Chapitre 15

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Attention ! Ce chapitre comporte des moments pouvant aisément choquer les plus sensibles !


Hors de question que je retourne au travail. Je ne vais quand même pas fréquenter une super héroïne comme si de rien n'était !

Du coup, j'ai décidé de reprendre le télétravail, et de bloquer Aéna. Puis, j'ai fait des recherches.

Aéna était amie avec Romane, alors je suis partie de ce point. Lorsqu'elle était adolescente, Romane a fait partie d'une équipe de sept super-héros, à laquelle Aéna avait fait allusion. Cinq des super-héros de cette équipe on cesser de travailler depuis plusieurs années. Il ne reste donc plus d'eux que Red Thunder (Romane) et Mirror.

Et donc, Aéna est Mirror.

Alors j'ai fait plus de recherches. Et je n'ai pas aimé ce que j'ai trouvé.

Mirror existe depuis 21 ans. On dit que c'est un ou une des meilleurs super-héros de la ville. Mais il n'y a aucune image de lui/elle se battant sur les réseaux sociaux. Et il y a bien une raison derrière ça.

Mirror est connu comme le super-héros le plus sanglant du continent.



J'ai du mal à dormir, récemment. On est déjà en début mars, et le son ne s'est pas arrêté. En plus, les chaînes d'info disent qu'un monstre marin géant se dirige vers Melpomène - la faute à une super-méchante nommée Circée.

En plus, je ne sais toujours pas qui est zéro - la personne qui m'a offert de l'argent en me disant qu'on se rencontrerait bientôt, je ne sais toujours pas ce qui est arrivé à la fille poursuivie par la faucheuse, et je ne peux même pas aller me défouler à la salle de sport !

Oh, et ce n'est pas tout. On m'a donné un nom pourri à la radio. Un présentateur à proposé ce nom, et maintenant, les gens ont décidé que mon identité en tant que super-vilain serait inspiré d'un personnage mythologique célèbre pour sa stupidité.

Ils m'ont appelé Midas.

J'ai décidé de me balader pour me changer les idées, mais mes pensées reviennent toujours à la même chose.

Midas rime avec... maracas. Ananas. Tasse. C'est pathétique.

Je piétine un tas de fleurs traînant dans mon passage. Si seulement je pouvais remonter dans le temps et trouver un moyen de changer mon nom ! Aaaah.

Je shoote dans un caillou. Je ne sais toujours pas si je souhaite remettre mon costume. C'est vrai, à près tout, j'ai quand même tué quatre personnes. Quatre personnes sont mortes à cause de moi.

Mais en même temps... qu'est-ce je suis, si ce n'est un super-vilain ? La seule chose qui m'a donné un peu de joie et d'ambition, depuis tellement longtemps, était l'idée d'être un antagoniste. Sans ça, je ne suis rien. Autant mourir.

Au pire, je n'aurais qu'à remettre mon costume ce soir, pour voir si j'en suis toujours capable. Ainsi, je serais fixé.

Le masque me va. Le costume aussi. Ça m'étonne.

En fait, ils me vont encore mieux qu'avant.

Je suppose que ça veut dire que je peux essayer de sortir ?

J'active mon intangibilité et suis mon chemin habituel, sans m'arrêter. Bien vite, je me rends compte que j'ai trop avancé. Je suis arrivé au bout de la ville, mes pieds me font mal. Je suis devant une des grosses bouches à égout de la ville - c'est là qu'on évacue tous les trucs pourris qu'on produit, avant de les mettre dans l'océan. Une lumière est allumée, au fond. Et je dois être un moustique, parce que j'ai très envie de voir pourquoi elle est là. Mais mieux vaut être discret. J'entre en partie dans la roche pour me camoufler, tout en avançant.

Des bribes de conversation me parviennent, venant du fin fond des égouts.

-Oui... le poulpe devrait venir d'une minute à l'autre. J'en ai déjà mal à la tête.

Un poulpe ? Je me demande ce que ça veut dire. Ça a peut être un lien avec le son qui me fait super mal au cerveau depuis quelques mois.

