Don de la Vie

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Dans une vallée perdue entre deux montagnes, une jeune fille assise attend. 

Cette fille, c'est moi

C'est vous. 

C'est nous.

Il pleut. 

 Le ciel est gris de nuages. Les perles du ciel s'éclatent contre ma peau.

Tremblantes, elles tentent de contrer le vent qui les poussent en arrière.  

Chacune d'elle possèdent une détermination admirable. Elles se battent pour arriver à leur but, quitte à avaler d'autres compétiteurs dans la course. Elles traversent en diagonale leur piste dans tous les sens pour gagner. Je sens ce spectacle, stupéfaite. Mais qu'est-ce donc ? 

Un rituel sacré ?

Un sacrifice ?

Un épreuve ? 

Sont-elles les envoyées du Dieu mystique de la pluie ? 

Sont-elles des soldats, parcourant les champs de batailles, la tête haute, fières de leurs sacrifices pour leur nation ?

Des patineuses effectuant la chorégraphie de leur destin ? 

Des ballerines dansant sur le fil de leur vie ?   

Des artistes dessinant avec leurs pas bientôt évaporés ?

Ces petites gouttes possèdent, à elles seules un passé et un futur immense qu'elles seules peuvent connaitre. 

Les larmes du ciel.

L'eau fraiche coulent le long de mon visage levé au ciel et rafraichit mon corps mis à nu devant ce phénomène céleste.

Personne ne peut le contrôler. Il impose sa propre loi. Et le monde le respecte. 

J'adore ça. 

Le sentiment de ne plus rien contrôler, de laisser le temps nous guider et d'attendre.

 Attendre que le ciel nous fasse un signe, nous offre quelque chose. Attendre. 

Et essayer de comprendre l'immensité qui nous entoure.

Le pouvoir des astres puissant mais merveilleux. 

La féerie de ces moments de paix et de colère. 

L'équilibre précieux des éléments.

 Le caractère du temps qu'il faut savoir apprivoiser. 

Apprendre à chevaucher le vent 

À murmurer aux étoiles

Apprendre  à voler comme les oiseaux

À galoper comme les chevaux

À s'élever

À aimer 

À s'émerveiller

À se fondre dans un ruisseau et suivre le cours de l'eau

À découvrir la nuit dans les yeux d'un renard ou d'un faucon

À écouter le chant du loup et d'avoir envie de le rejoindre

À entendre le chant de l'eau, l'épopée du feu et la mélodie de l'air

À suivre la lune

À guider les étoiles 

Et à chanter le vie. 


Par terre, les flaques grandissent et s'émancipent. Des cercles éphémères sont tracés à la surface. 

Les guerrières ont gagnés la bataille. 

Les artistes ont fini leur œuvres.

Les patineuses et les danseuses saluent derrière le rideau rouge qui se ferme.  

Elles ont réussi leur mission et retournent, fières, à leur source.  

J'écoute le bruit de la pluie. Une mélodie divine. Un rythme céleste. 

Des notes de cristal. Le tempo de ma vie. 

Mes paupières closes reçoivent ce cadeau des nuages. Une bénédiction du ciel. 

Mon nez est attiré par une odeur.

Parfum de terre mouillée, d'herbe verte et de bois trempé. Cette senteur remplie mon air. Elle s'installe en moi.

L'odeur de la pluie.  Elle m'apporte ce dont j'attendais.

Je ressens la nature qui m'offre leur vie et leurs rêves. 

Je ressens le désespoir dans le chant du loup. 

L'espoir dans les yeux de la biche. 

Le nostalgie dans le chant de la rivière. 

Et l'amour dans le ciel étoilée. 

Toutes ces émotions se mélangent, se fusionnent, se rencontrent pour ne former qu'un.

Je ne suis plus humaine.

Je ne suis plus rien. 

Je n'existe plus.

Puis elle me traverse. 

Elle pulse en moi.

Elle me parle. 

Elle m'habite.

Elle est moi.

Je suis elle. 


Je vie. 

Chroniques poétiquesWhere stories live. Discover now