors de notre derrière nuit italienne, couchés à même le sol sous les vasistas qui laissaient entrer l'air dans la pièce. J'arrive encore à respirer l'odeur du mandarinier s'emmêler dans les grands rideaux blancs. J'arrive tout autant à savourer sa peau brune et ardente cajolée par le soleil de l'après-midi. Cette même peau qui me donnait inlassablement ces soubresauts de désir incarné.

J'avais aimé ce qui c'était passé entre nous cette nuit là. C'était suave mais tout aussi cru. Nous étions à quelques centimètres l'un de l'autre, il avait le nez niché contre ma pommette, son abdomen pressant contre mon flanc et sa main sur l'un de mes seins. Il venait taquiner de temps en temps mon menton avec sa mâchoire effrontée comme à son habitude, il la frottait légèrement, me laissant sentir sa barbe naissance et la sensualité de son corps dévoué au miens.

J'aurais aimé qu'il ne se lasse pas de me jouer cette sérénade éternelle, qu'il continue de me séduire comme le fait le chant idyllique des sirènes car je me serais perdue en mer avec lui, jusqu'à ce qu'elle me cède et que je devienne sa disciple.

Tout était paisible. Nous étions nous. Enfin j'étais moi, pour ma part. Je n'ai pas remarqué la moindre peine dans ses yeux lors de son dernier baiser, je n'ai même pas éprouvé de la tristesse dans nos dernières caresses. C'était l'osmose dans son achèvement. Peut-être que le chant des grillons, plus grave, il me semble maintenant, aurait dû m'alerter que quelque chose se préparait. Peut-être que le vent venait du nord et non du sud ce soir-là et qu'il apportait la discorde. Ou peut-être qu'à ce moment-là, nous n'avions plus besoin l'un de l'autre de la même manière. Nous désirions l'autre égoïstement, on s'accrochait à un futur en perdition.

J'en aurais profité davantage, je crois si j'avais su. J'aurais gravé les moindres sensations dans mon systèmes nerveux, j'aurais savouré chaque miette de lui et j'aurais gardé les draps de cette assombrissement avec les empreintes de son parfum comme un  linceul sacré pour le vénérer comme tous les apôtres le font avec leur dieu. 

Ça doit-être ça, quand j'y réfléchis : nous n'étions plus ces deux moitiés de nous-même trop faible pour ne vivre qu'avec l'aide de l'autre mais nous incarnions désormais bien deux êtres complets, distincts. Deux âmes siamoise certes mais pas une seule et même. C'était peut-être ça finalement le problème, le mal nous unissait puis une fois aliéner l'un par l'autre, nous étions incapable de continuer dans la paix.

Je suis toujours en proie à des frissons lors de mes oraisons avec lui. Je ne suis pas triste car ça ne s'est pas mal terminé. Il n'y a pas eu de larmes, enfin de larmes en sa présence. Je suis restée forte, si c'est ainsi que l'on dit. C'était comme d'un accord. Une permission de laisser l'autre découvrir la suite sans chaine. Mais je suis toutefois mélancolique et oui, je suis déçue. Je sais que j'ai laissé beaucoup d'états d'âme sur les marches de ses escaliers, que j'ai laissé des peines et des larmes sur ses oreillers et même de l'amertume sur le bord de ses tasses lors de nos discussions autour d'un thé ou d'un café. Je hantais les arbres sur son passage. J'étais le vent dans les branches. Il a enduré l'exercice comme le plus brave des soldats et je lui devais bien ça. C'était un accord. Une poignée de main et puis s'en va. Ravi de t'avoir aimé et de t'avoir baisé ou fait l'amour, comme tu préfères. Je ne me suis pas méfier de cet éclair d'indépendance collectionné dans son sourire qui me lançait une sorte de vieux salut, comme un « à plus » lancer en montant dans une voiture.

Non je n'ai pas senti de tristesse lors de nos derniers baisers, ni de regrets lors de sa dernière complainte lors de notre derrière étreinte. Non. J'ai senti bien pire, je lu du soulagement sur son visage, lorsque je l'ai libéré. J'ai remarqué ce petit soupçon de délivrance habiter mes respirations. Je venais de faire quelque chose de bien: Ce n'était pas triste, ce n'était pas le nirvâna non plus. C'est ce qu'il espérait secrètement. Et je lui devais bien ça car je l'aimais.

On dirait qu'ils sont de retour... j'espère que ces nouvelles aventures vous plairons. J'espère que Ray et Tim auront d'amour que pour le premier tome. Commentez et dites moi ce que vous en pensez ! Qu'est-ce que vous aimeriez lire dans les prochains chapitres ? Qu'est-ce qu'il vous plairait ? Vous êtes content d'avoir un autre tome ? ❤️
All my love xx

Le Chef-d'œuvre IIWhere stories live. Discover now