"Sofia Vanegas?"

Quand j'entends mon nom, je m'avance à travers le portique, qui bipe évidemment. Je soupire, et lève les bras dans un geste mécanique alors qu'un gardien se met à me fouiller méticuleusement. Je soupire quand il s'attarde sur mes hanches, je sais qu'il le fait exprès, c'est pas la première fois que je viens en maison d'arrêt... 

Je garde le visage rivé contre le mur, je ne dis rien, et après la fouille, on me place face à un mur pour la photo d'enregistrement. J'ai à peine le temps de regarder l'objectif que la photo est prise, et on l'imprime immédiatement pour la mettre dans un dossier, avant de tamponner quelque chose dessus. 

Ensuite, une gardienne m'attrape par le bras et me conduit le long d'un couloir, dans lequel j'entends déjà les echos de ces lieux dans lequel je vais passer la prochaine année. 

Une année... Je ne me rends pas compte de la longueur de cette peine, et alors que je garde les yeux rivés devant moi, sentant les larmes monter, je les ravale et remonte le menton. Ensuite, je sais qu'on me jugera en tant qu'adulte, et j'aurais sûrement une autre sentence... Peut-être des années de plus, ou alors... Une libération anticipée... 

Au loin, j'entends le bruit des grilles de prison qu'on coulisse, et le bip sonore des portes automatiques. Tout ressemble à une véritable prison ici, alors que mon avocate m'avait assurée que ce serait différent. J'ai pourtant l'impression que tout est pareil... 

Alors que je marche le long du couloir, la gardienne qui me tient me stoppe net:
- Attends là." 

J'obéis, et je me rends à peine compte qu'on était arrivées devant une espèce de réception avec une autre détenue derrière, une fille de couleur qui mâche un chewing gum, avec derrière elle un autre agent qui la surveille. 

Je ne bouge pas, et mon regard croise celui de la fille assise au comptoir, en train de tourner les pages d'un magasine. Elle me dévisage d'un regard mort, et puis la gardienne s'adresse à elle:
- ... On a une arrivée tardive, j'ai besoin d'un sac pour elle." 

La fille derrière le comptoir se tourne et se lève en soupirant avant de disparaitre dans la réserve accompagnée du gardien, puis revient et tends à la gardienne qui m'accompagne un sac avec ce que je suppose être mes affaires pour ici. 

- Super, merci, Araceli." 

La dénommée Araceli lui fait un signe de tête avant de se remettre à sa lecture sans me regarder. L'agente de détention me dit d'avancer, et j'ai le temps de voir le nom sur son badge: "A.Oliveira". Puis elle me jete un regard, et me dit: 

- Ici, les détenues appellent les officiers "surveillants et surveillantes", et nous, on vous apellera détenues. C'est clair?
- Oui, dis-je à mi-voix, agacée. 

J'aimerais juste que cette putain de visite se termine... Qu'on me foute dans une cellule et qu'on en finisse. 

- Bien, ici le centre se découpe en Secteur, et chaque secteur a ses propres blocs. Il y a sept secteurs pour quatre bloc par secteur. Toi, tu seras au secteur..." Elle regarde la feuille de son dossier, puis m'annonce d'une voix qui parait agacée et fatiguée: "... 7D, Bloc 4. Le tout dernier. C'est toujours là qu'on envoie les nouvelles..." 

Je lève les yeux au ciel. J'en ai rien à foutre de ce qu'elle me dit, cette conne. Je veux juste qu'on m'installe là-bas, et basta. Je veux rien savoir d'autre. J'ai toute l'année qui arrive pour découvrir ce qu'il y a entres les quatre murs de la prison. 

- Tu auras des cours pour continuer ton cursus scolaire, des tâches au sein du centre, qui te seront données plus tard. Il y aura également des activités manuelles et créatrices pour les loisirs."

Derrière les barreaux de nos coeurs (EN COURS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant