The Wolves Court (En pause)

🐺 6. Monsieur ? 🐺

L'inconnu m'oriente vers le Nord. Nous laissons les gardes derrière nous. Je n'ose même pas me retourner, quand je sens le regard furieux du capitaine dans mon dos. Ma main tente de frotter mon bras pour me réchauffer, mais mon hôte m'attrape le poignet.

Je sursaute, faisant un pas sur le côté. Sa main chaude emprisonne toujours mon poignet, m'empêchant d'aller plus loin. Son visage se penche vers le mien, ses yeux sont plus marron que dorés à présent. Quelques flocons de neige tombent entre nous.

- Vous tremblez.

- J'ai froid, m'entends-je répondre avant qu'un frisson ne parcoure mon échine.

Il hoche la tête et nous dirige vers un tronc d'arbre et creux d'où il extirpe un manteau en laine noire, dont il me couvre. La chaleur que je ressens est immédiate. Le manteau sent le bois et la cannelle. Comme lui. Tout mon corps est recouvert par l'épais tissu. Seul mon poignet nu reste au creux sa main.

- Et vous ? Vous n'avez pas froid.

Il hausse les épaules comme si ma remarque était stupide. Il est quand même torse nu et il neige!

- Il faut vous soigner, dit-il en regardant ma main.

C'est à ce moment, que je me rends compte que la tranche de ma main, sous l'auriculaire, saigne encore. J'ai dû me blesser lorsque j'ai brisé la vitre.

J'ai brisé une fenêtre à mains nues !

Moi, qui ne suis même pas capable de porter mes courses jusqu'à ma chambre de bonne sous les combles sans souffler comme un bœuf et transpirer dans les escaliers, je viens de... briser une vitre, sauter du deuxième étage, atterrir sans me briser une jambe et traverser la forêt en courant ! Moi qui suis nulle en sport ! Impossible !

J'ai même pensé à sauter dans un lac pour le traverser. En plein hiver ! L'hypothermie était certaine. Cela ne m'a même pas effleuré l'esprit.

Je secoue mes boucles brunes, lorsque nous pénétrons dans ce qui ressemble à un jardin d'aromates. La neige recouvre les feuilles et la terre sombre. L'homme me tient encore par le poignet.  Nous montons quelques marches d'une maison qui ressemble a une chaumière et il ouvre la porte sans même s'annoncer.

Une dame avec un chignon et des yeux perçant apparaît aussitôt.

- Déjà de retour, Monsieur ? s'étonne-t-elle. Nous avons une invitée ?

- Morgane, voici...

Il se tourne vers moi, attendant que je complète.

- Irina, dis-je d'un hochement de tête.

- Irina, il sourit comme s'il goûtait mon prénom. Irina sera ma cavalière, ce soir. Apporte la trousse à pharmacie, fais couler un bain et demande une robe à ma jolie sœur.

- Votre...

- Elle en a plein ! Dis-lui que ce sera mon cadeau en avance pour la pleine lune de fin d'année. Je ne peux pas laisser ma cavalière venir au bal avec des baskets pleines de boue et un jean trempé.

Morgane hausse un sourcil et me détaille de la tête aux pieds.
- Certes, répond-elle froidement avant de disparaître par une porte latérale.

- Quant à vous, il me pousse vers le feu qui crépite dans l'âtre d'une belle cheminée, vous allez m'expliquer pourquoi vous avez l'honneur d'intéresser le capitaine de la garde royale.

- Et vous, je plisse les yeux, qui êtes-vous ?

- Le capitaine m'a déjà présenté, non ?

- Non, je m'assieds sur un coussin, à même un tapis bordeau. Il a juste dit « Monsieur ».