🐺2. Red eye🐺

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Je croise les bras sur ma poitrine.

- Vous pensez vraiment que je suis stupide ? je demande. Vous croyez que je vais monter dans la voiture d'une inconnue sur la simple phrase : le roi vous convoque ?

- Je n'ai pas dit que c'était une convocation.

- Ne jouons pas sur les mots. Pourquoi je vous croirais ? Si ça se trouve, vous êtes une détraquée ! Vous en savez assez sur moi pour que je vous considère comme une harceleuse qui se renseigne à mon sujet depuis des semaines.

- Madame !

- Sortez ! Sinon j'appelle la police.

Elle ricane.

- La police ne lèvera pas le petit doigt contre la garde royale.

- Oui... mais ça c'est votre version, je plisse les yeux. Quelle preuve ai-je que vous en fassiez partie ?

Elle plonge sa main dans sa veste et je recule d'instinct pensant à une arme. Mais c'est une enveloppe avec le cachet royal qu'elle me tend.

- Madame, je vous demande de bien vouloir répondre à cette invitation. Comme je vous l'ai dit, ce n'est pas une convocation.

J'ouvre de grands yeux. Le cachet semble absolument légitime. Je veux dire : seul la famille royale a le droit de posséder un tel cachet représentant un loup de profil. Le dupliquer ou le voler est passible de peine de mort dans le royaume. Et puis, qui cachete à la cire noire une invitation de nos jours ? Un email, c'est plus commun.

Mais... pourquoi le roi inviterait une fille du peuple à la Cour d'Argent ? C'est louche. Je grimace. C'est une arnaque.

Je rends l'enveloppe à la femme:

- Si c'est une invitation, je dis non.

- Je me vois dans l'obligation d'insister.

Je pose un coude sur le comptoir pour lui montrer que je ne suis pas impressionner et m'évente avec l'enveloppe.

- Ceci, dis-je en désignant l'enveloppe du menton, est une invitation et pas une convocation. Correct ?

- Correct.

- Je peux donc la décliner !

Je fais glisser l'enveloppe que le comptoir et souris avec toute l'assurance que je peux.

- Bonne soirée et adieux !

- Madame, j'ai ordre de vous accompagner. Si vous ne souhaitez pas participer au bal de Décembre, ce qui serait une insulte envers notre souverain, je vous demanderai de bien vouloir déclinez officiellement.

- C'est officiel. Bonsoir !

Le bal de Décembre ? Alors là, c'est la meilleure de l'année. Même moi, je regarde le bal à la télévision. D'ailleurs tout le royaume regarde l'événement. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas un chat dans les rues ce soir. La noblesse de Paradam est à la fête, les familles sont déjà en train de profiter de leur soirée après un repas de fêtes et la presse couvre la soirée en mode stars sur tapis rouge. Il n'y a que moi qui bosse ! Ce n'est pas comme si, moi, j'avais de la famille en ville...

- Vous ne pouvez pas, réplique la fausse garde du corps. Ce serait impensable.

- Si c'était vrai, je suppose que oui. Je ne suis pas crédule et votre baratin ne m'impressionne pas (je déchire la fausse invitation). Sortez, c'est mon dernier avertissement.

- Je me vois dans l'obligation d'insister.

- J'appelle la police ! je sors mon téléphone de mon tablier de serveuse.

La porte d'entrée s'ouvre soudain, laissant s'engouffrer le vent d'hiver et quelques flocons. Une silhouette immense, avec un costume militaire d'apparat bleu nuit, pénètre dans le petit café.

- Qu'est-ce qui prend autant de temps ? tonne une voix grave.

Je ravale ma salive à la vue des nombreuses médailles sur le torse de cet homme. La balafre qui court de son front à sa joue gauche, traversant son œil en diagonale, est connu de tous.

Dreck, le capitaine de la garde royale est ici. Face à moi.

Je cligne des yeux. C'est comme si une rock star venait de surgir de ma caisse enregistreuse. Improbable ! Impossible !

- Nous allons être en retard ! gronde le capitaine.

- Madame décline l'invitation, répond la femme.

Dreck me fixe de toute sa hauteur. Il doit avoisiner les deux mètres. Je n'ose rien dire, mon regard continue à chercher des caméras cachées, juste pour être sûre.

- Rina Deriviera ? il s'adresse à moi.

- C'est bien elle, confirme la femme.

Bah ouais... c'est moi, mais...
Hum, c'est peut-être son sosie ? Je veux dire, ce serait plus logique que tout ce délire.

- Veuillez me suivre.

- Non ! je sers les poings. Je dois fermer le café et j'ai des choses prévues ce soir. Donc vous avez peut-être le temps de vous amuser, mais moi pas !

- Vous refusez un ordre du souverain ?

- C'était une invitation, il y a encore quelques instants ! Et j'ai dit : non !

Le faux capitaine s'avance vers moi, jusqu'au comptoir, seul rempart entre nous. Ses épaules larges et son regard marron sont impressionnants, mais je ne bouge pas. Sa cicatrice est hyper bien imitée !

Son œil gauche devient soudain rouge. Je peux voir le magenta de sa prunelle. C'est... c'est le vrai ! Un léger tremblement me saisit. J'ai froid. Très froid. Je me frotte le bras par instinct. Impossible pourtant de briser le contact visuel. Rien ne bouge. J'ai de plus en plus froid. J'ai du mal à bouger. Ma main ne frotte pas aussi vite que je le voudrais. Les ombres écarlates dans l'œil du capitaine dansent avec des éclats irréels.

- Arrêtez ! je murmure alors que la nausée me prend. Je ne sais pas ce que vous faites, je n'aime pas ça !

- Ce que je fais ? il ne bouge pas.

- Me donnez des frissons avec votre pouvoir. C'est ridicule.

- Des frissons ? répète la femme à ses côtés.

- Intéressant, il hausse un sourcil et son œil reprend une teinte marron. C'est donc bien vous...

C'est donc le vrai capitaine, me dis-je en même temps. Celui à l'iris pourpre. Je ne peux pas le nier : le capitaine de la garde royale est ici. Et... (je fixe l'invitation déchirée) je viens de refuser une invitation royale. Je passe une main sur ma gorge. On ne refuse pas une invitation royale. Une vraie. Le souverain n'a pas une personnalité patiente, c'est bien connu.

- Nous nous occuperons de la fermeture, Madame. Maintenant, il m'indique la porte, je vous prie de bien vouloir me suivre au Palais. Le temps nous est compté.

- Je...

- S'il vous plaît !

Jamais un s'il-vous-plaît ne m'a autant paru impératif.

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Rdv vite pour la suite ! 😉🐺❤️

The Wolves Court (En pause)Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin