🐺 9. La prétendante 🐺

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À bord de la voiture tout-terrain qui traverse la forêt, je ne vois rien par la fenêtre à part mon reflet dans les vitres. Mes yeux marrons inquiets scrutent le moindre indice me permettant de me situer : peine perdue. La lune est derrière nous et les phares n'éclairent que les troncs d'arbres et la route de gravier. Ce n'est pas le chemin que j'ai emprunté, de toute évidence. De toute façon, j'ai couru à l'aveugle, par pur instinct jusqu'à être bloquée par le lac. Je serai incapable de faire le chemin inverse, même si je le voulais.

« Nous faisons un détour, les véhicules ne peuvent pas traverser le bois sans abîmer la végétation, me précise Monsieur. D'habitude, je me rends au château à cheval, mais j'ai préféré vous éviter d'attraper froid sous la neige. Même si, d'après ce que j'ai pu observer, vous aimez courir seule et sans manteau dans la nature.

Je lève mes yeux vers lui :

- Et de nuit, je complète. N'oubliez pas : de nuit. C'est plus romantique.

Je reste sur mes gardes, utilisant l'humour pour paraître sûre de moi. Ses lèvres ont un frémissement. Il se retient de sourire devant mon calme apparent (uniquement apparent, je précise).

- N'avez-vous pas peur de moi, jeune fille ?

Il porte un veston noir, une chemise assortie avec un col mao d'où ressort un léger rectangle horizontal blanc. C'est presque un look de prêtre.

- Devrais-je ? Le capitaine est beaucoup plus effrayant, si vous voulez mon avis.

Je fais un vague geste de la main vers la portière. Autour de la voiture, le balafré et ses hommes nous escortent en moto. Dans un autre contexte, j'aurai trouvé extraordinaire de faire partie d'un tel cortège et d'être traitée comme une VIP, mais là... je me sens cernée.

- Savez-vous quel est l'intérêt d'avoir un véhicule blindé conduit pas mon propre chauffeur ? Il se penche vers moi, sur la banquette que nous partageons et son parfum de santal et de cèdre me procure un sentiment étrange d'apaisement. C'est qu'il est insonorisé : personne ne pourra nous entendre, ajoute-t-il. Si maintenant, vous me disiez pourquoi la garde vous poursuit. Êtes-vous une invitée spéciale ? La prétendante du prince, peut-être ?

- La... prétendante ? j'éclate de rire devant l'absurdité d'une telle hypothèse.

Je suis une prisonnière en fuite ! Mais je ne peux le lui dire.

- Pensez-vous vraiment qu'une humaine serait en mesure de prétendre au rôle de fiancée du prince ? Je ne fais même pas partie de l'élite, je ne suis pas membre des Raven. Non, je ne suis personne. Vraiment personne...

- Vous êtes une personne qu'il me plairait de connaitre d'avantage, n'en doutez pas. Rares sont les individus capables de traverser une forêt sans se perdre pour finir par vouloir se jeter dans un lac sacré en plein hiver.

- Vous étiez vous-mêmes à moitié nu près de ce lac, je vous signale ! Lequel est le plus intéressant à connaître ?

Nos regards se croisent, je soutiens le sien sans ciller.

- Et plus rares encore, sont les individus qui me répondent sur ce ton, restent en vie et se rendent au bal de fin d'année à mon bras.

OK, ce type est gonflé d'orgueil.

- Vous m'en voyez flattée ! je réponds en croisant les bras, me décalant loin de lui.

J'essaie de respirer calmement. Il avait deviné mes mensonges aux battements trop rapides de mon cœur, le peut-il quand il ne me touche pas ? Le souvenir de ses mains chaudes sur mes poignets et de son corps sur le mien me fait soudain monter le rouge aux joues ! Je secoue mon visage, mes boucles chocolat frôlent ma peau.

- Vous êtes très divertissante, Irina.

Mes proches m'appellent Rina, mais il n'en fera jamais partie. Dans sa bouche, mon banal prénom a des accents de pays lointain et fabuleux. Je baisse les yeux sur ma main qu'il a guérit de son souffle chaud. Je ne dois pas oublier : il est un Loup. Pire encore : il est le frère cadet du roi.

- Vous avez parlé d'une prétendante au prince, dis-je pour détourner son attention. Le prince n'est-il pas un peu jeune ?

D'après ce que je sais, l'héritier de la Cour d'Argent n'est même pas majeur. Je trouve un peu prématuré de vouloir le marier, mais je ne connais pas les coutumes de la Cour.

Monsieur arque un sourcil en me dévisageant, perplexe.

- Je ne parlais pas de ce prince, là.

- Mais... combien de princes avez-vous ?

Il me semblait que les souverains n'avaient eu qu'un fils.

- Je parlais du Prince déchu.

- Déchu ?

- Irina, vous ne savez donc rien...

- Je...

Ma phrase est interrompue lorsque le véhicule freine devant les portes du château. La portière s'ouvre et le capitaine de la garde se dresse devant moi. Sa main se tend pour m'aider à sortir. J'ai un mouvement de panique et je regarde en arrière vers mon hôte. Il se contente de sourire paisiblement :

- Ce bal s'annonce prometteur, me nargue-t-il.

Oh misère...

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Un chapitre un peu court, sorry !
On se retrouve vite pour la suite.

Si tu ne me connais pas, je suis spécialisée en contes de fées révisités que j'ai nommés New Fairies. Cette histoire en fait partie et tu trouveras plein d'autres histoires sur mon compte Wattpad.

As-tu deviné de quel conte je me suis inspirée pour Faking Royal ?

Rdv vous très vite !

The Wolves Court (En pause)Where stories live. Discover now