Curieux, je passe un œil à travers le tunnel. Un homme en tenue jaune se tient là, téléphone à la main, et méga fusil à l'autre. Il a l'air soucieux. D'ailleurs, maintenant que j'y fais attention, c'est tout à fait normal : une espèce de bruit horrible se propage dans tous les égouts, un peu comme une onde ou un chant de baleine.

Des vagues d'eau se dessinent au loin du tunnel, et je les vois arriver, de plus en plus grande. Le super-héros ne bouge pas d'un cil.

Et puis, là, tout change. Des tentacules géantes s'accrochent aux parois, le plafond s'effondre. Quelque chose arrive. Quelque chose d'énorme.

Une des tentacules attrape la jambe du super-héros. Il glisse le long de l'eau et tire dans le monstre qui commence à apparaître.

Le monstre hurle et lance une attaque pile dans le bras du super-héros. Il lâche sous le choc le fusil, qui voltige quelques mètres plus loin. Et une idée stupide me passe par la tête.

Je sors de ma cachette, désactive mon pouvoir et attrape le pistolet. Puis, je tire.

Plus précisément, je tire dans le super-héros. Et je vise bien, parce que la balle entre parfaitement dans sa tête.

D'une seconde à l'autre, le monstre finit le travail. Il plaque l'homme au sol, son corps se brise. Le super-héros est mort. Et ses os sont désormais éparpillés un peu partout - sans parler de son sang qui colore l'eau.

Bon. Deuxième problème. Le monstre essaye de m'attraper, maintenant.

Je lance mon arme le plus loin possible et active mon intangibilité. Les attaques du monstre ne peuvent plus me toucher... mais je ne peux plus l'attaquer. Bah. Il peut toujours m'oublier et aller détruire la ville à la place, ça ne me dérange pas.

Et

Le

Son

Revient.

Bordel.

Je tombe, me serre les oreilles jusqu'à en saigner, et hurle. Il n'a jamais été aussi fort. Il n'a jamais fait aussi mal. J'ai l'impression qu'on me tranche les nerfs, qu'on ouvre mon crâne à coup de tronçonneuse. Qu'un marteau frappe mon visage, que mon cerveau est tiré jusqu'à la lune.

C'est là que je comprends. Ce monstre doit être la chose qui me cause ces maux de têtes.

Je vois.

En plus, ce monstre est terriblement moche - il pourrait presque battre mon grand-père à ce niveau. Je crois que c'est un poulpe, mais il a l'air vachement défiguré (il le mérite). Il a un oeil énorme, et mon instinct guidé par mon expérience aux jeux vidéos me dit que c'est son point faible.

Je retourne chercher le fusil, tout en activant mon pouvoir de temps en temps pour éviter les attaques, et me mets à tirer. Une partie du plafond tombe, m'obligeant à l'esquiver. J'essaye de tirer à nouveau, mais il n'y a plus de balle, alors je laisse tomber le fusil.

Je pourrais toujours fuire... mais je veux que cette saleté de poulpe paille pour ses méfaits. Donc il faut que je trouve une solution.

Le plafond frétille toujours. Si je me positionne bien...

J'ai de grands risques de mourir si je tente ce dont j'ai l'idée. Je pourrais me faire aplatir comme une crêpe.

...

Ce ne serait pas une très grande perte.

Je me positionne en dessous d'un des principaux foyers de tremblements. Le poulpe me regarde, tourne, et attaque. Je l'esquive juste à temps. Il frappe la faille, ce qui la fait grandir... et fait tomber des grosses plaques. Je pars en courant du tunnel, en attrapant le fusil au passage comme souvenir, et sors une seconde avant que le fin du tunnel m'écrase.

Je tremble, heureux, et après quelques minutes, me retourne pour voir comment a fini l'éboulement. Le poulpe n'est pas en vue.

Bon. Tant pis. J'ai fais assez pour ce soir, je peux rentrer chez moi tranquil.


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