Printemps [OS Aespa] - En pause

Partie 1

Minjeong était ce qui se rapprochait le plus d'une « peste ». Elle était hautaine, désagréable, infecte. Elle avait peu d'amis, mais ceux-ci l'aimaient pourtant profondément. Elle était de ces filles qui sont insupportables en société, mais terriblement attachante au sein de leur groupe restreint. A la manière de l'alpha d'une meute, elle était méfiante envers l'inconnu et protégeait ses êtres chers à tout prix.

Pourtant, ce que l'extérieur retenait d'elle, c'était ceci : une fille de la haute société qui n'en avait rien à faire de ce que les autres pensaient d'elle et qui n'hésitait pas à mépriser ceux qui étaient inférieurs à elle. Et ils ne se trompaient pas vraiment. Il lui était arrivé maintes fois de désigner un bouc émissaire sur lequel déverser sa colère lorsque quelque chose n'allait pas dans son sens. Et ce n'étaient certainement pas ses amis qui la retenaient, loin de là. Il est si aisé de relâcher la pression sur les autres lorsqu'on n'a même pas conscience de leur existence.

A vrai dire, elle s'était parfois – souvent – attiré des ennuis. Ses victimes n'avaient pas toujours encaissé les coups silencieusement, et elle avait déjà écopé de plusieurs suspensions depuis le début de ses années lycée. Elle était en ce moment en terminale et elle n'avait pas passé une seule de ses trois années dans le calme et le respect de l'autre.

Ses parents ne savaient plus quoi faire. A chaque punition qu'elle recevait par l'école, elle recevait le double à la maison, mais rien ne faisait effet. Elle était comme imperméable aux sanctions. Comme si tout glissait sur elle sans n'exercer aucune influence sur son mental froid comme la glace. Ses amis s'amusaient à la surnommer « Winter », l'hiver glacial, lorsqu'elle se décidait à martyriser d'autres élèves du lycée.

Peut-être était-elle si impassible grâce aux bonnes notes qu'elle recevait. Car oui, même si elle avait un caractère de cancre, elle était loin d'en être une au niveau scolaire. Elle devait l'avouer, les investissements que ses parents ont placés dans ses nombreux professeurs particuliers portent leurs fruits. Elle n'était pas plus intelligente qu'un autre. Elle avait seulement la chance d'être tombée dans une famille qui subvenait au moindre de ses besoins.

« - Winter, le prof' t'appelle...je ne le sens pas, il avait l'air en colère. »

Tels furent les mots porteurs d'un nouveau changement pour Minjeong. Ce jour-là, alors qu'elle tressait les cheveux de son amie Karina dans le parc et que les garçons du groupe jouaient au bottle flip, Giselle arriva en trombe, presque essoufflée, son carnet entre les mains. Le professeur l'avait attrapée en train d'utiliser son téléphone en cours et l'avait convoquée en fin de cours. Mais il avait un autre message pour Minjeong, et son amie servit de messagère par la même occasion.

Intriguée, Winter termina rapidement la tresse de Karina. Cette dernière se plaignit du manque d'entrain avec lequel elle avait attaché ses cheveux, mais Winter la rassura en lui déclarant qu'elle viendrait la refaire après son entrevue avec son professeur. Elle ne souhaitait qu'une chose : que cet entretien se termine au plus vite, elle ne supportait plus les remontrances redondantes des enseignants. Elle savait déjà ce qu'il allait dire : que son comportement était inadmissible, qu'elle nuisait à la réputation de l'école et qu'elle exerçait une influence négative sur l'apprentissage des autres élèves. Mais elle n'en avait que faire. De toute façon, ses parents ne la changeraient jamais de lycée, ils tenaient bien trop à son éducation pour en venir à cette solution.

Ses chaussures d'uniforme émettaient un claquement lorsqu'elle marchait dans les couloirs du lycée. Elle devait l'admettre, elle appuyait volontairement sur ses talons pour produire ce son. Elle aimait ce son caractéristique si imposant. Même devant la salle des professeurs, jamais elle ne baissa son menton. Elle le releva même légèrement, puis s'épousseta, avant de toquer à la porte. Elle n'attendit que quelques secondes, puis une femme d'une quarantaine d'années, une professeure de français détestée des élèves pour l'ennui qu'elle cause en classe, lui ouvrit.