Chapitre 18

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Mon lieu de travail est en feu.

En feu.

Alors... quelqu'un doit savoir qui je suis. Quelqu'un doit savoir que je suis Midas, et m'en vouloir.

...Mince. Je suis dans la mouise.

N'empêche, mieux vaut donner une bonne correction à cet intrus tant qu'il en est encore temps, qu'il paye pour ses péchés. Mais d'abord, il faut que j'aille chercher mon costume. Hors de question de révéler ma vraie identité !

Je pédale à toute vitesse dans les rues vides. Mes jambes vont de haut en bas tandis que le vent frémit. Si seulement j'avais une chanson motivante pour m'encourager...

J'arrive devant chez moi, essoufflé, et laisse mon vélo dans la cage d'escalier. Je cours le long des marches et pousse la porte. Je saute à terre, m'empare de mon costume et le mets dans un temps record.Puis, je suis mon chemin traditionnel : je me laisse tomber tout en bas et cours vers l'incendie, les jambes en compotes.

En levant la tête vers le ciel, je remarque que je ne suis pas le seul à m'y rendre. Tant mieux, je vais pouvoir péter la figure à ces abrutis de super-héros ! Haha.

Les murs de mon entreprise s'élancent devant moi, dévastés par les flammes et les explosions. De la suie s'en dégage. Je trouve ça assez marrant, sans savoir pourquoi.

J'active mon intangibilité, passe à travers le bâtiment, la désactive et... Wow, ça pue ici. Je toussote. Ewwww.

Cet endroit est pire que chez la maison de mon grand-père ! En plus, avec l'incendie, il y fait une chaleur insoutenable ! Je transpire déjà...

Je tourne la tête et observe les environs. Je suis dans l'entrée - du moins ce qu'il en reste. Le plafond est constellé de failles et de trous, et de légères parties ne cessent de tomber. Les murs sont rouges, oranges et cramoisis, et s'écroulent. Je n'ai pas beaucoup de temps.

Je monte vers le premier étage, une profonde extase dans l'âme. Et là, je bouscule quelqu'un.

-AAAAH ! je crie.

La personne me fait signe de me taire. Elle, ou il, porte un costume gris et noir qui camoufle l'entierté de son corps, si ce n'est quelques parties arrachées, qui saignent abondément. Allongé par terre, on dirait qu'il tente de se cacher de quelque chose.

-Qu'est-ce qui se passe ? je chuchote.

-On a mit le feu... murmure la personne, la voix tremblante. Mais... je...

Mon interlocuteur semblait sur le point de fondre en larmes. Inquiet, je me retourne, et mon cœur manque un battement. Le corps d'une personne portant la même tenue est enfoncé dans le plafond, tête vers le bas, de sorte qu'on ne voit rien au-delà du bas de son dos. Elle est morte. Je frissonne.

-Qui a fait ça ?

Des pas rapides résonnent dans le bâtiment tout entier, rappelant ceux d'un homme d'affaires pressé. Mais ce n'est pas ça qui me choque, au contraire. Les pas sont accompagnés d'une musique étrange, plus violente encore que du death metal, un peu comme les musiques de boss dans les jeux vidéos. De plus en plus fort, le son s'amplifie sans explication. Par instinct, je me cache à côté de mon interlocuteur, qui semble avoir du mal à respirer.

À cause du feu, je n'arrive pas tout de suite à voir l'ennemi qui arrive. Alors, la première chose que je remarque, c'est le fait qu'il ne s'arrête pas une seule seconde, même en traversant les flammes. Puis, mon regard se pose à nouveau sur le mort, enfoncé au plafond. Des morceaux de verres, que je n'avais pas remarqué jusqu'à alors, l'entourent par centaines.

Guide du super-vilain renommé [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant