Deux, toi et moi..

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On se baladait tout simplement, le 18 mai 2017, puis on avait vu cette entrée de labyrinthe. Elle avais couru à l’intérieur, mais j’avais eu peur d'y entrer, je ne voulais pas. Malheureusement je l’ai fait mais le temps de me décider, je ne l'ai plus vue. Je n’arrive plus à distinguer le sud du nord dans ces couloirs, ni trop étroits ni trop larges. Les murs sont hauts, tellement que la lumière du jour ne passe presque plus, ils sont lisses et sombres. De la buée sort de ma bouche, selon le rythme de ma respiration saccadée. La panique monte de plus en plus.

-"Mais pourquoi tu as fait ça, Léa..."

Je n’ai jamais aimé être seul, Léa est la seule personne qui est là pour éviter que cette sensation désagréable ne me ronge, la seule personne qui veuille bien de moi.

J’avance sans savoir vers où aller, j’ai l’impression de tourner en rond, où suis-je ?

Léa aide moi! où es-tu, Léa? Léa….?

-"LÉA !"

Je crie à m’en arracher les poumons, mais pourtant rien, même pas mon écho ne me répond. Mon écho ne me répond pas. Ai-je fait quelque chose de mal, dis moi? Pendant des années, tu t’es amusée à répéter ce que je disais alors fais-le, s’il te plaît. Maintenant que j’en ai vraiment besoin, fais-le.

Je passe un couloir, puis encore un, mais en me retournant, le passage que j’avais emprunté n’est plus là.

-"Je deviens taré, c’est ça ? Où es-tu, passage ? Toi aussi, tu me tournes le dos ? Et toi qui me regardes dans mon dos, ça t’amuse ?"

Je regarde derrière moi. Personne.

Perdu, je regarde le ciel qui commence à se teinter de gris.

Un frisson parcourt tout mon corps, mon seul tee-shirt blanc ne suffit pas à me réchauffer. À force de parcourir ces longs couloirs sans queue ni tête, mes pieds me lancent. Je me décourage peu à peu.

J’ai mal, j’ai froid, j’ai peur, Léa… Ma gorge est serrée, j’ai la nausée, la chair de poule.

-"Mathis !

-Oui Léa ?  LÉA ? Tu es là ?"

Je la cherche de partout mais il n’y a que des murs autour de moi.

-"Où es-tu  ?

-Mathis ?

-Oui mais tu es où? c’est pas drôle, viens! il fait froid, j’ai peur Léa…"

J’angoisse, mes pensées s’embrument, les deux "Mathis" ne m'appelaient pas du même côté. Il est impossible de passer d’un endroit à un autre aussi vite. C’est la voix de Léa, je ne comprends pas. Léa, es-tu réellement là ?

-"Oui"

Je sursaute. C'était tout près, juste à ma droite, mais aucune présence humaine n’est là.

J’entends comme des bruits de pas de partout, qui est-ce? combien sont-ils  ? Humain ? Animal ?

-"C’EST QUOI CE BORDEL ?!"

Je cours là où je n’entends pas ces bruits, ils me suivent... à côté, derrière, devant moi...

-"ARRÊTEZ!  pardon.. arrêtez! a-arrêtez, sortez! laissez-moi partir. Léa aide-moi! Léa où es-tu  ?

-Là.

-Je ne te crois plus. Qui que tu sois, arrête.
Laisse moi. Rends-moi Léa!

-Mais je suis Léa.

-ARRÊTE !"

Je m’arrête et je tombe à genoux. Je tremble, j’ai froid, j’ai peur, je suis seul. Je ne sens plus mes mains, je les regarde et j'essaie de me calmer.

-"u...un, deux, t...trois, quatre et cinq. Un, deux, trois, quatre et cinq. Deux, trois...un….deux….deux…..DEUX ! Deux….

A...Avec Léa on est deux mais, mais là je suis un, je suis seul, un, deux, Léa…"

Un sanglot s'échappe d'entre mes lèvres, ma vue se trouble.

-"L... Léa, aide-moi, je t’en supplie!"

J’essaie de regarder autour de moi, je me trouve entouré de murs.

-"Je ne comprends plus. En fait, je n’ai jamais compris, Léa...

-Dis, Mathis, suis-je réelle ? Sais-tu ce que tu cherches vraiment ?"

Sa voix est tout proche, comme si elle était dans mon dos et me murmurait ces mots à l’oreille. Ça me rend fou, je n’ose plus la chercher du regard,  je ferme simplement les yeux, le plus fort que je puisse , c’est la seule chose qui me soit possible de faire à ce moment-là.

Je sens une main passer dans mes cheveux, une main aux doigts fins, ce sont ceux de Léa…

-"J’ai toujours été là, tu le sais, tu te le caches mais avoue-le toi, AVOUE-LE TOI MATHIS ! Je suis toujours là pour toi, tu
cherchais à faire quoi, en réalité ? à me fuir ? ou à me trouver ? Tu le sais, pour me trouver, c’est simple mais tu n’y arrivais pas. Tu ne me cherchais pas, tu cherchais à survivre seul. Pourtant, tu le sais très bien Mathis, tu es seul.

-NON C’EST PAS VRAI, NON, NON, NON, TU ES LÀ !"

Elle enlève sa main de mes cheveux bruns, j’entends son rire, un rire moqueur, un rire qu’elle ne m’a jamais laisser entendre. J’entends ce rire, il passe d’une oreille à l’autre continuellement.

-"Mathis, ah mon Mathis! je.... n’existe..

-SI, TU EXISTES, t... tu as toujours été là, toujours !

-Jamais. Enfin, plus maintenant."

J’ouvre mes paupières et vois Léa devant moi. Elle disparaît peu à peu en me souriant.

-"Je t’aime Léa".

 Léa Mendes
08/12/1999 – 18/05/2015
Un ange emporté par la maladie

Deux, toi et moi.. /short one shot/Where stories live. Discover now