Supplications

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Lenny est fatigué ce soir là et pour ne rien arranger il rentre à pied. Il avait dû assister à une réunion de gang et ses bras droits avaient visiblement oubliés de venir le chercher. C'est donc comme ça qu'il se retrouvait à rentrer, un soir d'hiver, à pied.

Dans sa marche nocturne il était passé à côté du quartier des families mais personne, dommage il les aurait bien fumés pour se détendre un peu.

Il était maintenant proche du Unicorn, Lenny n'a pas peur de passer par ces quartiers qui lui sont interdis, que quelqu'un vienne l'en empêcher. Cela faisait déjà un moment qu'il errait dans les rues qu'il connaissait si bien, ses pieds commençaient à le piquer à cause des chaussures inadaptées à la marche et, quand à son costard, il était bien trop léger pour s'assurer du bien être de la personne qu'il renferme. Alors, voulant garder son image impeccable même dans des rues vides, il enfonça ses mains dans ses poches, espérant se réchauffer un peu. La tête levée vers le ciel, observant les étoiles avec peu d'intérêt, il espérait malgré lui qu'il y aurait un peu d'action. Il en profita pour regarder sur son téléphone, rien, et c'est assez rare pour le faire remarquer.

C'est alors qu'il entendit une respiration saccadée venant d'une ruelle un peu plus loin sur sa gauche. Encore probablement un drogué à ses bottes, ou juste quelqu'un en besoin. Dans tous les cas, aucunes de ces options ne le concerne, il daigna tout de même à regarder dans la ruelle en passant à côté.

Peu importe si cette ruelle était mal éclairée, peu importe si la personne était de côté par rapport à lui, il le reconnut du premier coup d'œil.

Twain.

Entouré de quelques bouteilles vides.

Ça le représente bien, quelqu'un de seul, entouré de merdes.

Sans vraiment s'en rendre compte, Lenny s'était arrêté pour le regarder. Et c'est alors que MT se retourna et planta son regard dans celui du vagabond. Un regard inhabituel. Dénué de haine, dénué d'énergie. Un regard triste, implorant, humide. Le fier MT, celui qui met la pression à tous ceux qu'il croise, ce n'était pas lui ce soir là.

MT ne sécha pas ses larmes, il ne replaça pas son blouson sur ses épaules. Il restait juste planté la, gagnant du terrain dans la tête de Lenny. Dégageant de la pitié à plein nez. D'une voix rauque et emplie de tristesse il tenta quand même:

« Salut Tarte au citron. »

C'est troublant, comme des mots peuvent dire une chose et son contraire. C'était un salut de bonjour et d'au revoir.

MT se retourna vers le fond de la ruelle, recroquevillé sur lui même. Personne ne s'arrêtait jamais pour lui de toute manière. Et pourquoi Lenny de toutes les personnes s'arrêterait pour lui.

Mais le chef des vagos ne broncha pas. Il affirma même sa présence en s'adossant contre le coin du mur. Lenny n'arrivait pas à partir, à laisser Twain. Pas encore. Ou était-ce car cette soirée avait été ennuyante, ou l'odeur de l'alcool flottante dans l'air lui avait joué des tours. Néanmoins il resta la.

L'esprit embrumé, MT s'énervait. Pourquoi Lenny ne part pas ? Pourquoi il le regarde comme ça ? Quelque chose ne va pas? Qu'il se casse bordel! MT se retourna, attrapa une bouteille vide à côté de lui et la lança violemment en se levant. Le projectile arriva à côté de la tête de Lenny qui eut un mouvement de recul. Le verre s'éparpilla sur le sol taché des quelques gouttes d'alcool qui y restait.

« Ça te sert à rien de tirer sur ton ambulance »

« Je t'ai rien demandé à ce que je sache... »

MT parle sans conviction, il n'a même pas confiance en ce qu'il dit. Alors il n'a qu'une chose sur laquelle il peut se rabattre. Retourner dans sa coquille d'agressivité.

« Et je t'ai déjà dis de m'appeler MT connard. »

Nullement impressionné par cette façade. Malgré la tension et l'atmosphère pesante de la ruelle sombre. Lenny avança, lentement, vers Twain.

Seul Lenny sait, seul lui connaît cet effet de Twain, celui qui pousse à se rapprocher, à vouloir se blottir contre MT mais en même temps qui nous repousse et nous donne envie de s'enfuir. Comme un aimant.

Bien sûr, comme prévu, Twain ne tenta rien de plus pour repousser Lenny. Manquant d'envie et de force. Il tenta tout de même de se convaincre lui même à nouveau.

« S'il te plaît Lenny. J'ai vraiment pas besoin de toi en plus la. »

Silence. Le temps est comme figé, mais MT sens bien les émotions monter en lui.

« Je... Je t'en supplie. Pars. Ne reviens pas. »

Le nouveau pas que fit Lenny vers lui se chargea de le finir. Twain sourit tandis que des larmes commencèrent à glisser sur ses joues. Lenny s'accroupît et essuya du bout du pouce les larmes de Twain.

« C'est bientôt la fin pour moi tu sais. Je le sens de plus en plus ces derniers jours. La mort pèse au dessus de moi depuis longtemps. C'est différent cette fois. »

Il marqua une pause, ponctuée par des reniflements.

« Tu pourras rien faire cette fois. C'est trop tard. Tu le sais, tu le sais que tu m'as fini. C'est pas de ta faute nan, c'est moi. Je suis devenu accro à la mauvaise drogue. »

Il repoussa lentement la main de Lenny de son visage. Celui ci l'accepta, avec toujours cet air distrait, neutre.

« Twain c'est pas fini. T'es plus seul maintenant. T'as deux connard qui t'accompagnent. On s'était promis, je respecte mes promesses. »

« Je sais. Ne pas tomber amoureux pas vrai... Quelle règle de merde. C'est toi le monstre refré. »

« Arrête Twain. Tu sais que c'était ce qui était de mieux à faire. T'imagines si quelqu'un découvrait ? C'est pas par ce qu'on tente pas de buter ceux qui nous aide qu'on ressent rien. Regarde moi. Je sais même pas ce que je fous là. »

Lenny soupira, quelle idée d'être resté, à croire que Twain a toujours un effet sur lui. Lenny était prêt à partir.

Twain soupira, il n'arrivait plus à rien de toute manière. Il avait sûrement trop bu. A ce moment là, il ne voulait qu'une seule chose. Et ce sera pas une putain de promesse qui l'en empêchera. Pas ce soir, pas dans cette ruelle. Cette fois ci, il attrapa la gorge de Lenny et l'attira contre lui dans un baiser.

Lenny perdit légèrement l'équilibre et tomba un peu contre Twain, ou le mur, quelle différence ? Il fut pris d'un élan d'envie, de nostalgie, de regrets. Il se contrôla néanmoins et se décolla légèrement. Les visages des deux hommes à quelques centimètres.

« T'es bourré Twain. Je-»

« M'en fout »

Et leur distance précaire fut brisée.

Ce soir là, ils rechutèrent tous les deux dans une addiction passée. Rompant tout accord entre eux.




Merci beaucoup d'avoir lu, je suis toujours open aux remarques toussa toussa ! Zoubi sur vous et attention a ne pas faire de surdose de angst <3

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