I. Tragique Nouvelle.

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L'OMERTA

Alya

- Mat-trong !

Je m'exécute, mon poing vient violemment percuter la mâchoire de mon adversaire, il grogne de douleur, essayant de se redresser plusieurs fois et de reprendre une certaine contenance.

- Tei-trong !

Ma jambe droite vient heurter l'abdomen de cet homme, son corps vient s'affaisser bruyamment au sol. Je profite de cette situation pour me retrouver sur lui. Je l'assène de plusieurs coups jusqu'à ce que la voix de mon coach m'exige d'arrêter.

Je fais quelque pas en arrière avant d'observer les dégâts que je lui ai infligé. Sa lèvre inférieure ainsi que son nez saigne abondamment, son œil droit est injecté de sang, il semble être dans les vapes.

La main de mon coach vient ébouriffer mes cheveux, je souris inconsciemment avant de me retourner vers lui. Il ancre son regard dans le mien, j'y perçoit de l'admiration et de la fierté.

- Tu t'es amélioré depuis la dernière fois Alya. Demain nous travaillerons sur la précision et l'intensité de tes coups.

- Je ne vois pas pourquoi. Dis-je tout en pointant du menton l'homme toujours à terre. Observe l'état de cet homme, il prouve bien que mes coups sont parfaitement exécutés.

- Tu est assez lucide pour comprendre que l'enseignement du *Muay Thaï ne s'arrête jamais. Tu ne semble pas comprendre que la force que tu détiens est dangereuse Alya, tu n'arrive pas à la contrôler. Si je n'avais pas était là pour t'arrêter, seul Dieu sait dans quel état cet homme aurait finit. Maintenant, ne fais pas ta petite fille capricieuse et vas te changer, il se fait tard, rentre chez toi.

Je ne riposte pas et me contente simplement d'hocher la tête, inclinant légèrement mon dos en signe de respect et de salutations. Je finis par me diriger vers les vestiaires où je prends rapidement une douche.

Je quitte cette salle d'entraînement avec les muscles lourds, je m'entraîne depuis que l'aube a fait son apparition. La nuit est tombé dans le quartier de *Kalsa. La brise fraîche me fait légèrement frissonner, le ciel est recouvert d'étoiles étincelante et les rues sont désertes. Le silence est assourdissant seules quelques miaulements de chats et les grésillement de libellule viennent rompre ce calme.

Cela fait maintenant plusieurs années que j'effectue chaque jour le même trajet pour rentrer chez moi, mais à chaque fois, la sensation et le ressentie sont différents. Comme ce soir, une sensation de malaise vient se former dans mon estomac, je n'y prête pas attention.

En vérité la seule chose qui préoccupe mon esprit, sont ces lasagnes à la bolognaise que ma mère a préparé la veille. Je sais pertinemment qu'ils m'attendent, et moi de même. Je n'ai qu'une hâte déguster chaque bouchées. Rien que d'y penser me met l'eau à la bouche, alors j'accélère le pas pour me retrouver le plus rapidement possible chez moi.

Bien évidemment, j'ai aussi hâte de retrouver ma mère, elle compte énormément pour moi.

J'aperçois sur mon chemin plusieurs Berline noirs aux vitres teintées. Sans que je puisse me poser la moindre question, je sais d'emblée qu'elle appartienne à une Mafia, sûrement Sicilienne.

Après quelques minutes de marche, j'arrive enfin chez moi. Je pousse la porte et me retrouve dans la cour principale de notre habitat. Je fronce les sourcils de stupéfaction et ma bouche s'entrouvre en constatant qu'une flaque de sang est présente, elle semble être récente.

- Mamma ?! Mecrié-je.

Je court en entendant plusieurs sanglots, je me retrouve dans la pièce à vivre. Ma mère est au sol, des larmes ruisselaient sur ses pommettes, ses yeux sont rougis et son corps est tremblant. Je l'analyse promptement mais je constate que nul trace de sang est présente sur son corps. Je m'empresse de me rapprocher d'elle, je me baisse à son niveau.

Moi : Mamma qu'est que tu as ?!

Son visage s'incline pour me regarder, ses sanglots deviennent instantanément plus fort et plus puissant, un léger pincement au cœur me prend. Je n'ai aucune réponse de sa part, les mots semblent lui manquer alors j'encercle ses joues avec mes deux mains et l'oblige à me faire face. J'ancre mon regard dans le sien, j'observe que mes doigts tremblent à leurs paroxysme.

De haine ou de rage ?

Sûrement les deux.

Ma haine est grandissante alors que je ne connais toujours pas ni le ou les auteurs de ses pleurs et de son attristement.

Le doigt de ma mère s'efforce de me pointer quelque chose, alors j'incline mon menton dans la direction qu'elle semble m'indiquer et mes iris butent sur une photo de mon demi-frère.

Anis.

- Alya des.. des hommes sont venus prendre Anis, il s'est fait frapper, il essayait de.. de se défendre, mais c'était des hommes de la Mafia, je l'ai reconnais. J'ai crié.. crié, mais ils ne voulaient rien savoir Alya, mon.. fils va mourir, mon fils va mourir !

Mon cœur rata un battement en l'entendant, ma respiration semble suivre ce court, elle n'arrange en rien les pulsations alertente et haletante sous ma cage thoracique. Je me redresse lentement, essayant d'assimiler chacun de ses mots. Les sanglots de ma mère retentissent comme de violents échos dans mon esprit. Sans aucune once d'hésitation, je me dirige précipitamment vers la sortie sans adresser un seul regard à ma mère.

- Alya ne part pas ! Reviens !

Sa voix suppliante me fais froid dans le dos, je me retourne à contre cœur pour lui faire face. Je croise son regard qui me laisse percevoir tout son désarroi et sa peine, ma gorge se noue instantanément.

Je ne peux pas pleurer.

Moi : Je dois le retrouver Mamma ! Je ne peux rester les bras croisés, tu le sais autant que moi !

Elle : Ne te précipite pas dans la gueule du loup, je.. je ne veux pas te perdre toi aussi ! Ils ne le laisseront pas la vie sauve. Anis est mort au moment même où ils sont arrivez au pied de notre porte. Ne joue pas la justicière, éradique de ta mémoire les paroles de ton père, elles ne te mèneront à rien !

Mon sang se glace, je ne veux pas qu'elle parle de lui. Personne n'a le droit de parler de lui.

Moi : Il n'est pas encore mort, je rentrerais avec Anis, si je n'y vais pas qui partira le sauver ?! J'irai dans les quatre coins de la Sicile et de l'Italie pour le retrouver ! Si je n'y parviens pas alors j'irai prévenir les autorités du monde entier. Je ne laisserais pas tomber mon propre sang !

Sur ces dernières paroles je quitte la pièce à vivre, le cœur lourd mais l'esprit déterminé. Il ne le toucheront pas.

Elle : Non ma fille, rappelle toi ! L'Omerta ! L'Omerta ! L'Omerta !

La voix de ma mère me paraît désormais lointaine. Je reviendrai avec lui, avec mon frère, Anis.

* Muay Thaï : Le muay thaï est un sport de combat de haute intensité.

* Kalsa : Quartier à Parleme ( Sicile ).

OMERTAWhere stories live. Discover now