Une tempête en vue

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         C'était un beau jour d'août, le 12 plus précisément, cela faisait jour pour jour 4ans que ma mère était morte du cancer.

Il était 12h, mon père venait de me récupérer, nous étions partis faire du canoë. On s'était installés au bord de la rivière pour manger, le soleil reflétait sur l'eau mon visage triste. Mon père s'était donné pour but de me faire faire une activité le 12 août de chaque année, pour que le chagrin de la mort de ma mère ne m'emporte pas dans certaines eaux sombres. C'était la deuxième fois depuis qu'elle était partie que nous venions faire du canoë. Mon père avait choisi un parcours plus difficile que la première fois.

La chaleur allait rendre cette descente plus amusante, on prévoyait déjà de nous arrêter sur un coté pour piquer une tête dans la rivière. Mais à ce moment je ne savais pas encore ce qui allait se passer.

La pluie était annoncée pour 18h, on était large, nous ne devions normalement pas prendre l'eau.

Arrivés au lieu de rassemblement, après avoir récupéré les gilets de sauvetage, nous et trois autres personnes étions montés dans un van qui nous emmena au départ. Le ciel commençait déjà à tourner au gris, mais les rayons du soleil arrivaient quand même à percer les quelques nuages rebelles.

Les trois personnes qui étaient avec nous sur la descente étaient anglaises, je ne comprenais qu'à moitié ce qu'elles disaient, mais j'arrivais à distinguer leur inquiétude au sujet du temps.

Mon père était confiant, il n'avait pas plu depuis deux mois dans cette partie du pays, les chances étaient minces qu'il repleuve quand nous serions dans les rapides.

L'homme qui nous avait accompagnés nous a donné le canoë, et nous voilà partis. Le ciel redevenait bleu devant nous, mais le gris nous poursuivait comme un fantôme.

Nous avons descendu le premier rapide tranquillement mais sûrement, l'eau froide de la rivière ravivait le sang de mes pieds. Je n'avais plus trop envie de me baigner sachant que le soleil n'était presque plus de sortie.

Au bout d'un moment, des gouttes se mirent à tomber sur nos corps encore chauds. Les gouttes n'étaient pas fortes, puis une brise se leva et commença à souffler dans notre dos, notre vitesse augmenta tout de suite. La force de mes bras ne servait plus à rien. Le canoë avançait tout seul porté par le vent. La pluie devenait de plus en plus puissante et la force du vent faisait claquer les gouttes d'eau sur mes épaules nues.

La douleur s'amplifiait. Le ciel qui devenait de plus en plus noir se mit à gronder, nous étions déjà trop loin pour faire demi-tour. Les Anglais étaient derrière, mais avec la pluie nous ne les distinguions même plus. Mais nous pouvions les entendre rigoler dans cette pluie soudaine.

Les orages étant de plus en plus fort, le canoë se remplissant petit à petit, mon père décida de s'arrêter sur un côté. Le sol était plein de boue. Mes pieds s'enfonçaient dans la vase.

Nous étions maintenant sous les arbres, la pluie nous tombait dessus encore plus que sur l'eau. Les Anglais venaient de passer quand un éclair suivi d'un grondement retentit dans le ciel.

La peur montait en moi. Je regardais mon père qui devenait de plus en plus inquiet aussi. Après plusieurs regards hésitants, nous avions décidé de repartir, car sur l'eau ou sous les arbres, les orages étaient les mêmes.

Nous repartîmes, pensant encore que l'orage allait s'arrêter.

Les Anglais s'étaient arrêtés sur un côté, rigolant toujours comme si rien ne se passait. Nous nous sommes salués, puis nous avons continué notre route, les laissant derrière nous.

Une tempête en vueWhere stories live. Discover now