Prologue - Comme un goût amer

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Mes amis les plus proches me caractérisent d'âme en perdition, coincée entre son job prenant et son chat anorexique. En guise de réponse, je leur pointe un joli doigt d'honneur saupoudré d'un coup d'oeil courroucé.

Du coup, je préfère me décrire au travers du regard amouraché de ma mère, pour plus d'objectivité, évidemment.

- Cul sec, Line !

J'ai 25 ans et je suis jolie, audacieuse, et définitivement jeune. Oui, je suis jeune et ce, malgré les petites rides qui doucement s'insinuent au travers de mon front expressif. Oui, je suis jeune même si aujourd'hui j'ai 1/4 de siècle.

- Cul sec cul sec cul sec !

Le groupe d'intimes qui m'entoure me fixe avec des sourires profondément compatissants face à la nouvelle qui me prend aux tripes. Notamment le grand chevelu qui tient mon téléphone dans un rictus entendu, deux places à côté de la mienne.

Bordel, je suis vieille.

Je reluque mon verre au coloris ambré tout en déglutissant faiblement, cherchant le bon côté des choses face à cette nouvelle année qui doucement me trainera jusqu'à la suivante et ce, à une rapidité déconcertante.

- Allez la gloutonne, fais nous voir tes talents!

Je dévisage la belle rousse qui se tient juste face à moi, toute guillerette. Sa chevelure de feu lui mange le visage mais ne gâche en rien la beauté frêle et maladive qu'elle prône fièrement.

Oui, je suis jeune, jolie, j'ai des amis grandioses et pour couronner le tout, un job intéressant. La seule ombre au tableau réside sous mes draps, ou plus précisément entre mes cuisses. Mon 95C ne parvient pas rattraper la mauvaise séductrice native qui me caractérise et j'ai la fâcheuse tendance à me comporter comme un homme.

Ne vous emballez pas, je ne me gratte pas les parties intimes devant un match de football, coincée entre une pack de bières vides et quelques croûtes de pizza rassis, quel vieux cliché.

Bercée depuis ma tendre enfance au sein d'une famille recomposée, j'ai passé mon adolescence au côté d'un demi frère adorable, tellement qu'on passait des heures à se taper dessus puis à masquer nos hématomes communs en empruntant le maquillage de maman.

J'ai grandi auprès de lui et par la force des choses, de ses amis.

Et je vous l'assure, c'est LE pire tue-l'amour possible. J'étais le garçon manqué, copine des petits caïds des récrées et je l'avoue, j'ai moi aussi volé des gouters aux espiègles gamines qui se moquaient de ma coupe courte et ma dégaine boueuse.

La seule âme charitable et purement féminine qui a accompagné un bout de ma scolarité fut Juliette, la belle rousse maigrichonne et attachante qui me forçait ce soir à engloutir une marmite d'alcool pour panser la plaie de cette nouvelle année à immortaliser, et sans doute quelque chose d'autre, qui bardait mes prunelles et leur conféraient une petite nuance maussade, voir meurtrière.

- Appoline?

Alors en plongeant mes iris verdâtres en direction de Louis, ce chevelu à la barbe piquante qu'est mon demi frère, je grimace.

Tout était de sa faute, évidemment.

Je réponds un vague hum sans vraiment écouter les propos de mon frangin, affalé entre sa nouvelle petite amie et son ex, pas gêné pour deux sous.

- Cul sec ma vieille !

Je finis par boire ce fichu verre pour avoir la paix, sans écouter un traitre mot des paroles de ce grand dadais qui m'observe, abasourdi.

Louis est un bel homme, en plus de n'avoir que 24ans. Ce salaud me présente mon iphone en guise de tintement de verre, faisant taire l'ensemble de notre table. Je fixe l'appareil au loin, sans parvenir à déchiffrer l'écran. Les 6 alcoolisés que nous sommes suivons la ligne épurée de l'objet sans parvenir à comprendre ce que souhaite dire ce grand blond, le regard toujours rivé à mon profil curieux.

- Tu peux me dire qui est LETENEBREUXOXO?

Merde

Juliette me lance son fameux petit air paniqué, accompagné d'un geste en direction de mon téléphone, sans doute pour me sauver de la mouise, elle qui m'y a si gentiment enfoncé avec dédain, à coup de « c'est pour rire! ».

Juste sous mon nez, ma mâchoire se décroche lamentablement de mon visage blême. Je menace du regard mon frère afin de l'interdire de poursuivre, ce qui l'encourage à effectuer l'inverse, en gage de l'amour vache qui nous unit depuis belle lurette.

La grande rousse élancée ne parvient pas à rattraper ma dignité, bien accrochée dans les paumes larges de Louis, qui poursuit sa lecture tout en manquant de se poiler face à nous tous, complètement perdus et pendus à ses lèvres frémissantes.

- Alors comme ça, on cherche LA grande aventure soeurette?

Mon cou s'embrase et je manque de lui jeter au visage le verre vidé une malheureuse minute plus tôt, quand mon cerveau ne me soufflait pas de tous les côtés « PANIQUE, PANIQUE, PANIQUE! » à coup de grosses pancartes rougeâtres et clignotantes à souhait.

Je pousse les pieds de ma chaise et me lève avec rage, tendant mon bras face à lui, effleurant malgré moi le corps gracieux de sa nouvelle compagne, du moins pour la soirée.

- Rends-moi ça tout de suite Louis

En guise de réponse, il fait coulisser la conversation de son gros doigt calleux, redoublant la colère qui doucement s'insinue dans mes veines.

- Louis, je ne plaisante pas

Son rire tonitruant envahit tout le bar bondé qui commence doucement à se détourner vers nous, s'attendant à coup sûr à un ébat violent entre la grande brune garçonne qui montre les crocs à sa tête de noeud de frangin.

- Putain j'en reviens pas! Tu lui a dit..

Le coup s'abat avec rapidité et toute la dextérité que mes années au Poney club m'ont conféré, c'est à dire absolument aucune, s'abattant sur son visage surpris, atteignant son arcade sourcilière par chance. Je rattrape in extremis la fameuse « bombe » électronique qui aurait pu me coûter la certification de la description des premières lignes de ce fichu prologue.

Quoi?

Vous croyez vraiment que je vais vous raconter ?

Même pas en rêve!




***



Bonjour et surtout, bienvenue ici pour une nouvelle aventure!

Je suis heureuse de vous pondre cette nouvelle idée qui me tient à coeur, quelque chose de plus léger que ma première histoire qui se poursuit, évidemment! Mais j'avais surtout envie de vous présenter une alternative, quelque chose de frais et jovial à souhait et du coup, effectuer une alternance plus ou moins régulière entre les deux histoires afin de ne pas m'essouffler et vous proposer le meilleur de moi-même.

Les m-a-j seront sans doute plus longues à l'avenir, notamment pour cette histoire, mais je compte sur vous pour me donner vos avis et conseils qui me tiennent particulièrement à coeur.

Merci à vous,

et à très vite pour LES suites !

A bras le corpsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant