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Le soleil pointe le bout de son nez sur l'île. Dissimulée sous ma capuche, un journal dressé devant le visage, j'inspecte les alentours dans les moindres détails. La ville est animée, les vieilles bâtisses de couleurs claires reflètent les rayons de l'astre doré et les enfants s'amusent à jouer avec l'eau de la fontaine, sur laquelle je suis assise.

Mon pouce s'amuse à faire tournoyer la bague que je porte autour de mon index, sertie d'une petite pointe permettant de blesser l'adversaire au visage en cas d'urgence et de manque d'autre possibilité.  J'attends. Impatiente. Et pourtant, je ne dois pas perdre mon sang froid.

Livaï.

Là, devant moi. Ma cible. Le soldat le plus fort de l'humanité. A portée de main. Il est entouré d'une bande de jeunes, et je sais qu'il s'agit de son escouade. D'après la description que l'ont m'a faite de chacun d'entre eux, Eren, cheveux bruns et longs aux yeux émeraudes, n'est pas présent. A-t-il été punis de ces actes, après la bataille de Revelio ? Cela inclurait que le bataillon d'exploration n'était pas au courant de ses agissements, et qu'Eren est probablement enfermé quelque part. Mais ce n'est pas la mission qui m'incombe, ça, c'est l'affaire de Pieck et de Reiner.

Si on m'a envoyée ici, c'est pour abattre celui que l'on craint presque tous. Je dis presque, parce que personnellement, je n'ai pas vraiment l'intention de le laisser filer et il ne m'intimide pas plus que ça. Ackerman nous a montré de quoi il était capable, certes, mais je ne me laisse pas abattre. Je suis entraînée pour lui, rien que pour lui. Une année complète à souffrir chaque jour pour atteindre le maximum de mes facultés physiques, et stratégiques. Il est fort, et les rumeurs laissent penser que sa puissance serait égale à celle de nos titans. Et j'avais fais la promesse de revenir sa tête à la main.

Évidemment, je n'attaquerais pas en public, et j'attendrais qu'il soit seul. Je n'ai aucune chance, seule, contre son escouade, d'autant plus qu'une deuxième Ackerman fait partie du joli petit lot. Je la repère rapidement, puisqu'elle est dotée de la même chevelure noire que lui et son regard froid reflète ce je-ne-sais-quoi, mais terrifiant, propre à leur clan.

Livaï semble s'éloigner du groupe pour rejoindre un des bâtiments. Je plie mon journal, la glisse dans la poche de mon trench - d'où il dépasse largement - et laisse tomber ma capuche sur mon dos, laissant apparaître mes longs cheveux que je viens de teindre en un noir hideux. Cette couleur ne me va pas réellement, mais Reiner a insisté pour que je change mon apparence. C'est absolument ridicule, puisqu'aucun d'eux ne m'a aperçue, lors du massacre qu'Eren avait entrepris, cette nuit là. Soldate d'élite, et la meilleure dans son domaine, je fais toujours en sorte de ne pas être visible lors de mes attaques. Mais soit, j'avais troqué mon blond cendré pour cette couleur tristounette et qui rendait mon teint blafard.

J'inspire profondément et emboîte le pas au caporal-chef, lorsqu'il pénètre dans ce qui me semble être un QG. Je ne sais pas s'il s'agit du centre de rassemblement du bataillon, ou d'un autre corps de leur armée mais une fois à l'intérieur, je suis certaine d'être dans une caserne. De long couloirs rassemblent plusieurs portes, se faisant face les unes aux autres et je suppose qu'il s'agit des chambre des soldats. L'entrée est vaste, le sol est décoré d'une fresque en marbre et je me laisse à la contemplation de ce qui semble être un soleil, quelques secondes.

Livaï emprunte le couloir de droite, et s'engouffre dans une des pièces. J'attends un peu et rejoint, à mon tour, le corridor plongé dans l'obscurité. Le dos plaqué contre le mur adjacent à la porte, j'inspire profondément, et pose la main sur la poignée ronde. Doucement, je la fais tourner, et ouvre la porte le plus délicatement possible.

J'entends le bruit de l'eau qui coule, et de la vapeur s'échappe d'une autre porte, à l'intérieur de la chambre dans laquelle je viens de m'inviter. Lorsque je referme la porte, j'enclenche le loquet et inspecte les lieux du regard. Un lit double est placé en dessous de la fenêtre, à côté duquel se trouve une petite table de chevet en bois. Un bouquet de rose blanche y est apposé, et si cette chambre est la sienne, alors Monsieur a plutôt bon goût. La couverture est verte foncée, et le lit est fait au carré. Sur la pointe des pieds, je me rapproche de la seconde porte, prêt de laquelle est disposée une armoire. La chambre ne dispose d'aucun autre meuble, pas de photographies, pas d'objets de décoration. Rien n'a l'air personnel et je me demande si cet haut gradé de l'armée a une âme.

RECUEIL DE ONE SHOT ⚔️ Where stories live. Discover now