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ROBIN 04h00
Je somnole tranquillement en ayant ma tête posée sur le sweat bleu de Don.
Ce dernier observe les étoiles avec son bras derrière sa nuque. Je finit par bouger légèrement avant d'ouvrir les yeux pour regarder le garçon.
- À quoi tu penses ? je demande avant de bailler légèrement.
- À rien de vraiment intéressant, il pose son regard sur moi, souriant soudainement.
- On pense toujours à quelque chose, j'affirme en me redressant.
- Tu es quelle genre de personne au lycée ? Finit-il par me demander.
- C'est quoi cette question ? Je lâche un petit rire de gêne.
Je replie mes jambes contre ma poitrine en regardant l'horizon. Je ne sais pas du tout comment répondre à cette question. Je ne sais pas qui je suis. Je sais quel personnage j'incarne au lycée mais en sortant du lycée, j'ignore royalement qui est-ce que je suis.
En passant les portes de mon établissement scolaire, je deviens le bras gauche de la capitaine de l'équipe de cheerleading, je côtoie les riches footballeurs et basketteurs, j'ai une popularité assurée. Mais quand je sors, je suis toujours à la recherche de ma propre personne.
Je me demande toujours ce que j'aime, ce que j'aimerais faire plus tard, avec qui j'aimerais réellement traîner à part avec ces illettrés de sportifs. C'est un combat perpétuel entre la personne que j'incarne et la personne que je veux être.
Je sais pertinemment que je ne peux pas changer de vie du jour au lendemain, mais je peux me contenter de changer certains aspects pour m'y sentir un peu mieux. Répondre à la question de Don est plus compliqué que prévu. Je me contente de fuir son regard depuis deux bonnes minutes.
- Robin? Le brun finit par me demander pour me sortir de mes pensées.
- Et toi ? Tu étais quel genre de personne dans ton ancien lycée ? je lui retourne la question.
- J'en avais rien à foutre de tout le monde, répond le brun en lâchant un rire. Comment dire, chaque jour, je me voyais prendre une voiture et partir de cet endroit effroyable et abandonné qu'est Détroit.
- Tu avais des amis là-bas ?
- Ouais, j'en avais. Don hoche la tête en enfonçant ses mains dans son sweat. J'avais mon petit groupe depuis la petite école, c'était bien sympa mais nous avions chacun des gros problèmes, on ne se soutenait pas vraiment.
- C'est marrant ça me rappelle les personnes avec lesquelles je traîne au lycée, je commence. On est un grand groupe et il y en a certains qui ne s'entendent pas, ce qui est normal en soit, mais quand y en a un qui a des problèmes, il y en a aucun qui est là pour lui. Ils baisent tous entre eux et c'est tout. C'est genre une tournante.
- Il y a une série que je n'aime pas vraiment dû au plot mais je trouve les amitiés assez loyales à certains moments, rit légèrement Don avant de regarder Robin. Dans Riverdale, ils ont beau venir de quartiers différents et ne pas avoir été élevés avec les mêmes valeurs, Cheryl écoutera toujours Veronica, Betty aidera Reggie et Josie conseillera Archie.
- J'aurais pas pris cette série comme exemple mais c'est peut-être vrai, je rit à mon tour avant de détourner mon regard du garçon.
Je regarde les commerces, bar et boîte de nuit qui bordent le ponton avant de m'arrêter sur une enseigne que je n'avais jamais remarqué auparavant. Une salle d'arcade qui a l'air ouverte à cette heure tardive de la nuit. Je me redresse légèrement avant de regarder Don avec un petit sourire en coin des lèvres.
- Allons dans la salle d'arcade, là-bas ! je m'exclame en me levant avant de pointer du doigt la salle de jeux plus loin.
- Pourquoi pas, répondit le garçon en se levant à son tour.
Nous rangeons chacun nos affaires dans nos sacs respectifs avant de traverser le ponton. Il n'y avait personne à cette heure-là, nous étions seuls. Don attrapa ma main et nous traversons la route pour rejoindre la petite salle d'arcade avec l'enseigne à peu près clignotante.
Je pousse la porte de la salle de jeux avant d'entrer, suivie par le garçon. La salle d'arcade n'était pas très grande mais il y avait quand même pas mal de jeux. Évidemment, il n'y avait personne, mise à part le vieil homme, à qui l'endroit devait appartenir, qui dormait presque sur son poste de travail.
- Tu es assez réveillé pour faire un jeu de danse ? je demande à Don en me tournant vers lui.
- Tu veux que je perde ?
- Tout à fait.
Nous posons nos affaires dans un coin et prenons place sur la machine de danse pour débuter notre premier affrontement, je ne vais lui laisser aucun répit.
A ce moment précis, je me sens juste bien. Je ne pense à rien et je ne peux pas m'empêcher de rire en voyant les pas médiocres du brun à mes côtés. Je ne veux pas que la nuit s'arrête de si tôt. Don n'arrête pas de sourire et de rire à chaque fois qu'il se rend compte que je le dépasse de loin aux niveaux des points. On ne se connait que depuis quelques heures mais j'adore déjà le voir sourire.
A ce moment-là, nous ne sommes que deux âmes insouciantes.
