Qui es-tu?

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Lorsqu'il aperçut ses bourreaux au loin, un frisson de peur lui parcourut le corps. Lorsque ses yeux croisèrent ceux de ses intimidateurs, tout son corps se mit en alerte. Il les vit le pointer du doigt et changer de direction pour aller vers lui. Il prit donc la fuite, bousculant les élèves sur son chemin jusqu'à tourner dans un coin et prendre le premier escalier qu'il vit. Erreur, il venait de se rendre compte qu'il était déjà au dernier étage de l'école et donc par le fait même ses escaliers menaient au toit.

Sa conscience joua le pour et le contre. Être au sommet de l'école ou se faire rentrer de force dans un casier. Pas le temps de prendre une décision, il était déjà rendu en haut de l'escalier. Il poussa la porte et pénétra à l'extérieur avant de refermer derrière lui essoufflé. Son cœur tambourinait, ses poumons haletaient et son corps tremblait. Il fit dos à la porte et glissa au sol espérant que ses ennemis ne pensent pas venir voir ici, sinon il était fichu. Aucun échappatoire et cela à plus de dix mètres de haut.

Un bruit attira son attention et il releva la tête pour apercevoir un gars une cigarette à la main le juger du regard. L'adolescent souffla une bouffée de fumée avant de parler d'une voix rauque et visiblement déjà abîmé par ce bâton du diable.

"Tu viens de nous embarrer sur le toit. J'avais mis un carton pour ne pas que la porte se barre, mais tu l'as fait tomber en arrivant ici en panique."

L'essoufflé baissa la tête cherchant encore sa respiration.

"Bon, je vais texter mon ami qu'il vient nous ouvrir. En espérant qu'il le voit avant le début du cours, sinon on va devoir attendre une heure et demie sur le toit."

Le fumeur sortit son téléphone de sa poche et mit la cigarette dans sa bouche pour écrire.

"Voilà. Manque plus qu'à l'attendre. Viens voir la vue en attendant." Dit-il en jetant sa cigarette au sol et pilant dessus avec le bout de son pied.

Le jeune garçon hocha la tête en panique. S'approcher de la bordure était au dessus de ses forces.

"C'est magnifique la vue."

Mais insister ne changeait rien. Il continuait d'hocher la tête de gauche à droite beaucoup trop apeuré de se mettre sur ses deux pieds.

"Il est où le problème? T'as le vertige?"

Son hochement de tête devient un acquiescement. Hors de question qu'il s'approche du bord. Pourtant une main apparut devant son regard.

"Tiens-toi à moi et tu ne risquera rien."

Tel un chevreuil en alerte, le garçon regardait la main tendue devant lui. C'était une mauvaise farce? Une façon de l'humilier en le forçant à s'approcher?

"Allez, faut savoir surpasser ses peurs dans la vie."

Surmonter ses peurs? Il voulait l'aider? Il remonta son regard sur celui du garçon. Il semblait pourtant honnête. Aucune malice dans ses yeux. Pourquoi était-on gentil avec lui? Il n'avait pas d'amis et même sa propre mère regrettait de ne pas s'être fait avorter. Leur main se rencontrèrent et le fumeur l'aida à se relever. Aussitôt sur ses pieds, la panique reprit le phobique qui entoura ses deux bras autour du bras de l'autre garçon en se collant à lui.

"Haha tu ne fais pas semblant toi. Allez viens."

Quoi? C'était tout? Pas plus de moquerie? Juste un petit rire décourager au tout début? Pourquoi? Devait-il lui faire confiance? Il se laissa guider par le fumeur qui l'amena jusqu'à deux mètres de distance du bord avant d'éprouver une résistance.

"N'ai pas peur. Tu me tiens assez serré pour ne pas risquer de tomber."

Mais le garçon commençait à sentir les larmes monter dans ses yeux et sa respiration accélérer. Il serra encore plus le garçon et sentit sa tête tourner. Il allait tomber. Son propre esprit lui jouait des tours. Il avait perdu la faculté d'évaluer les distances et s'il ne fuyait pas maintenant, il tomberait.

"Écoute, tu sens le sol sous tes pieds? Tu es là, debout, pas en train de tomber. Tu es solidement fixé au sol comme si tu avais des racines. Pourquoi tu tomberais? Tes pieds vont te lâcher? Tu doutes d'eux? Si tu doutes d'eux, alors tu doutes de toi."

Douter de lui était ce qu'il savait faire de mieux. Il acquiesça donc de la tête avec insistance. Peut-être comprendrait-il ainsi qu'il valait mieux le laisser seul au plein centre de la bâtisse.

"C'est dommage ça."

Il fit un pas en arrière et le jeune garçon lâcha son bras pour retourner vers les escaliers et se rasseoir au sol où il ne craignait plus de tomber. Une fois ce sentiment de sécurité revenu, il releva la tête vers l'inconnu qui se tenait en équilibre sur le bord de l'école. Était-il fou?

"Un jour j'aimerais faire du parapente." Dit-il au loin sans se soucier qu'on l'écoute. "Ou un truc du genre. Ça aurait été cool que les humains aie des ailes. Pour pouvoir voler, tu vois, parmi les nuages et observer les tout petits gens qui errent dans la ville."

"Moi j'aime bien errer dans la ville."

Le fumeur se retourna surpris. Venait-il d'entendre la voix de son compagnon d'infortune?

"Mon commentaire n'était pas péjoratif." Ce justifia le plus courageux des deux.

Il sauta sur le sol du toit avant de se diriger vers le garçon. Oh non, qu'allait-il arriver? Il allait lui faire du mal ou se moquer comme tous les autres? Pourtant, il n'avait pas fait la moitié du chemin que la porte des escaliers s'ouvrit sur un garçon qui lança un sourire radieux à son ami.

"Comme ça, monsieur s'est embarrer sur le toit."

Le fumeur ricana avant de rejoindre son ami et de tenir la porte en approchant son visage à quelques centimètres du sien.

"Qu'est-ce que je ferais sans toi?"

"Dur, Nico. Voilà ce que tu ferais." Répondit l'autre garçon en riant avant de disparaître dans l'escalier.

Puis le bel inconnu se tourna vers la jeune victime de la vie.

"Allez, tu viens? Sinon, je ne te garantis pas que quelqu'un d'autre va venir te délivrer d'ici demain matin."

Le phobique se leva en tremblant et vint glisser par l'ouverture de la porte. Ce faisant, il dut se mettre de côté, face au garçon et leur corps se frolèrent. Cette proximité. Une telle proximité devrait être à jamais interdite tellement c'était si intime. Allait-il faire un commentaire négatif? Ils descendirent les escaliers ensemble et avant que l'inconnu parte de son côté avec son ami, le peureux voulut le remercier.

"Merci."

"Mais pas de quoi mon joli. À plus."

Il partit de son côté, laissant le garçon devenir de plus en plus rouge face au compliment qu'il venait de recevoir. Mon joli? Était-il vraiment attirant au yeux de quelqu'un? Quelqu'un qui lui voulait du bien?

Toutes les fois où on s'est rencontrés (BxB)Where stories live. Discover now