Chapitre 1

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- ... et lorsque les effets disparaissent, la personne ressent comme une descente profonde et rapide vers la réalité provoquant un état dépressif et de fortes angoisses... termina notre remarquable professeure de sciences (de la vie et de la Terre).

Elle a, cette fois, glissé une sensibilisation en plein milieu d'un cours sur le cerveau et son fonctionnement. « Plutôt bien fait ce cours... » pensai-je en observant l'horloge. La sonnerie sonna et la vieille soupira. Oui, on la surnommait ainsi, cruels éphèbes.

- Bonnes vacances jeunes gens. Vos congés sont relativement longs alors profitez-en ! J'ose espérer que ce cours sera maîtrisé et su, bien qu'aucune évaluation ne soit prévue, même si j'en doute, soupira-t-elle.

- Bonnes vacances à vous aussi, madame !dîmes tous en chœur.

Avec nonchalance, comme à mon habitude, je rangeai mes affaires et cherchai dans mon sac un bob. Je pris mes écouteurs et les branchai à mon téléphone ; effectivement, le fait d'avoir 14 ans n'incluait pas la possession d'airpods. Sans surprise, j'étais aussi vêtue de vêtements de seconde main ou artisanaux. Ils étaient peu coûteux et supposés être meilleurs pour les droits de l'homme et l'écologie...

Je lançai ma playlist nommée « pas si triste ». Elle était essentiellement composée de rock alternatif, indépendant, et parfois grunge. Afin de confectionner cette playlist, j'ai sélectionné des chansons ayant un tempo allegro telles que «freaking out the neigbourhood » de Mac Demarco ou encore « Jigsaw falling into place » de Radiohead. Elles me donnaient l'impression d'être nostalgique d'une chose, mais j'ignorais laquelle. Ainsi emportée par ces airs finalement mélancoliques, je déambulai dans les couloirs et sortis du collège.

Ma réaction était toujours la même lorsque j'apercevais près du portail des adolescents qui, pour ainsi dire, s'étreignaient et manifestaient des signes d'affection. Je me disais qu'ils étaient assez naïfs, mais bien chanceux de vivre cette expérience et d'y croire. Le fait d'être en couple et les sentiments qui en découlent m'étaient inconnus. D'une part j'étais jalouse, mais d'une autre, j'avais peur.

Je me dirigeai vers l'arrêt de bus et divaguai. Une fois arrivée, m'assis. Il y avait, à côté de moi, une femme qui s'allongeait sur le banc. Une vague de chaleur m'accabla et aucune brise ne semblait vouloir me caresser les cheveux. J'étais fatiguée. Était-ce donc le goût des vacances ?

Le bus arriva, la femme était toujours allongée. Je décidai alors de changer de playlist, qui cette fois s'assumait amère. Tant pis. Je montai dans le bus. L'odeur était chaleureuse. Je pris place et ouvris la fenêtre.


These SummersWhere stories live. Discover now