🐺 11. Zander 🐺

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Comme une ampoule qui clignoterait puis abandonnerait la lutte, quelque chose s'éteint en moi.

J'ai du mal à respirer et j'ai envie de pleurer.
Fixement, mes yeux restent rivés sur l'insigne des Raven cousue sur l'épaule de sa veste noire, à défaut de pouvoir regarder Jon dans les yeux.

- Lex, tu te souviens de Zander, indique la Reine.

J'ai le cœur au bord des lèvres. Jon... s'appelle donc Zander. C'est un Raven ! Je me souviens à présent du jour où j'avais été agressée par un groupe de Raven en devenir à la fac et comment, sans un mot, Jon les avait fait fuir. L'avaient-ils reconnus comme un des leurs ? Logique.

- Zander...
Monsieur semble chercher dans ses souvenirs.

- Je suis le représentant des Raven sur la capitale. Section de la sécurité interne.

Je déglutis les restes de mon gâteau. La sécurité interne est la police des Loups, elle comprend en outre les services secrets et l'anti-terrorisme.

- Un Raven à connaître donc, s'amuse Monsieur. Comment se passe notre sécurité royale ?

- Bien, Monsieur, répond le faux Jon. Je rentre d'une mission sous couverture et je peux vous assurer que tout est sous contrôle.

- Avez-vous appréhender ceux qui posaient soucis ?

- Oui, vous pouvez profiter de votre soirée.

- Lex, je m'ennuie à mourir, soupire la reine. Invite-moi donc à danser !

La reine lui tend la main, ce qui ressemble plus à un ordre qu'à une invitation.

Et je m'y connais en invitation-convocation difficilement refusable. Pourtant, il hésite à me laisser seule.

- Ma cavalière ne...

- Je m'occupe de lui tenir compagnie, intervient le faux-Jon-mais-vrai-Zander-espion-Raven.

Ben, tiens ! Hourra !

La reine rejoint le bal avec mon cavalier et je reste là, plantée près de celui que je croyais être mon ami. Un homme à la solde des Loups, un membre de l'élite humaine soumise à l'oppresseur.

Les jupons de la robe de la souveraine sont d'une soie fine et brillante, je reste fascinée par sa grâce dans la danse. Ses tresses longues descendent dans le creux de son dos et semblent se perdre dans les perles et les pierres précieuses du corset. Mon cavalier lui chuchote quelque chose qui la fait rire. C'est comme regarder un spectacle ou un film à la télévision. Tout est trop beau et parfait. Un endroit où je n'ai pas ma place. Les autres danseurs les entourent  et je perds de vue le couple. Parfois, Ils réapparaissent entre les plumes des coiffures complexe des dames de la Cour et les épaulettes dorées des costumes d'apparat. Dans ces brefs instants, j'ai l'impression que Monsieur me jette des regards furtifs.

Jon se dresse face à moi, me privant du spectacle.
Je le hais !
Je pivote sur moi-même, lui tournant le dos et reprends ma contemplation silencieuse du buffet. J'ai l'estomac qui se contracte et le goût amer de la trahison tapisse mon palais. Comment ai-je pu être si naïve ? Comment pourrais-je jamais faire confiance à qui que ce soit.

Je rêvais d'être autrice. Est-ce qu'il s'est moqué de moi en disant que c'était une ambition légitime, alors qu'il sait que les humains sont peu enclins à être publiés s'ils n'ont pas l'aval des Loups, s'ils ne font pas l'apologie du royaume ? Je voulais écrire pour les enfants, pour les jeunes adultes. Je rêvais d'inventer mes propres univers. Jon avait trouvé cela génial. On en avait parlé, tous les deux accroupis au milieu de la bibliothèque universitaire entre deux rayons.

Je fixe ce drôle de fruit rose sombre avec des petits pics sur la peau. Je l'attrape et le fait tourner entre mes doigts. C'est dur et sec. Qu'est-ce que c'est ?

- Un litchi, dit doucement le faux Jon.

Je sursaute au son de sa voix.
Je hoche la tête, sans répondre. Drôle de nom...

Il est juste à côté de moi, face à l'opulence des mets et des plats qui s'alignent comme autant de trésors incroyables.

- La peau s'enlève comme la coque d'un œuf dur, la chaire est blanche et juteuse.

- Tiens, des informations, dis-je. Des vraies ?

Je lève les yeux vers lui et le toise avec mépris. Il y a encore quelques heures, je me suis inquiétée pour lui en le voyant au plus mal, escorté par des gardes. Et maintenant, il est ici, fier comme un paon ou plutôt...un corbeau.

- Rina, je suis désolé. Je ne pouvais pas t'informer de mon identité.

- Mais jouer avec mes sentiments, ça ne te posait pas de problème ?

- J'étais en mission.

- Pour faire quoi ?

- Tu n'es pas habilitée à le savoir.

- Bien sûr ! Moi, je suis la fille qui croyait avoir un ami ! Toi, tu n'es qu'un espion qui s'amuse avec la populace ignorante. Retourne à tes missions, je me contenterai des litchis ! Si c'est vraiment le nom de ce fruit. Après tout, que croire venant de toi ?

Sa main se pose sur mon avant bras et il se penche doucement. Ses lèvres sont si proches de ma joue que je sens la chaleur de ses mots me chatouiller la peau :

- Je ne voulais pas te mettre en danger mais je devais savoir qui tu étais. Me rapprocher de toi ainsi n'avait pas pour but de te faire de la peine. Je voulais juste te protéger.

- De quoi ?

Nos regards s'entrechoquent alors que j'élève la voix. Ses prunelle verte brillent sous les lustres de cristal. Les mèches chocolat tombent sur ses sourcils qui se froncent.

- D'autres te cherchaient. Je devais vérifier que tu étais la bonne.

- La bonne quoi ? La bonne poire qui goberait tes mensonges ?

Ses lèvres pleines s'ouvrent et je m'accroche au semblant de réponse qu'il pourrait me fournir.

- Rina, tu dois absolument...

- Le roi ! Annonce une voix forte et toute l'assemblée se tait et s'incline en une profonde révérence.

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On se retrouve dès que possible 😉❤️
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The Wolves Court (En pause)Where stories live. Discover now