Une armure de trop - partie 3 (VERSION 2)

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Entouré de champs fertiles et colorés, ce petit village s'étirait timidement le long d'une rivière. Le cadre aurait pu satisfaire tous bons paysans, si un géant ne paraissait pas tranquillement à l'orée de leurs fermes.

— Il a l'air plutôt calme, lâcha Erich alors que Syla décrivait quelques cercles au-dessus de lui.

À vue d'œil, il avoisinait les quatre mètres de haut. Un simple pagne de cuir autour de la taille recouvrait sa peau basanée, tandis qu'une lourde masse armait sa main, solidement renforcée de pieux qui hérissaient son corps entier de bois brut.

— Posons-nous dans le village et interrogeons les villageois avant de faire quoi que ce soit, conseillai-je au prince.

Il acquiesça et Syla bifurqua vers le centre d'Arnya. Il se posa avec souplesse sur la terre battue, au milieu des villageois qui s'étaient regroupés à la vue du griffon dans le ciel.

— Je suis Erich de Velt, clama le prince en descendant d'un bond de son compagnon. Je viens pour votre problème de géant.

— Si son altesse nous envoie son héritier pour s'excuser du retard, sachez que nous nous moquons de qui chassera le pique-assiette qui dort dans nos champs depuis maintenant un mois ! cracha un homme d'une quarantaine d'années.

Les traits tirés, ce vieux fermier semblait bien fatigué, même pour un travailleur acharné. Le géant leur menait la vie dure depuis bien trop longtemps... et Erich n'en pensa pas moins.

— Un mois ! répéta-t-il choqué. Les chevaliers vous ont laissé avec un géant sur les bras durant un mois entier ?

— Elle est bien belle la soi-disant garde du peuple ! Leur prince n'est même pas informé de nos difficultés. Ils sont pourtant vos chevaliers !

Erich se racla la gorge, gêné. Son titre d'héritier faisait de lui le capitaine des chevaliers, mais ses obligations ne lui permettaient pas de prendre le temps de consulter les missions affichées par le gestionnaire de la caserne. Ce gratte-papier n'était d'ailleurs pas sous ses ordres, mais sous ceux de Minard.

— Le géant semble plutôt calme, lança finalement le prince.

— Calme ? gronda le villageois. Bien sûr qu'il est calme puisqu'on lui donne toute notre nourriture ! Il détruit nos maisons et tue notre bétail si nous ne le nourrissons pas à sa convenance ! Et que comptez-vous faire seul ? Vous ne portez même pas d'armure ! Vous n'êtes tout de même pas venu simplement pour nous questionner ? Nous ne tiendrons pas un mois de plus le temps que vous reveniez avec vos hommes !

— Du calme, l'intima Erich qui gardait son sang-froid.

Les mauvais traitements de ses proches avaient l'avantage d'avoir forgé son caractère. Il fallait plus qu'un groupe de villageois en colère pour l'intimider.

— Ixen, as-tu moyen de me fournir une armure avant que nous n'allions rencontre le géant ? s'enquit-il en levant les yeux vers moi.

— Je vais vous en invoquer une pour l'occasion, lui assurai-je.

Je me dandinai sur la selle de Syla et regroupai mes jambes sur un de ses flans. Erich m'observa perplexe alors que je glissai au bord de la selle, prêt à sauter. Syla était sacrément haut pour le corps du jeune garçon qui abritait mon âme. Mais je n'avais pas le choix. Je devais descendre. D'une contraction sur mes cuisses, je me propulsai. Erich me rattrapa de justesse d'un bras en travers du ventre alors que mes jambes pliaient sous le choc de l'atterrissage.

— Il va vraiment falloir que tu penses à t'entraîner un peu, soupira-t-il alors que je me redressai.

Je fis la moue et me dégageai de son bras. Il me restait en travers de la gorge d'entendre le détendeur de mon âme, celui qui me privait peut-être de mon moi draconique, de me conseiller de me muscler, alors que sans lui, il ne me resterait sûrement qu'une paire d'années pour récupérer ma toute-puissance.

Prince et Dragon - Tome 1 : Ixen [EN COURS - publication réécriture]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora