Chapitre 1

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 Chapitre 1 : La symphonie de Paris

1 - Paris, 11 décembre 2022, 17h.

La pluie s'abat vigoureusement sur les bâtiments haussmannien de Paris, le vent s'affale éternellement sans laisser le moindre répit aux passants. Pour autant, la ville reste belle et bien vivante. En cette veille de fêtes de fin d'années, les piétons affluent de part et d'autre, les clients emplissent des magasins qui n'attendent que cette période pour faire leur chiffre d'affaires. Au milieu de ce mouvement récurrent, un monument historique, la colonne Vendôme situé au 1er arrondissement de Paris. Un lieu au caractère unique, qui, entre le bruit des passants et de la pluie, entre le décor de son sol pavé de manière homogène et de ses hôtels historiques, joue une douce symphonie digne d'une œuvre de musique classique. La place a été totalement décorée pour cette fin d'année, deux grands sapins entourent la colonne Vendôme et toute l'esplanade est encerclée de guirlandes. Si l'on s'approche et que l'on y plonge en plein milieu, on peut aussi y apercevoir plusieurs restaurants et pubs bien remplies. Sur les façades des restaurants, de multiples pancartes d'activistes qui critiquent le gouvernement et la société française et de manière plus générale qui se retrouvent complètement abîmées par le temps pluvieux. Là-bas, au bout de la rue, à côté du ministère de la justice, un groupe de personnes qui jouent aux échecs et qui semblent tellement concentrés qu'ils en oublient les fines gouttes de pluie qui leur tombent sur la tête. En face des joueurs, un café nommé La grange du Hibou, c'est un petit bistrot bien modeste, les personnes n'y affluent pas et celui-ci semble presque désertique. Les moindres recoins du bistrot dénoncent les ravages du temps qui ne l'ont pas épargné. Ses murs de couleur bronze sont faits de plâtres qui remémorent les maisons du XVIIe siècle construites en pans de bois. L'enseigne de la grange du Hibou est un morceau de bois de bouleau décimé par les fortes pluies. Enfin, l'intérieur du bistrot a lui aussi mal vieilli et tout laisse à désirer que celui-ci a été abandonné. Les meubles tiennent à moitié debout, et le sol grince et n'a pas été nettoyé depuis une décennie. Le tout est éclairé par de petites bougies placées aux coins des murs. Pour autant, cet étrange bar n'est pas vide, un homme est assis seul au beau milieu du chaos et du silence. Certains préfèrent la chaleur de l'été au froid glacial de l'hiver, la ferveur de la population au silence de la solitude. Mais lui c'est dans cet amas de pluie et de vent, et dans le fait d'être le plus éloigné possible des passants, qu'il se sent le mieux, c'est ici qu'il trouve l'inspiration pour écrire. L'Homme n'est pas bien âgé et doit avoir tout au plus 20ans , son imposant physique d'un mètre quatre-vingt se cache derrière une épaisse cape noir recouvrant le personnage de haut en bas. La capuche sombre sur sa tête ne laisse entrevoir que de fin yeux gris, de grands rides synonyme d'un réel manque de sommeil et une barbe finement taillée. Le tout, révélateur d'un visage sans la moindre émotion et entièrement concentré dans sa tâche. Ses mains sont recouvertes de grandes mitaines noires laissant apercevoir ses doigts frêles qui serrent de toutes leurs forces une plume et un cahier. De loin, on aurait l'impression que cet homme s'ennuie bien seul et qu'il gribouille sur son cahier pour s'occuper. Mais en réalité, si on s'approche de plus prêt, on se rend compte que ce sont des poèmes qu'il rédige. D'une habillité absolue, l'homme rédige sans s'arrêter comme si la seule raison de son existence était d'écrire. Si on y jette un regard on peut observer que l'Homme écrit un poème sur lequel on peut y lire les derniers mots " je me sens observer éperdument par un ordre bien plus grand", puis, d'un geste étincelant, il signe son œuvre, au nom d'Andreas. Après cela, il se permet de jeter un regard observateur sur les joueurs d'échecs de la rue d'en face, ce jeu d'ailleurs l'intéresse beaucoup. L'Homme remonte son buste, retire sa capuche et prend un air fier de lui comme s' il se prenait pour un grand auteur. D'ailleurs, cela n'est pas anodin puisque le prénom Andréas est un dérivé du grec andros signifiant « illustre parmi les hommes ». Le vendeur du bistrot, un vieil homme qui porte une tenue extravagante ayant l'air de sortir tout droit de l'époque médiévale est intrigué par ce qu'il voit. Pour autant, il n'ose pas approcher le spectacle qui s'offre devant lui. Andreas a une habitude perpétuelle de garder le silence, non pas parce qu'il n'a rien à dire mais parce que les autres ne sont pas prêts à entendre ce qu'il pense. Soudain, le vent se met à gronder encore plus fort, des grêlons se mettent à tomber, la mélodie provoquée par les passants se transforment en un boucan incessant de personnes courant vers les magasins et stations de métro pour se mettre à couvert. Andreas observe la scène qu'il accompagne d'une moue, signifiant, entre autres, qu'il allait devoir prendre un métro bien plein, lui qui déteste tant les amas d'individus. Alors qu'il s'apprête à sortir du bistrot, la porte s'ouvre, un des joueurs d'échecs entre, le regarde dans les yeux et puis d'un ton sec et d'un accent typique des pays orientaux lui dit: "Bonjour jeune homme, je souhaite m'entretenir avec vous", avant même d'attendre la réponse d'Andreas l'homme prend la chaise devant lui et s'assoie. Malgré le fait qu'il ne soit pas bien grand, le mystérieux inconnu dégage une pression insoutenable au sein du bistrot, sa présence même a servi à redonner vie à la pièce. L'homme à l'air de sortir tout droit d'un groupe de peaky blinders, il porte un costard gris, un beret et une veste noir. À sa main droite, on peut apercevoir de grosses égratignures qui ne semblent pas tant le déranger que cela, tandis qu'à sa main gauche il tient fermement un mégot de cigarette. Curieux de ce débarquement aussi spectaculaire que imprévisible et par mésenvie de prendre les transports Andreas décide de rester écouter l'inconnu. Il lâche donc ses affaires auxquelles il tient tant et regarde froidement l'homme, lui faisant comprendre qu'il était disposé à l'écouter, certes, mais cela dans un temps restreint. Ce regard ne décontenance pas l'inconnu puisqu'il prend le temps de finir son mégot avant de s'éclaircir la gorge et finalement s'exprimer.

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⏰ Last updated: Jan 25, 2023 ⏰

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L'ombre du HibouWhere stories live. Discover now